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  • Alain Delon, la mort d'une légende, un félin à la beauté fatale

    Géant, icône, monument, étoile, mythe, monstre du cinéma français. Les superlatifs se multiplient dans les innombrables hommages du monde entier qui se succèdent après la mort d’Alain Delon, à 88 ans dans sa maison de Douchy, dimanche 18 août, à 3 heures du matin. 

    Le décès du "dieu" au crépuscule douloureux et attristant, a été annoncé par ses enfants Anthony, Anouchka et Fabien qui se déchiraient par médias et justice interposés sur l’état de santé de leur père, victime d'un lymphome. La star avait fait partout la Une en 2003,  lorsque ces derniers, soupçonnant un abus de faiblesse, avaient porté plainte contre Hiromi Rollin, sa dame de compagnie, passant parfois pour sa compagne. 

    Perdant de son aura, ratant quelques virages, pratiquement retiré des plateaux depuis la fin des années 90 parce qu’il n’aimait ni ne reconnaissait plus le cinéma d’après, Alain Delon, l’apprenti charcutier voué à reprendre la boucherie familiale, laisse derrière lui une exceptionnelle carrière riche de 88 films, depuis le premier Quand la femme s’en mêle d’Yves Allégret en 1957. Il en a aussi réalisé deux, produit 32. On l’a vu dans sept téléfilms et sept pièces de théâtre. 

    Consacré par Plein Soleil

    Depuis Plein Soleil, le chef d’œuvre de René Clément qui l’a définitivement lancé en lui valant une notoriété internationale, on  lui reconnaît plus d’une douzaine de films cultes réalisés par les plus grands, dont Rocco et ses frères  et Le guépard de Luchino Visconti, L’éclipse de Michelangelo Antonioni, Le Samourai, de Jean-Pierre Melville ( qui avait notamment fait un tabac en Chine et au Japon), Monsieur Klein de Joseph Losey, La piscine ou encore Borsalino de Jacques Deray., avec son grand pote Jean-Paul Belmondo…

    «J’ai tout fait ou presque à part le Christ », disait en substance cet homme intense, tourmenté, mélancolique, sensible, dépressif, arrogant aussi, qui voulait être considéré comme un acteur et non un comédien. Un comédien joue, un acteur vit ses rôles aimait-il répéter à ses interlocuteurs.

      
    Un César et un peu d’or pour l’ensemble de sa carrière 

    Cette extraordinaire collection  ne lui a pas valu trop de récompenses. En 2019, Cannes l’avait couronné tardivement d’une Palme d’or d’honneur, « hommage posthume de mon vivant », où il avait adressé de bouleversants adieux au public. 

    Mais avant ce prix prestigieux qui avait provoqué la colère de féministes le jugeant raciste, homophobe et misogyne, le mythe n’avait pas accumulé les médailles. Un César du meilleur acteur en 1985 pour Notre histoire, de Bertrand Blier, qu’il n’est pas venu chercher, un ’Ours d’or à la Berlinale  en 1995 et le Léopard d’or au festival  de Locarno, en 2012, tous deux décernés pour l’ensemble de sa carrière 

    Difficile de parler d’Alain Delon, sans évoquer, en plus de son immense talent, sa beauté fatale, son côté félin, son regard magnétique, son charisme, sa démarche inimitable, sa façon de parler de lui à la troisième personne, son tempérament sanguin, ses coups de gueule, sa superbe confinant à la grandiloquence, ses fêlures, ses contradictions, sa fidélité à ses amis. Autant de qualités et de défauts qui ont contribué à faire de cet enfant perdu, comme l'appelle  Arielle Dombasle, un être hors du commun. Un personnage fascinant ou honni qui possédait des chevaux de course, organisait des combats de boxe, s’était retrouvé au cœur de l’affaire Markovic, du nom de son garde du corps assassiné en 1968 et dont il sortira blanchi.   

    Une vie amoureuse mouvementée

    On n’oubliera pas non plus sa vie sentimentale particulièrement mouvementée qui commence dans les années 50 et va sceller son destin. Sa compagne d’alors, Brigitte Auber, lui présente Michèle Cordoue, la femme d’Yves Allégret, qui sera aussi sa maîtresse et dont le mari lui donnera son premier rôle en 1957. . 

