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  • Cinéma: "Suzanne", le destin extraordinaire d'une héroïne ordinaire

    Suzanne11[1].jpgTrois ans après Un poison violent, premier long-métrage en partie autobiographique sur une adolescente mystique la Bretonne Katell Quillévéré raconte l’histoire d’une famille et d’un amour viscéral à travers le parcours chaotique de Suzanne, que l’on suit de l’enfance à l’âge adulte.

    Issue d’une famille modeste, elle perd sa mère très tôt. Un vide apparemment comblé par l’affection pudique et gauche d’un père routier et la complicité aimante de sa sœur Maria qu’elle adore. A 17 ans, elle se retrouve néanmoins enceinte et décide de garder le bébé. Pour tomber ensuite amoureuse d’un beau garçon destiné... à une belle carrière dans le banditisme.

    Folle de lui, elle n’hésite pas à abandonner son fils et à plaquer son boulot pour vivre une passion destructrice. Jusqu’ici omniprésente, Suzanne sort du tableau pour mieux y rentrer après un cheminement difficile fait d’errance et d’un détour par la case prison. 
     
    Beau portrait de femme

    Avec cette rebelle malgré elle, déterminée à tracer sa propre voie en échappant à l’existence terne et laborieuse qui lui était promise mais en même temps artisane de son propre malheur, Katell Quillévéré brosse avec talent le portrait d’une héroïne ordinaire prise dans un destin extraordinaire. Elle évoque également le déterminisme social sans pour autant se cantonner dans ce genre de cinéma. 

    Le résultat? Un mélo ambitieux s’étalant sur plus de 20 ans, plein de sentiments, de charme et d’émotion qui parle de la puissance du hasard, du mystère des rencontres, de la complexité des trajectoires humaines, de la résilience.

    Pour cette tranche de vie, où elle traverse les époques en les situant grâce à de petits détails significatifs, l’auteure s’est entourée d’excellents comédiens. A commencer par Sara Forestier (photo) à la fois fragile, paumée, passionnée, dans le rôle de Suzanne. Elle donne brillamment la réplique à Adèle Kaenel qui joue sa sœur et François Damiens, son père. 

    1142727_8713162-00quillevere-t114a[1].jpgRécemment de passage à Genève, la réalisatrice de 33 ans (photo)évoque cette deuxième fiction qui avait ouvert La Semaine de la Critique à Cannes en mai dernier et provoqué l’enthousiasme de la critique.

    "Le sujet m’a été inspiré par des lectures d’autobiographies de femmes tombées dans la délinquance en vivant avec des bandits. Leur itinéraire pose la question du destin et du hasard. J’ai donc imaginé le biopic d’une inconnue qui s’attache à un homme au point de tout lâcher pour lui. En même temps, je respecte un quotidien qui peut devenir spectaculaire, en travaillant les liens dans une famille avec une jeune femme en quête d’émancipation, mais qui y est ramenée".

    -Le film couvrant une très longue période, avez-vous rencontré des problèmes de mise en scène?

    -Pas tant de mise en scène  que de construction du récit organisé sur l’ellipse. L’originalité est dans le hors champ. Je fais beaucoup appel à l’intelligence du spectateur, à son vécu. Il s’agissait aussi de plonger le récit romanesque fictif au milieu du réel en montrant les gens dans leur environnement, leur milieu social. Le métier de routier du père me touche beaucoup. C’est la raison de la cabine du camion, quoi fonctionne telle une matrice.

    -Comment avez-vous choisi vos comédiens? 

    J’avais prévu de rencontrer peu d’actrices et j’ai eu un choc quand j’ai vu arriver Sara. Elle était tout simplement Suzanne. Cela s’est imposé comme une évidence, une sorte de coup de foudre. On était de plus sur la même longueur d’ondes, convaincues que le film allait être dur et poignant et qu’il y avait un gros risque de tomber dans le pathos. Il fallait donc que l’énergie et la luminosité de Sara soient canalisées, intériorisées. C’est une immense actrice qui peut tout exprimer, de la violence au deuil en passant par la passion et le bonheur de la maternité. Ce rôle est arrivé au moment de sa maturité.

    -Deux mots sur Adèle Kaenel et François Damiens.

    -Adèle, je l’avais vue dans Naissance des pieuvres et L’Apollonide. Elle dégage quelque chose de particulièrement solide. Physiquement plus grande, elle convenait parfaitement au côté protecteur qu’elle devait avoir envers Suzanne. Quant à François, j’adore son travail de caméra cachée. C’est un tellement grand comique qu’il peut être aussi bon dans le drame. Pour moi, c’est un Stradivariuus.

