A première vue, ce film sur le kung-fu ne m’emballait pas des masses. D’autant que je ne voyais pas vraiment Wong Kar-wai, le réalisateur de l’irrésistible In The Mood For Love et de sa suite 2046, souvent étiquetée chef d’œuvre, se passionner pour cette discipline martiale. Mais apparemment le grand cinéaste hongkongais a voulu se lancer un défi et en réalité l’a plutôt bien relevé dans The Grandmaster.
Le film s’inspire de la vie d’Ip Man, légendaire maître d’un courant du kung-fu, le wing chun, et futur mentor de Bruce Lee. Il commence en Chine en 1937 et se poursuit jusqu’au début des années 50. A travers cette star qui mène grand train à Foshan, dans la province de Canton, Wong Kar-Wai revient sur un morceau d'une époque révolue. Ip Man perd sa famille dans la guerre sino-japonaise qui plonge le pays dans le chaos, fuit la Chine communiste et finit par s’établir à Hong Kong où il enseigne son art.
Au cœur de cette intrigue qui se déroule sur fond de violence, de divisions et de complots au sein des différentes écoles, la rencontre d’Ip Man avec Gong Er, en qui il trouve son égale, voire sa supérieure dans la mesure où elle est la seule à connaître la figure mortelle des 64 mains. C’est la fille du Grand Maître Baosen, chef de l’Ordre des Arts Martiaux qui sera assassiné par un disciple.Très vite, l’admiration que tous deux se vouent laisse place à une histoire d’amour impossible.
Tout cela est à la fois beau, fascinant, mélancolique et romantique, rythmé par des combats en forme de ballets superbement chorégraphiés dont celui d’ouverture sous la puie, pour culminer dans un duel follement sensuel entre les deux principaux protagonistes.
Ils sont interprétés par le beau Tony Leung, toujours aussi élégant, et la sublime Zhang Ziyi (photo) qui ont dû suivre un entraînement des plus rigoureux pour apprendre et maîtriser les différents gestes. Ils n’en ont pas moins la chance de traverser toutes ces années sans pratiquement prendre une ride. A noter aussi que le kung-fu est probablement le seul sport qui peut se pratiquer coiffé, sans le perdre, d’un panama blanc. On sur un quai de gare en manteau de fourrure. Du moins chez Wong Kar-wai…
Nouveau film à l’affiche dans les salles romandes dès mercredi 17 avril.