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  • Cinéma: Jeanne Moreau, la mort d'une icône

    aaaaaaaaaaaaaaamoreauj.jpgFemme libre, incarnation du cinéma, personnalité hors du commun, sensuelle, envoûtante, inoubliable, sublime...Sur les réseaux sociaux les hommages pleuvent et se ressemblent, du président Macron et de sa ministre de la Culture à Brigitte Bardot, de Line Renaud à Jack Lang, de Plantu à Benoît Hamon, de Pierre Lescure à Claude Lelouch, de Jean-Pierre Mocky à Bruno Le Maire.

    Venus du monde politique ou de la culture, ils se sont tous réunis pour saluer l’immense talent de Jeanne Moreau, actrice, chanteuse et réalisatrice, trouvée morte lundi matin 31 juillet à son domicile parisien. Elle avait 89 ans.

    Séductrice  à la voix grave inimitable, héroïne moderne, intelligente et sulfureuse, elle est  née le 23 janvier 1928  à Paris d’une mère danseuse anglaise et d’un père restaurateur, qui la chasse de la maison lorsqu’elle se prend de passion pour le théâtre. Elle fait ses  débuts à la Comédie française  à 19 ans après le Conservatoire. Dans la foulée elle découvre le cinéma en 1949, dont elle deviendra l’icône.  

    aaaaaaaamoreau.jpgUn gage de qualité

    Provocante, avant-gardiste, féministe, éclectique dans ses choix, aussi populaires qu’auteuristes, elle a tourné dans plus de 130 films, rassemblant des millions de spectateurs. Bankable avant l'heure, sa présence était un gage de qualité  Elle a ainsi travaillé avec les plus grands, Louis Malle (Ascenseur pour l’échafaud en 1957, ou Les Amants en 1958), Michelangelo Antonioni  (La Notte 1961) Orson Welles (Le procès en 1962), Luis Bunuel (Le Journal d’une femme de chambre en 1964),  Joseph Losey (Eva en 1962) Jacques Demy ( (La baie des anges en 1968), Bertrand Blier (Les valseuses en 1974, qui  déclenche un scandale).

    aaaaaaaprasis.jpgEt on n’oubliera  évidemment pas sa célèbre collaboration avec François Truffaut pour Jules et Jim (1961), l’histoire d’un triangle amoureux où, maîtresse affranchie,  elle interprète le mémorable Tourbillon de la vie. Une chanson éternelle, reprise en duo avec Vanessa Paradis, dans une scène culte (photos) qui a marqué la cérémonie d’ouverture à Cannes  en 1995.

    Ces longs métrages lui valent ses meilleurs rôles qu’elle incarne auprès d’acteurs magnifiques comme Maurice Ronet, Anthony Perkins,  Marcello Mastroianni, Stanley Baker, Michel Piccoli, Patrick Dewaere, Gérard Depardieu. On peut y ajouter  Touchez pas au grisbi, de Jacques Becker avec Jean Gabin en 1953, Viva Maria de Louis Malle avec Brigitte Bardot en 1965, ou encore La mariée était en noir de François Truffaut en 1968 avec notamment Claude Rich, également décédé récemment.

    Les récompenses

    En 65 ans de carrière Jeanne Moreau, auteure elle-même de Lumière, L’adolescente et Lilian Gish, a collectionné les récompenses.

    aaaaaaaaaamoderatoc.jpgPour son rôle au côté de Jean-Paul Belmondo dans Moderato Cantabile de Peter Brook (photo), elle obtient le prix d’interprétation féminine en 1960 au Festival de Cannes, qu’elle est par ailleurs la seule comédienne à avoir présidé deux fois, en 1975 et 1995. 

    Deux ans plus tard elle reçoit le César de la meilleure actrice pour La Vieille qui marchait dans la mer de Laurent Heynemann. En 1998, Holywood lui remet un Oscar d’honneur pour l’ensemble de sa carrière et en 2008, elle décroche  un  Super César d’honneur.

     

    Les hommes qui ont compté dans sa vie 

    Indépendante, anticonformiste dans sa vie professionnelle, l’actrice l’est pareillement dans sa vie privée. Elle se marie avec l’acteur et réalisateur Jean-Louis Richard dont elle a eu un fils Jérôme, et dont elle divorce en 1951. Em 1977, elle épousé le cinéaste améri­cain William Fried­kin. Ils se quittent au bout de deux ans.

    Parmi les hommes qui ont compté dans sa vie, selon les connaisseurs du sujet, il y a Jean-Louis Trintignant, Sacha Distel, François Truffaut, Louis Malle, George Hamil­ton, Tony Richardson, Georges Moustaki. On lui prête une rela­tion avec Marcello Mastroianni et elle a séduit le grand couturier Pierre Cardin avec qui elle a vécu une histoire d’amour de quatre ans.