    Film à l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 18 décembre. 

     

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  • Cinéma: The Immigrant", premier grand rôle américain pour Marion Cotillard

    images[1].jpgNous sommes en 1921. A l‘image de millions d’autres immigrants, la jeune Ewa quitte sa Pologne natale pour New York. Elle débarque à Ellis Island avec sa sœur tuberculeuse, placée en quarantaine en attendant d’être expulsée.

    Mais l'eldorado se transforme en enfer. Prête à tous les sacrifices pour la sauver, Ewa tombe sous la coupe de Bruno, redoutable souteneur séducteur et sans scrupules (Joaquin Phoenix) qui n’hésite pas à la mettre sur le trottoir.

    Il l'oblige également à se produire dans des spectacles grivois avec ses autres filles. Le cousin du mac (Jeremy Renner), un magicien, tente de la tirer de cette pitoyable condition. 

    On attendait beaucoup de The Immigrant, signé du talentueux James Gray, notamment auteur du bouleversant Two Lovers et sélectionné en compétition lors du dernier festival de Cannes. Mais le réalisateur, qui a imaginé son intrigue en puisant dans l’histoire de sa famille d’origine ukrainienne, déçoit avec ce mélo couleur sépia peu ambitieux qui se traine, au scénario un rien bancal et à la mise en scène banale en dépit d'une assez belle reconstitution d'époque. Il est d’ailleurs logiquement reparti les mains vides.

    On a en effet du mal à croire à cette histoire en forme de fable sur la chute dramatique et l’inévitable rédemption. Avec en tête d’affiche l’incontournable Marion Cotillard, qui tient là son premier grand rôle américain. Pas le meilleur pourtant, dans celui d'une petite chose manipulée, qui avance en écarquillant les yeux et en abusant de son côté vulnérable. Mais ne nous y trompons pas. Sa fragilité cache une grande énergie… 

    C’est pour elle que James Gray a écrit la partition, trouvant qu’elle est peut-être la plus grande actrice mondiale du moment. Du moins le déclarait-il en mai sur la Croisette, vantant son visage incroyable, montrant autant d’intelligence, de sensibilité, de force, de volonté que de beauté.

    Pour l’intéressée, le plus grand défi fut de parler polonais pendant une partie du film. Modeste, elle s’est toutefois demandée si elle avait atteint la perfection. On dira non en ce qui concerne sa prestation en général...

    Film à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 11 décembre.

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  • Cinéma: "All Is Lost", un film intense avec un Robert Redford impressionnant

    images[1].jpgAlors qu’li traverse l’Océan Indien en solitaire, un marin est réveillé par de l’eau qui se déverse dans  la cabine. Il découvre un énorme trou dans la coque de son voilier, percé par un container à la dérive.

    En dépit de son âge avancé pour ce genre d’exercice, il tente une réparation illusoire. Avant d’être pris dans une violente tempête qui réduit ses efforts à néant et balaie presque tout sur son passage.

    Privé de matériel et de radio, il doit déployer son canot de sauvetage, tandis que son bateau, Titanic de poche, s’enfonce inexorablement dans les flots. A l’aide d’un sextant et de quelques cartes marines sauvés in extremis du naufrage, il essaye en van de se repérer.

    Se  battant contre les éléments, le soleil brûlant, menacé par une bande de requins, voyant ses réserves de nourriture s’épuiser, ignoré par des immenses paquebots marchands de passage, il es finalement forcé de se rendre et de faire face à la mort.

    All Is Lost, un titre symbolique. A travers la lutte farouche d’un homme pour sa survie, le  réalisateur J.C.Chandor fait référence à nos sociétés, au capitalisme sauvage et destructeur qui les régit, à une humanité qui ne mérite pas forcément d’être sauvée, même s’il laisse une fin ouverte.

    Il livre ainsi un film d’un rare minimalisme,  intense, rigoureux, réaliste, sans pathos, sans dialogue.  Pratiquement sans parole, sinon un gigantesque "fuck" rageur et désespéré, lancé à la face du ciel aux deux tiers d’un opus dominé par un Robert Redford à l’impressionnante présence physique. Septuagénaire défiant les années, l’acteur au mieux de sa forme trouve là l’un de ses plus beaux rôles.

    Film à l'affiche dans les salles de Suisse romande dès le 11 décembre.



     

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