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  • Roland Garros: la menace française plane sur Federer et Wawrinka

    c0585[1].jpgAinsi donc Sa Grâce se retrouve en huitièmes de finale après ses trois petites balades hygiéniques et digestives en compagnie de faire-valoir sur la terre parisienne. Mais comme l’an dernier, le maestro  pourrait bien s’arrêter là.

    Car pour une fois, je suis assez d’accord avec Marc Rosset. Hormis quelques fulgurances prodigieuses, Federer s’est contenté d’assurer avec élégance, laissant un pactole contrariant de neuf jeux, dont un des siens de surcroit, à un Bosniaque de poche dont Djokovic ou Nadal auraient fait de la chair à pâté

    Autrement posé, une chose est sûre. S’il ne se remue pas les fesses, il ne va pas faire de vieux os dimanche sur le Central face à Monfils. Surtout après la chevauchée fantastique de ce brave Gaël, porté par une foule en délire. Au point qu’à côté, celle qui soutenait les Helvètes lors de la Coupe Davis en novembre dernier à Lill, ressemblait à une réunion de dames patronnesses, buvant le thé en levant le petit doigt dans un salon feutré.

    Et c'est ainsi que le Tricolore sur le point d'être bouffé tout cru au quatrième set par l’Uruguayen Cuevas lévitait soudain, plus remonté qu’un coucou, tandis que son malheureux adversaire complètement à l’ouest, sonné par les hurlements assourdissants des fans déchaînes, se prenait les pieds dans le tapis et piquait du nez dans les cordes pour ne plus se relever.

    Du coup, je me fais un sang d’encre pour Rodgeur et ses chances de se payer le scalp du Tricolore, qu'il avouait portant souhaiter rencontrer. Vu la façon dont son futur rival a mis le feu, je me demande si l'espoir demeure... Certes on l’aime Porte d’Auteuil, le Bâlois. Mais en l’occurrence, il pourra se brosser pour obtenir un inconditionnel appui populaire. Désolés Majesté, mais là c’est le prince qu’on préfère.

    Et la même menace plane sur Wawrinka. Bien qu'il se soit davantage bougé le popotin que le mythe face à l’Américain Johnson, je me fais tout autant de souci pour le Vaudois, qui doit lui affronter Simon. Bref, je ne vous raconte pas l’éventuel scénario apocalyptique.

    Cela dit, j’éprouve également un brin d’inquiétude  pour les commentateurs et consultants français, déjà au bord de l’apoplexie lors de la victoire «mythique, magique, historique» de Monfils au… troisième tour et contre le…23e mondial.. Si d’aventure leurs deux poulains battaient la légende et Stan The Man, c’est carrément la tente à oxygène qu’il leur faudra!

    Lien permanent Catégories : Les pieds dans le plat
  • Cinéma: comblé, Vincent Lindon se confie après son sacre cannois

     

    vincent-lindon-recoit-prix-3833-diaporama[1].jpgDire que Vincent Lindon est un homme heureux est un euphémisme. Depuis dimanche dernier et son prix de meilleur acteur au Festival de Cannes pour son rôle dans La loi du marché de Stéphane Brizé, il nage dans le bonheur.

    Rencontré dans un grand hôtel genevois, le comédien évoque cette poussée d’adrénaline ressentie en entendant son nom sur la scène du Grand Théâtre Lumière. "C’était comme un choc, une détonation. A l’évidence la plus grosse émotion de ma carrière... mais pas de ma vie, sinon ce serait inquiétant".

    -L'un des moments touchants lors de la cérémonie, ce furent ces mots à l’égard de votre réalisateur. "Il est à moi. Je vous le prête, mais il est à moi".

    -C’était un raccourci, une manière de dire à tout le monde à quel point je l’aime. Stéphane est inouï. Un trésor. Il a une écoute incroyable des acteurs. Il adore être questionné, chahuté, remis en cause. S'il a certes énormément d’égo, il est bien placé. Mais j’ai tourné d’autres films entre les siens…

    -Vous avez eu un véritable coup de foudre pour "La loi du marché". Quelle en a été la genèse?

    -J’avais eu une idée en voyant un court-métrage qui m’avait beaucoup plu sur une dénonciation. J'en ai parlé à Stéphane qui a rebondi dessus. Puis il est parti dans l’écriture en réinventant tout et a créé le personnage pour moi.

    -Avez-vous collaboré au scénario?

    -Pas du tout. Bien sûr, comme nous sommes très liés, il m’arrivait de m'exprimer sur le plateau. Ou en dînant avec lui. On mange souvent ensemble.

    -J’ai lu que pour vous il s’agissait d’un acte politique.

