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  • Festival de Locarno: "Sauvages", l'irrésistible petit monde magique de Claude Barras.

    Il nous avait séduit et ému aux larrnes avec Ma vie de Courgette il y a huit ans déjà, il nous captive à nouveau avec Sauvages en mettant en scène Kéria une petite fille qui lutte contre le massacre d’une forêt tropicale ancestrale à Borné. par d’infâmes individus uniquement préoccupés à se remplir les poches.

    La gamine recueille Oshi un bébé singe craquant, orphelin comme elle, dans la plantation de palmiers à huile où travaille son père. Dans la foulée, son jeune cousin Selaï vient se réfugier chez eux pour échapper au conflit qui oppose sa famille aux compagnies forestières. Ensemble, Kéria, Selaï et Oshi vont affronter l'ennemi en bravant tous les obstacles. .

    En s’initiant au militantisme écologiste, Kéria découvre un secret que lui a caché son père, craignant de la voir tomber dans l’engagement radical qui a coûté la vie à sa mère. Avec ce double récit initiatique, Claude Barras veut alerter le jeune public (mais pas que) en le sensibilisant aux dangers et aux horreurs que l’on fait courir à la planète. Susciter chez lui de l’espoir et lui montrant que la résistance n’est pas forcément vouée à l’échec. En évitant le rabâchage pénible, l’infantilisation débile et le moralisme stérile.  

    Dans cette fable écologique poétique, magique, petit chef d’œuvre d’animation visuellement grandiose, réalisé avec un souci du détail impressionnant, Claude Barras n’élude pas la violence et la mort qui rôdent autour de ses irrésistibles et adorables  marionnettes aux yeux immenses. A commencer par Kéria, jeune héroïne impertinente, déterminée et courageuse, qui nous laisse découvrir une jungle foisonnante à la fascinante  beauté menacée.

    "Green line", un documentaire édifiant et passionnant

    Autres figurines, autre propos dans Green Line de Sylvie Ballyot. La réalisatrice française revient sur les terribles blessures de la guerre civile qui a ensanglanté le Liban de 1975 à 1990. C’est juste avant le début du conflit qu’est née Fida Bizri dans un Beyrouth séparé par une ligne verte. 

    De part et d’autre deux camps irréconciliables, l’un pro-palestinien, l’autre pro-israélien. Au milieu une  population tentant de survivre sous les bombes, plongée dans cet enfer rouge, dont parlait la grand-mère de  Fida, souffrant surtout de devoir enjamber les cadavres jonchant le sol pour aller à l’école.. 

    Aujourd’hui, Fida analyse, cherche à comprendre se pose et pose des questions. À travers un dispositif original et éloquent composé de maquettes et de figurines miniatures, elle va à la rencontre d’ ex-miliciens de son enfance à Beyrouth Ouest. Et confronte sa vision avec celle de ces hommes qui prétendaient la protéger, mais qu’elle redoutait tant. 

    En invitant Fida à revisiter son passé. Sylvie Ballyot nous livre, sans jugement, une vision universelle de la guerre. Ce  premier film a de grandes chances de figurer au palmarès. Voire plus, si on considère ce qui  se passe aujourd’hui dans la région. 

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  • Festival de Locarno: thriller politique et familial, "Les graines du figuier sauvage" fait l'événement sur la Piazza Grande

    Condamné à huit ans de prison début mai dernier, le réalisateur Mohammad Rasoulof avait fui son pays quelque temps auparavant de manière à pouvoir présenter en personne  son film à Cannes. Vu l’accueil  délirant reçu,  la voie semblait toute tracée vers une Palme d’or. Mais l’Iranien a dû se contenter d’un Prix Spécial du jury. La concurrence étant moins rude, The Seeds Of The Sacred Fig,(Les graines du figuier sauvage)  projeté sur la Piazza Grande, a naturellement fait l’événement à Locarno.

    Tourné clandestinement, entrecoupé d’images réelles de manifestation et de violences policières, le film fait écho à "Femme, Vie, Liberté", large mouvement anti régime qui a culminé à la fin 2022, suite à la mort de la jeune Mahsa Amini. Avec un art consommé du récit, l’auteur propose un thriller politique et familial, où il se livre à une charge contre le régime. 

    Une inquiétante promotion

    L’histoire est simple, Marié ä Najmeh et père de deux filles étudiantes, Rezvan et Sana, Iman est nommé juge d’instruction au tribunal révolutionnaire de Téhéran, alors que le pays est secoué par une vaste contestation populaire. La promotion inquiète sa famille, qui se sent en danger.. Vite désabusé, complètement dépassé par les événements, Iman décide de se conformer à l’absurdité, aux injustices et à la cruauté du système. Il approuve des condamnations à mort à la chaîne, sans se préoccuper de preuves.  

