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  • Grand écran: dans "Tar", Cate Blanchett fascine en cheffe d'orchestre dominatrice, brillante et exécrable

    Elles ne sont qu’un petit 8% dans le monde. Et pourtant coup sur coup, deux films se penchent sur le destin de deux cheffes d’orchestre. Mais ils sont très différents. Alors que la Française Marie Castille Mention-Schaar raconte, dans Divertimento, le véritable parcours d’une jeune fille rêvant de tenir la baguette et créant son propre ensemble symphonique (voir notre interview du 24 janvier), l’Américain Todd Field emprunte un autre chemin avec Tar.. Celui de la fiction où il imagine Lydia, cheffe avant-gardiste du prestigieux 0rchestre philarmonique de Berlin. 

    Le rôle a été écrit par l’auteur de Little Children pour Cate Blanchett qui livre une performance magistrale. Elle a déjà été sacrée meilleure actrice à la Mostra de Venise, aux Golden Globes, recevra un César d’honneur pour l’ensemble de sa carrière et compte bien rafler une statuette aux Oscars. Ce qui ne fait apparemment pas l’ombre d’un doute, tant cette formidable comédienne bouleverse avec sa partition virtuose. Elle n’incarne pas, elle est tout simplement Lydia Tar. 

    Lesbienne pour le moins anticonformiste, rare femme à s’être imposée par son génie dans ce milieu masculin et machiste, la pionnière est au sommet de sa carrière. Exigeante, brillante, sûre d’elle, elle a tout, que ce soit sur le plan professionnel ou dans le prive où elle mène une vie agréable entre son épouse et leur petite fille.  

    Tar, d’une durée de 2h38, commence par une longue interview de la musicienne face à un public conquis en dépit de sa manière prétentieuse, complexe et contradictoire d’expliquer et d’appréhender son art. Plus tard, alors qu’on apprend qu’elle va publier son autobiographie auto-écrite tout en préparant un cycle Mahler, on la voit se disputer assez violemment avec un étudiant prônant l’inclusion. Refusant catégoriquement d’écouter et de jouer du Bach qu’il trouve misogyne et fermé à la diversité, il finit par quitter la classe, ne supportant pas les remarques mordantes et humiliantes de la féroce Lydia. 

    Petit à petit toutefois, Todd Field lève le voile sur les zones d’ombre et la nature sombre de son héroïne féministe dominatrice, en quête permanente de perfection et se croyant intouchable. Son existence apparemment parfaite se fissure suite à une accusation de harcèlement moral ayant entraîné le suicide d’une de ses anciennes élèves avec laquelle elle a eu une liaison. C’est alors que l’artiste visionnaire à la fois admirée, adulée, honorée et crainte, va tout perdre. 

    Tout en brossant le portrait d’une femme talentueuse, fascinante, rebutante, voire exécrable, le réalisateur explore et dénonce, dans ce remarquable opus austère et plus ou moins post MeToo, les excès du wokisme, de la cancel culture, les mécanismes et abus persistants du pouvoir. Qui n’a pas de genre particulier et auquel on se heurte même lorsqu’on prétend l’abolir. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 25 janvier.   

     

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  • Grand écran: "Divertimento" retrace le parcours exceptionnel de Zahia, cheffe d'orchestre. Un sacré défi!

    Zahia Ziouani, 17 ans, issue de la diversité et habitant la Seine Saint-Denis, rêve de devenir cheffe d’orchestre et sa sœur jumelle, Fettouma, violoncelliste professionnelle. Bercées depuis toujours par la musique classique grâce à leurs parents mélomanes, elles souhaitent à leur tour la transmettre, la rendre accessible à tous et partout en France. Notamment dans les territoires perdus de la République

    C’est ainsi que Zahia. aidée de Fettouma, va créer à Stains son propre orchestre Divertimento, qui continue à se produire sous sa direction. Rassemblant aujourd'hui 80 musiciens, il fête cette année ses 25 ans. Mais quel défi! Que ce fut dur ! Car il en a fallu de la passion, de la détermination et du courage pour mener à bien cet incroyable projet.

    Dans son film au titre éponyme, Marie Castille Mention-Schaar retrace le parcours exceptionnel de Zahia (Oulaya Amamra) que Fettouma (Lina El Arabi) a vivement encouragée à tenter le concours de cheffe. Elle met l’accent sur la complicité extraordinaire des sœurs. Convaincante,  les deux comédiennes rendent parfaitement leur absence de rivalité, l’admiration et le soutien sans faille qu’elles se vouent.