    En 1958, il, tombe amoureux de  Romy Schneider, rencontrée sur le tournage de Christine. L’année suivante, ils se fiancent, devenant pendant cinq ans les amants aussi glamour que terribles. Puis l’acteur quitte Romy pour Francine Canovas (devenue Nathalie Delon), son double physique, la seule qu’il épousera, en 1964. et avec qui il a un fils, Anthony, né la même année.

    Cette union entre le rire et la fureur prend fin, lorsque l'acteur rencontre Mireille Darc sur le plateau de Jeff. Une histoire romantique de 15 ans, à laquelle le couple mettra un terme, Mireille ne pouvant avoir d'enfant en raison d'une malformation cardiaque.  

    Conquêtes et liaisons se multiplient. On lui en connaît notamment avec Dalida, Nico, l’égérie du Velvet Underground, dont le fils Ari Boulogne (adopté par …la mère d’Alain et décédé en 2023) a toujours assuré être celui de l’acteur. Une paternité jamais reconnue en dépit d’une ressemblance troublante.

    Après une aventure avec Anne Parillaud, Alain Delon vit de 1980 à 2001, avec la Néerlandaise Rosalie Van Breemen. Ils ont deux enfants en 1990 et 1994, Anouchka, la favorite du père qu’il décrivait comme la «femme de sa vie» et le petit dernier, Alain-Fabien.

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  • Festival de Locarno: le film lituanien "Toxic" décroche le Léopard d'or

    C’était l’un des derniers films auquel on aurait pensé. Ce qui n’est guère étonnant, Locarno reste Locarno.. Jessica Hausner et ses quatre complices ont donc décerné le Léopard d’or à Akiplėša (Toxic) premier long métrage de la Lituanienne Saule Bliuvaite, la plus jeune cinéaste de la compétition.  

    Deux adolescentes refusant de mener la misérable vie de leurs parents rêvent de quitter leur village et s’inscrivent dans une agence de mannequins du coin. Espérant être retenues pour une éventuelle carrière à Paris ou Tokyo, elles tentent de mincir. Plus particulièrement l'une des deux, cherchant par tous les moyens à perdre des centimètres, en se forçant à vomir ou en avalant un ver solitaire.

    On sent là une petite pression de Jessica Hausner si on se réfère à son Club Zero, où une gourou bousculait les habitudes alimentaires de lycéens tombés sous son emprise…

    La Lituanie est à l'honneur, un rien immérité quand même, puisque le prix de la mise en scène est allé au compatriote de Saule Bliuvaite Laurynas Bareisa pour Seses (Drowning Dry) et le prix d’interprétation dégenré à ses quatre protagonistes féminines et masculins Gelminė Glemžaitė, Agnė Kaktaitė, Giedrius Kiela, Paulius Markevičius. 

    La comédienne sud-coréenne Kim Minhee a également été primée pour son rôle dans Suyoocheon (By The Stream) de Hong Sangsoo. 

    De son côté,  l’Autrichienne Kurdwin Ayaub  a reçu le Prix spécial du jury pour Mond, tandis que le Chinois Wang Bing recevait une mention spéciale (la moindre des choses) pour Qing Chun (Hard Times). A l’instar de l’Espagnole Mar Coli pour Salve Maria. 

    Les pépites de la Piazza et de la rétrospective

    Alors que la compétition  s’est révélée plus relevée que d’ordinaire, la Piazza Grande n'est pas en reste. On retiendra évidemment Les graines du figuier sauvage de l’Iranien Mohammad Rasoulof, mais aussi  Sauvages de Claude Barras  et surtout Rita, remarquable premier film de la réalisatrice Paz Vega.  

    Ce drame se déroule en 1984 en Espagne. Une gamine de 7ans et son frère de 6 ans vivent dans une famille modeste où leur mère, victime de la violence de son mari, cherche à divorcer, la loi le lui permettant venant d’être adoptée. Rita coche toutes les cases. Histoire intense et émouvante, mise en scène sobre, traitement subtil et interprétation impeccable. On pensait qu’il remporterait le Prix du public. Encore raté! A notre grande surprise, une de plus, c’est Reinas de Klaudia Reynicke qui l’a obtenu. À noter que l’œuvre a été retenue dans la présélection suisse pour les Oscars. 

