Festival de Locarno: "Sauvages", l'irrésistible petit monde magique de Claude Barras. (14/08/2024)

Il nous avait séduit et ému aux larrnes avec Ma vie de Courgette il y a huit ans déjà, il nous captive à nouveau avec Sauvages en mettant en scène Kéria une petite fille qui lutte contre le massacre d’une forêt tropicale ancestrale à Borné. par d’infâmes individus uniquement préoccupés à se remplir les poches.

La gamine recueille Oshi un bébé singe craquant, orphelin comme elle, dans la plantation de palmiers à huile où travaille son père. Dans la foulée, son jeune cousin Selaï vient se réfugier chez eux pour échapper au conflit qui oppose sa famille aux compagnies forestières. Ensemble, Kéria, Selaï et Oshi vont affronter l'ennemi en bravant tous les obstacles. .

En s’initiant au militantisme écologiste, Kéria découvre un secret que lui a caché son père, craignant de la voir tomber dans l’engagement radical qui a coûté la vie à sa mère. Avec ce double récit initiatique, Claude Barras veut alerter le jeune public (mais pas que) en le sensibilisant aux dangers et aux horreurs que l’on fait courir à la planète. Susciter chez lui de l’espoir et lui montrant que la résistance n’est pas forcément vouée à l’échec. En évitant le rabâchage pénible, l’infantilisation débile et le moralisme stérile.  

Dans cette fable écologique poétique, magique, petit chef d’œuvre d’animation visuellement grandiose, réalisé avec un souci du détail impressionnant, Claude Barras n’élude pas la violence et la mort qui rôdent autour de ses irrésistibles et adorables  marionnettes aux yeux immenses. A commencer par Kéria, jeune héroïne impertinente, déterminée et courageuse, qui nous laisse découvrir une jungle foisonnante à la fascinante  beauté menacée.

"Green line", un documentaire édifiant et passionnant

Autres figurines, autre propos dans Green Line de Sylvie Ballyot. La réalisatrice française revient sur les terribles blessures de la guerre civile qui a ensanglanté le Liban de 1975 à 1990. C’est juste avant le début du conflit qu’est née Fida Bizri dans un Beyrouth séparé par une ligne verte. 

De part et d’autre deux camps irréconciliables, l’un pro-palestinien, l’autre pro-israélien. Au milieu une  population tentant de survivre sous les bombes, plongée dans cet enfer rouge, dont parlait la grand-mère de  Fida, souffrant surtout de devoir enjamber les cadavres jonchant le sol pour aller à l’école.. 

Aujourd’hui, Fida analyse, cherche à comprendre se pose et pose des questions. À travers un dispositif original et éloquent composé de maquettes et de figurines miniatures, elle va à la rencontre d’ ex-miliciens de son enfance à Beyrouth Ouest. Et confronte sa vision avec celle de ces hommes qui prétendaient la protéger, mais qu’elle redoutait tant. 

En invitant Fida à revisiter son passé. Sylvie Ballyot nous livre, sans jugement, une vision universelle de la guerre. Ce  premier film a de grandes chances de figurer au palmarès. Voire plus, si on considère ce qui  se passe aujourd’hui dans la région. 

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