    L’Etat lui remet un pistolet qu’il range chez lui et qui, un jour, disparaît mystérieusement. Envahi par la méfiance et la paranoïa avec la vie qu’il est obligé de mener, Iman soupçonne sa femme, ainsi que ses filles (qui  contrairement à leur mère) n’hésitent pas à soutenir le mouvement, de l’avoir pris. On arrive ainsi dans une dernière partie construite à la fois comme un film de genre et une métaphore d’un régime au bord de la chute. Imaginant que des opposants le traquent, il décide d’emmener Najmeh, Rezvan et Sana à la campagne dans une maison isolée, pour leur faire avouer le vol de son arme. Il n’y parviendra pas, ce qui provoque un final assez extravagant…. 

    L'idée du film née en prison

    Lors de sa conférence de presse où il a évidemment été très chaleureusement et longuement applaudi, le réalisateur a raconté que son film a commencé quand il était en prison avec Jafar Panahi, autre cinéaste. « On essayait de voir ce qui se passait dans la rue. A ma sortie, j’ai fait beaucoup de recherches, pour en savoir le plus possible ». 

    Par la suite Rosoulof précise que l’idée lui est venue lors d’une rencontre alors qu’il aidait  un co-détenu en grève de la faim. «Un gardien est venu vérifier sa santé. Puis il s’est approché de moi et m’a donné un stylo. Au début je n’avais pas confiance. On a parlé quelques minutes et il m’a dit qu’il regardait toutes les portes de la prison pour savoir où il allait se pendre. Toute sa famille lui demandait pourquoi il faisait un travail aussi horrible».

    Il ajoute: «Il  s’est passé beaucoup de choses depuis ma sortie de prison, Je devais absolument commencer mon film  car je savais que je devrai retourner bientôt. Donc j’avais très peu de temps et le tournage a été extrêmement compliqué. J’ai réuni des personnes qui pensent comme moi, sans se soucier de la censure. 

    Mohammad Rosoulof ne cache toutefois pas que demeuraient la peur, la tension, les incertitudes,,  qui se retrouvent toutes dans l‘œuvre.. «En  même temps, il n’était pas question que je la raccourcisse., que je la change à cause de la pression. Je devais montrer toute cette réalité. Avec tout ce que je voulais, toutes les émotions. Et j'ai réussi, en  dépit des limites, pas assez de lumière, d’acteurs, de matériel".  
     
    En plus, la postproduction avait àpeine débuté, quand l'auteur apprend qu'il  était condamné à huit ans. "Je n’avais plus le choix. Je suis parti car je voulais continuer à faire du cinéma. J’ai la chance d’avoir des collaborateurs extrêmement courageux, une équipe absolument fantastique à qui j’ai demandé de terminer le film."

    On aura l’occasion d’en reparler lors de sa sortie dans les salles romande dès le 16 septembre prochain. 

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  • Festival de Locarno: la compétition s'anime avec la Suisse et l'Autriche

    A mi-chemin du festival ou presque, jetons un regard sur la compétition où suite à un décollage laborieux poussant à la sieste,  il y a heureusement du mieux.  Comme par exemple Le moineau dans la cheminée du Suisse Ramon Zùrcher, métaphore d’un drame réaliste à tendance horrifique dans une famille dysfonctionnelle.  S’y entretiennent des relations toxiques dans une sorte de chaos où règne la violence. .      

    Dans la maison familiale de Karen, un endroit paradisiaque à la campagne, vivent cette dernière, Markus et leurs enfants. Pour l’anniversaire de Markus, Jule la sœur de Karen, son antithèse, arrive avec sa petite tribu. Des souvenirs de leur mère décédée, hantant les murs tel un fantôme, renforcent chez Jule l’envie de se dresser contre Karen, chez qui la tension ne cesse de monter. Jusqu’à l’explosion. Le film est notamment porté de bout en bout par la talentueuse Maren Eggert, (photo) qui incarne une Karen voûtée, de mauvaise humeur, errant un peu partout dans la maison comme une âme en peine, en proie à quelques pulsions érotiques. 

    Comme pour lui répondre le film lithuanien Seses de Laurynas Bareisas met légalement en scène deux sœurs, qui se retrouvent elles aussi à la campagne pour un week-end  en famille qui se termine par une tragédie. Mais le scénario est trop bancal pour qu’on s’y arrête. 

    Trois sœurs en cage

    En revanche, on a aimé Mond, de l’Autrichienne Kurdwin Ayub. Il s’intéresse à Sarah, une ancienne professionnelle d’arts martiaux qui vient de livrer son dernier combat et qui cherche du boulot. Elle en trouve un qiu la mène jusqu’en Jordanie, où elle doit entraîner trois filles d’une richissime famille. Mais elle ne tarde pas à déchanter, vu la tournure étrange que prend ce soi-disant job de rêve.

    Sous constante surveillance, les trois sœurs (encore !) sont coupées du monde extérieur. En cage, la plupart du temps,  à part une balade occasionnelle au centre commercial. Par ailleurs, elles ne paraissent pas s’intéresser particulièrement au sport. Sarah commence à se poser des questions. Un film sobre, subtil, bien mené, bien tenu, bien interprété. 

    Lien permanent Catégories : La griffe du léopard 0 commentaire 0 commentaire