    Enfin on n’oubliera pas la rétrospective célébrant les 100 ans de The Lady With A Torch. On a découvert des trésors dans les différents genres proposés, dont on a eu le plaisir de vous. parler tout au long de cette 77e édition.   

    Et voilà, c'est fini pour 2024. Rendez-vous l’an prochain  du 6 au 16 août.  

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  • Festival de Locarno: Wang Bing a fait l'événement en compétition. Mais qui va mettre le 77e Léopard d'or en cage?

    On avait évoqué dans une précédente chronique la possibilité pour la Française Sylvie Ballyot de triompher avec Green Line, évoquant la guerre qui avait ensanglanté le Liban de 1975 à 1990.  Mais elle n’est pas la seule à briguer la médaille, D'autant que la compétition compte deux Léopards d'or, le Chinois Wang Bing en 2017 avec Mrs Fang et le Sud-Coréen Hong Sangoo en 2015 pour Right Now, Wrong Then, Les deux hommes partent en principe favoris.

    Wang Bing a en tout cas de nouveau créé l’événement en concours avec Qing chun (Hard Times), second volet de sa trilogie Jeunesse. Rappelons qu’il s’était fait connaître en 2003 avec A l'ouest des rails, un documentaire de plus de neuf heures sur la fin du monde industriel dans son pays.  

    «La plupart des jeunes Chinois travaillent dur pour vivre», note-t-il «Les salaires sont très bas, les journées interminables et il n’y a presque plus de place pour se reposer. La société chinoise a réduit son quotidien au travail. Gagner de l’argent est devenu le seul horizon…».

    Plongée de quatre heures dans un univers impitoyable

    Restant fidèle à sa fascinante méthode d’immersion, Wang Bing nous plonge ainsi pendant  quatre heures (quasiment un court métrage pour lui…) dans l’univers impitoyable des ateliers textiles à Zhili, l'un des principaux sites du pays pour les ateliers clandestins privés, 

    Le réalisateur affiche indubitablement sa solidarité avec ces ouvriers brutalement traités. Même s’ils parviennent à se ménager quelques instants de répit, voire d’un semblant de gaieté, ils sont condamnés. à coudre et coudre encore le plus vite possible pour gagner plus. Dès le départ, Ils se battent pour une meilleure paie. Elle reste pourtant dérisoire, le patronat ne cessant de baisser les tarifs. La misère gagne. Des conflits éclatent. Après d'âpres négociations, les ouvriers rentreront chez eux pour célébrer la nouvelle année...

    Cette deuxième partie magnétique sur l’horreur du capitalisme à la chinoise sera suivie du troisième et dernier par Le retour, à la Mostra de Venise.

    Hong Sangsoo, un habitué de Locarno 

    Multiprimé à Berlin, revenu pour la quatrième fois à Locarno,  Hong Sangsoo propose cette année Suyoocheeon (By The Stream) Auteur prolifique de plus de 30 films, il est connu pour ses explorations de la vie quotidienne en Corée du Sud contemporaine. C’est aussi un spécialiste de films courts à mini-budget, se distinguant par des déambulations, des rencontres fortuites, de longues conversations, où les protagonistes, pour la plupart féminines, se retrouvent autour de repas copieux.  

    Un drame minimaliste, spécialité de l’auteur

    By the Stream reste dans cette lignée en racontant l'histoire de Jeonim, maîtresse de conférences dans une université pour femmes. Elle demande à son oncle, un acteur réalisateur inscrit sur la liste noire, de mettre en scène un sketch comme il l’avait fait dans cette même université il y a 40 ans. Tous deux sont alors involontairement mêlés à un scandale qui éclate parmi les étudiantes. 

    A son habitude, Hong Sangsoo séduit avec ce drame minimaliste, mettant en vedette des comédiennes qui apparaissent souvent chez lui, à l’image de son égérie Kim Minhee.

    Mais un autre lauréat se cache peut-être parmi les dix-sept prétendants. Car on le sait, si le critique propose , le jury dispose. Verdict samedi soir sur la Piazza Grande. 

    Lien permanent Catégories : La griffe du léopard 0 commentaire 0 commentaire