    Seuls 4% de cheffes en France 

    La réalisatrice nous plonge ainsi dans leur univers, évoquant les obstacles à franchir, les moqueries, les rejets qu’elles ont dû affronter, plus particulièrement Zahia. Car s’il est relativement facile pour une musicienne d’intégrer un orchestre, c’est loin d’être le cas pour une apprentie cheffe, dans ce milieu machiste, singulièrement peu enclin à s’ouvrir aux femmes,

     Non seulement on en compte que 4% en France (à peine le double dans le monde) et souvent, elles doivent créer leur propre orchestre pour tenir la baguette. Mais l’ambitieuse et talentueuse Zahia persévère et décroche une place de direction auprès de l’irascible maestro Sergiu Celibidache, (Niels Arestrup.) Une rencontre déterminante...

     De passage à Genève, Marie Castille Mention-Schaar (Les héritiers, Le ciel attendra) nous raconte la genèse de son film. "C’est la première fois que je ne produis pas, mais qu’on vient me trouver avec un projet en m’assurant qu’il va me plaire. Ce qui fut tout de suite le cas. A l`image des jumelles Ziouani que je ne connaissais pas. Mais comme je suis moi-même passionnée par la musique classique, leur histoire m’a touchée. Et encore plus leur passion, leur état d’esprit, leur volonté de transmettre. J’ai passé beaucoup de temps avec elles pour mieux les comprendre".

     Sont-elles intervenues dans le scénario ?

     Non, mais elles ont choisi les morceaux. Et elles ont coaché les actrices pour qu’elles soient crédibles.

     Puisque vous l’évoquez, comment s’est déroulé le casting?

    Le choix d’Oulaya Amamra était évident pour moi. Dans ce que je devinais d’elle, son énergie, sa force de caractère. Elle s’est énormément investie. Elle est allée voir Zahia en concert. En ce qui concerne Fettouma, Lina El Arabi m’a simplifié le vie quand elle m’a dit qu’elle jouait du violon. Au contraire, quel casse-tête pour les autres musiciens! J’ai reçu des centaines de vidéos. Il a fallu trois mois d’essai.

    Et pour Niels Arestrup dans le rôle de l’acariâtre maestro? 

    Lui aussi me paraissait couler de source.. D’abord c’est un grand comédien et il correspondait à tout ce que m’avait révélé Zahia sur sa relation avec Celibidache.

    Vous aimez vous appuyer sur des faits réels. Avez-vous romancé leur histoire?

    Beaucoup de choses sont de l’ordre de la fiction. Mais la fiction ne trahit pas la réalité ou ce qu’elle aurait pu être. D’ailleurs le frère des jumelles elles a dit que tout était vrai.

    Divertimento, à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 25 janvier.

     

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  • Black Movie retrouve les salles obscures avec un programme riche de 91 films

    Pour sa 24e édition, le Festival International de Films Indépendants Black Movie propose une riche sélection de 91 œuvres, parmi lesquelles 51 longs et 40 courts métrages en provenance d’une cinquantaine de pays, dont la Suisse avec 54 premières. Le cru 2023 a enfin retrouvé les salles obscures depuis vendredi 20 janvier, tout en conservant un volet online, qui sera activé du 24 au 29 janvier. 23 cinéastes du monde entier feront le déplacement à Genève pour rencontrer le public.

    On pourra voir des films récemment salués dans d’autres festivals, comme Godland de l’Islandais Hlynur Palmason, déroutante quête métaphysique, Trenque Lauquen de l’Argentine Laura Citarella, une enquête de quatre heures entre passé et présent, My Love Affair With Marriage, métrage d’animation de la Lettone Signe Baumane ou encore Sous les figues, chassés-croisés sentimentaux de la Tunisienne Erige Sehiri. Ils sont déclinés au sein des huit sections thématiques où les habitués tels que Koji Fukada, Hong Sangsoo, Alassane Diago, Manuel Abramovich côtoient de niouveaux talents.

    Pour coller à l’actualité, un accent particulier est mis sur les cinéastes iraniens, notamment avec How Dare You Have Such A Rubbish Wish de Mania Abkari, de l’artiste pluridisciplinaire Mania Akbari, The House Of Forgetfulness de Farhad Ghodsi&Sahand Sarhaddi et Alone de Jafar Najah. 

    Petit Black Movie

    Dédiée aux jeunes cinéphiles, ce volet comprend cette année 32 films en provenance de 27 pays, et se distingue comme d’habitude par sa diversité culturelle, formelle et thématique. formelle et thématique. La question de l’énergie, tout comme le droit à la différence et à l’autodétermination  seront au cœur des débats et échanges intergénérationnels.

    Enfin, un festival ne saurait  se dérouler sans soirées festives, qui feront elles aussi leur retour à l’occasion de cinq événements organisés au Groove, la salle de l’Eco-quartier de la Jonction.

    Maison des arts du Grütli, du 20 au 29 janvier. Programme et billetterie en ligne sur www.blackmovie.ch. Pour plus de détails: info@blackmovie.ch

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