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  • Grand écran: "Durak", un homme seul face à la corruption en Russie

    477705[1].jpgDima Nikitin, père de famille menant une vie des plus banale dans une petite ville de province, , travaille comme plombier pour payer ses études à l’université.

    On découvre pourtant l’exceptionnelle intégrité de cet homme tout simple, lorsqu’il est appelé d’urgence une nuit dans un vieil immeuble de neuf étages abritant principalement des ivrognes, des marginaux, des drogués, une femme et sa fille battues par le mari.

    Nikitin aperçoit  avec consternation des fissures courant jusqu’au sommet de ce bâtiment dans un état catastrophique, menaçant de s’écrouler suite à l’explosion d’une tuyauterie dans un dortoir. Tous les occupants doivent être immédiatement évacués, mais c’est le cadet des soucis des élus locaux, ignobles personnages qui s’en sont mis plein les poches et qui célèbrent bruyamment, à grand renfort d’alcool, les cinquante ans de la maire au restaurant.

    N’écoutant que ses principes face à une société décadente dont il représente la conscience et la morale envolées, le courageux Dima se lance dans une course contre la montre semée d’embûches pour tenter malgré tout de convaincre ces bureaucrates pourris jusqu’à la moelle de se remuer pour éviter le drame qu’il estime imminent. Sa croisade lui sera fatale, mais il sauvera son âme.

    S’attaquer à la corruption qui ravage la Russie n’est pas une nouveauté. Sauf qu' il y a la manière. Et avec le portrait de cet anti-héros, le réalisateur Yury Bykov, tout en se livrant à une violente dénonciation du système, propose un thriller haletant. Un film coup de poing en compétition au récent festival de Locarno, qui allie maîtrise de la mise en scène, traitement intelligent du sujet et excellente direction d’acteurs.

    Le jury ne s’est pas trompé en décernant le prix d’interprétation masculine à son comédien principal, le remarquable Artem Bystrov (en rouge au centre de la photo), dans le rôle de ce plombier si responsable, qui a oublié d’avoir peur dans sa préoccupation première: sauver des vies. 

    Film à l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 14 janvier.   

     

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  • Grand écran: "Les nouveaux sauvages" entre humour noir et pétages de plombs. Jouissif

    images[10].jpgRéalisateur, scénariste, créateur de Los Simuladores, une série télévisée très populaire dans son pays, l’Argentin Damian Szifron livre Les nouveaux sauvages, son troisième long-métrage produit par Pedro Almodovar.

    En compétition à Cannes en mai dernier, cet opus à l’humour noir corrosif, féroce, propose six histoires déjantées. Indépendantes les unes des autres, elles mêlent thriller, comédie, cynisme, romantisme, drame, fantastique.

    Sur fond d’inégalité et d’injustice, de trahison, de déprime et de stress, maux inhérents à nos sociétés bancales et chaotiques, le cinéaste critique une Argentine actuelle où il explore la fragilité de gens confrontés à la réalité d’un quotidien aussi cruel qu’inattendu. Face à des situations qui les dépassent, absurdes, improbables, inextricables, kafkaïennes, surréalistes, ses personnages perdent les pédales et finissent par disjoncter. 

    Qu’il s’agisse de passagers dans un avion, d’une serveuse qui venge froidement son géniteur, de deux automobilistes hystériques rejouant Duel sur une route déserte, d’un père de famille victime de PV à répétition se rebellant contre une administration obtuse, d’un jeune homme auteur d’un accident mortel que sa riche famille tente de protéger, ou encore d’une femme trompée dont le mariage vire au jeu de massacre.

    Des pétages de plombs jouissifs constituant le fil conducteur de ces différents sketches certes un rien inégaux mais le plus souvent très drôles et politiquement incorrects en diable, qui font de ce film une jolie réussite. Y contribuent d’excellents acteurs, à commencer par le grand Ricardo Darin (photo), star du cinéma argentin et notamment héros du formidable «Dans ses yeux», qui nous replongeait dans les sombres  années de la dictature militaire et des combines glauques d'après.

    Film à l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 14 janvier.   

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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  • Grand écran: Godard s'essaye à la 3D dans "Adieu au langage". Bluffant!

    adieu-au-langage-real[1].jpgCinéaste culte, Jean-Luc Godard l’a encore prouvé en mai dernier sur la Croisette où, treize ans après L’éloge de l’amour il revenait en compétition avec Adieu au langage, un film de 70  minutes qui a poussé ses fans et quelques curieux avides de le découvrir, à poireauter dans une queue interminable et sous le soleil pendant plus d’une heure et demie.

    Un essai sans surprise inclassable, sinon un objet cinématographique non identifié, où se succèdent dans une sorte de frénésie des scènes saugrenues, parfois brusquement coupées, et où se multiplient maximes ou citations.

    Avant le Festival, Godard s'était expliqué, notamment à France Inter sur la signification de son titre Adieu au langage. "En gros, c'est un adieu à ce que les gens appellent le langage qui ne l'est pas. On pourrait dire aujourd'hui de la conversation, du talk show, du dialogue personnel entre les gens. Le langage vient de plus loin, c'est une alliance entre la parole et l'image que l'enfant qui naît connaît un bref moment car il est à la fois ébloui et il crie. Puis vient la communication, qui n'a aucun rapport sérieux avec le langage…"

    Oui mais encore... On croit alors être aidé par le dossier de presse où on peut lire que le propos est simple. Une femme mariée et un homme libre se rencontrent ils s'aiment se disputent, les coups pleuvent un chien erre entre ville et campagne les saisons passent l'homme et la femme se retrouvent…

    adieu-au-langage-51d6835081985[1].jpgLe chien se trouve entre eux. L'autre est dans l'un. L'un est dans l'autre. Et ce sont les trois personnes. L'ancien mari fait tout exploser. Un deuxième film commence. Le même que le premier. Et pourtant pas. De l'espèce humaine on passe à la métaphore. Ca finira par des aboiements. Et des cris de bébé...

    A nouveau, on n’est pas beaucoup plus avancé. Pour autant que cela soit nécessaire. A l'écran, on voit un couple nu philosopher, un bateau sillonner le "lac de Genève" (pour agacer les Vaudois et autres riverains?), des extraits de vieux films hollywoodiens en noir et blanc.

    Sans oublier la fréquente apparition d’un chien qui fait admirablement le chien en battant de la queue et dont le museau sort littéralement de l’écran. C'est Roxy, le toutou du maestro, qui vous aime plus qu'il ne s'aime lui-même et nous regarde de ses yeux noisette. Lui ne communique pas, il communie.

    Tout et n'importe quoi. Ou pas...

    Tandis que s'inscrivent en alternance les chapitres 1 et 2 soit la nature et la métaphore, les aphorismes foisonnent en voix off. "Ceux qui manquent d'imagination se réfugient dans la réalité". "Bientôt on aura besoin d'un interprète pour comprendre les mots qui sortent de votre propre bouche". "Une femme ne peut pas faire de mal, elle peut gêner, elle peut tuer, c'est tout". "La société est-elle prête à accepter le meurtre pour limiter le chômage?"  "La pensée retrouve sa force dans le caca".


    Tout et n'importe quoi en somme. Ou pas... Le mieux est encore de regarder. Et là, on en a plein les yeux. On est  scotché au fauteuil par l'utilisation étonnante et géniale que le réalisateur fait de la 3D. Dans son entretien Jean-Luc Godard expliquait que la 3 D est juste quelque chose qui vous fait croire que vous pouvez voir une surface plate en relief. Mais quelle vision stupéfiante!

    Film à l‘affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 7 janvier.

     

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