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  • Grand écran: "Una mujer fantastica", le combat dune transgenre face à l'hostilité sociale et familiale

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaamujer.jpgAprès le triomphe de « Gloria », une divorcée de 58 ans déterminée à braver l’âge et la solitude, le Chilien Sebastian Lelio s’est lancé, avec « Una mujer fantastica » (Une femme fantastique) , dans le délicat sujet du transgendérisme. Cette femme, c’est Marina. Loin des regards, elle vit avec Orlando, son aîné de vingt ans. Ils s’aiment, malgré tout ce qui les sépare, les années et la différence de Marina.

    Toujours désireux de lui plaire, Il décide de l’emmener aux célèbres chutes d’Iguazu, situées entre le Brésil et l’Argentine. Mais le voyage ne se fera pas. Terrassé par un malaise, Orlando meurt quelques heures plus tard. Privée de son amour, de sa bienveillance, de sa protection, Marina se retrouve en butte à l’hostilité de la société et de ses proches, rejetant tout ce que représente cette personne à «l’identité douteuse».

    Marina lutte pour conquérir son droit au respect

    Tandis que la police la soupçonne de meurtre et que l’inspectrice des moeurs la soumet à une humiliante visite médicale, la famille d’Orlando, mêlant la cruauté ordinaire à la mesquinerie crasse, veut chasser ce «monstre», cette «prostituée vénale» de l’appartement d’Orlando et va jusqu’à l’interdire d’obsèques. Seule face à la violence, la colère, la défiance et l’animosité de tous, Marina ne baisse pas les bras. Dotée d’une force et d’une énergie à tout crin, elle va au contraire se battre pour conquérir son droit au respect et à la dignité.

    Entre retenue et tension, passant du mélodrame à une forme de thriller, Sebastian Lelio évite le militantisme, le pathos, pour développer son intrigue avec subtilité, intelligence et délicatesse, le «cas» de Marina devenant alors surtout un sujet pour les autres protagonistes. Une réussite à laquelle contribue son héroïne interprétée avec passion par la talentueuse et charismatique Daniela Vega (photo), une vraie femme transgenre. Comme le souhaitait le réalisateur qui, de Berlin où il habite désormais, nous en dit plus sur le point de départ de son cinquième long métrage.

    «Je voulais explorer de nouveaux territoires»

    « Gloria représentait à la fois une fin et un commencement. Suite à son succès, j’ai eu envie d’explorer de nouveaux territoires, de trouver une histoire qui me forcerait à avancer. C’est ce qui m’excite dans mon métier. Alors que j’étais en train d’écrire avec mon coscénariste Gonzalo Maza, je me suis demandé ce qui se passe pour celui ou celle qui reste quand quelqu’un meurt dans ses bras. Après avoir imaginé plusieurs possibilités, j’ai eu l’idée d’une femme transgenre. Mais je n’en connaissais pas et je sentais que j’avais la tête farcie de clichés ».

    -C’est alors que vous avez décidé d‘en rencontrer ?

    - Effectivement. Nous en avons vu plusieurs à Santiago, que j’ai trouvées très inspirantes. Mais sans que je les imagine en comédiennes. Jusqu’à ce qu’on me recommande Daniela Vega». J’ai alors réalisé qu’il me fallait une actrice transgenre. Pour moi c’était impératif. Sinon, je n’aurais pas fait le film.

    - «Una mujer fantastica» n’est pas militant dans la mesure où vous ne traitez pas spécifiquement du problème de la transition, de la difficulté à s’assumer, mais avant tout de la façon dont Marina est considérée et traitée pour ce qu’elle représente.

    -Je crois que le cinéma a vocation à être plus complexe qu’exposer ou défendre certaines causes. Un moyen de les surmonter, de les transcender. La présence de Marina nous emporte ailleurs. On est à la fois dans un musical, une fantaisie, un documentaire. En dépit d’un certain aspect réaliste, le film n’est pas réaliste en soi.

    - Vous posez plus de questions que vous ne donnez de réponses. Notamment à propos de votre héroïne.

    -C’est vrai. Révélateur, reflet, miroir, pierre angulaire, elle est plus ou moins énigmatique. On ne sait pas exactement qui elle est. Elle demeure un mystère. Je suis comme elle. Si je ne nie pas avoir une fascination pour le féminin, Je refuse d’être catalogué.

    -Votre film a une dimension politique. Est-il une représentation du Chili aujourd’hui?

    -C’est inévitable, puisqu’il en émerge. Il est révélateur d’un aspect d’une société chilienne très conservatrice dans un pays à démocratie limitée où continue à régner l’injustice sociale.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 5 juillet.

     

     

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