    -Je ne le formulerais pas ainsi. Stéphane et moi faisons ce que nous pouvons, comme nous pouvons. C’est une manière de venir en renfort de la politique en espérant réveiller quelques consciences. Avec des films qui racontent un état du pays au moment où ils ont été tournés. En les voyant les gens se diront:  ça se passait comme ça. Ou hélas:  ça se passe toujours et encore comme ça...

    -Une telle histoire peut-elle changer votre regard, votre comportement, votre façon de vivre ?

    -La somme de plusieurs d’entre elles me laisse des choses, m’oblige à une certaine conduite. On m’a par exemple proposé de me ramener à Paris en jet privé. J’ai refusé. Non pas parce que j’avais honte, cela aurait signifié que j’en avais envie sans oser l’assumer, mais parce que ça m’aurait fait vomir de me voir dans cette situation. Je me fous de ces gens. C’est organique, ça ne me va pas. 

    la-loi-du-marche-stephane-brize-le-lindon-de-la-force,M222694[1].jpg-Comment avez-vous abordé ce rôle de vigile contraint d’espionner à la fois les clients et les employés aux abois et tentés par le vol ?  En vous promenant dans les supermarchés ?

    -Non, je ne me prépare pas en m’immergeant. Je chine, je rentre dans le fantasme. Je me demande comment je serais si j’étais lui. Stéphane me laisse prendre mon temps et j’essaye de vivre les choses comme dans la vraie vie.

    -Vous êtes confronté à des non professionnels. Comment l’avez-vous ressenti? Ils sont plutôt bluffants.

    -La question de pro et de non pro disparaît pour moi. J’ai toujours envie de dire qu’il s’agit de personnes jouant pour la première fois. Alors oui, en l’occurrence ils sont plutôt bluffants. Il n’empêche que je trouve cela réducteur. On ne cesse d’essayer d’être au plus près de l’existence des personnages qu’on incarne. Prétendre qu’ils nous bluffent signifie du coup qu’on n’y parvient pas.

    -Une dernière question, Vincent Lindon. Vu ce que vous venez d’accomplir, cela ne risque pas d’arriver. Mais imaginons un instant que vous perdiez votre job. Jusqu’où accepteriez-vous d’aller pour le récupérer après vingt mois de galère?

    -Si je le perdais ça n’aurait aucune espèce d’importance. Cela me manquerait sûrement un peu. Mais je ferais autre chose, du bien aux gens. J’adore fédérer, servir à quelque chose. Mon plaisir c’est de rassembler, plaider, convaincre. Evidemment, j’aurais envie d’un bon poste,  où les choses bougent...

    "La loi du marché" à l'affiche dans les salles romandes depuis mercredi 27 mai. Voir ma note précédente.

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  • Grand écran: le triomphe cannois de Vincent Lindon avec "La loi du marché"

     

    7778474659_vincent-lindon-montre-sa-recompense[2].jpgAvec La loi du marché, Stéphane Brizé figurait parmi les dix-neuf concurrents en lice pour la Palme d’or cannoise. Un prétendant très sérieux. encensé par la critique internationale. Les Français le plaçaient même en seconde position derrière leur favori Mia Madre de Nanni Moretti.

    Le jury, on le sait depuis dimanche soir, en a décidé autrement. Mais s'il a complètement négligé le film italien, il a tout de même réservé une reconnaissance de taille au français, en décernant à son héros Vincent Lindon le prix de l’interprétation masculine.

    Bouleversant dans l'opus, l’acteur pleurant de bonheur l’a également été en recevant sa prestigieuse médaille. Avec des gestes et des mots qui marquent. Embrassant les présidents Coen et leurs jurés, Lindon a eu cette phrase d'une rare modestie: "C’est la première fois que je reçois un prix dans ma vie". De quoi chambouler le cœur des gens dans la salle, devant les télévisions et sur la toile.

    Une émotion à la hauteur de ce sacre amplement mérité et conquis de haute lutte par ce comédien  nommé à cinq reprises aux Oscars. Il est tout simplement grand dans La loi du marché, Un rôle sur mesure, l’un des meilleurs, sinon le meilleur. Seul comédien professionnel face à des amateurs exerçant en principe leur propre métier, il atteint le haut niveau en naviguant dans leur univers avec une rare aisance.

    Il s'agit de sa troisième collaboration avec Stéphane Brizé, suite à Mademoiselle Chambon et Quelques heures de printemps. "Il est à moi", a d’ailleurs déclaré Vincent Lindon en parlant de son réalisateur. "Je vous le prête mais il est à moi… " 

    Fiction sociale au froid réalisme documentaire

    On comprend qu'il veuille garder le talentueux cinéaste pour lui. Entre chômage, précarité, lutte et humiliations, Brizé se fait le formidable témoin des difficultés dans lesquelles se débattent nombre de ses contemporains. Thierry, quinqua sans emploi, marié et père d’un enfant handicapé, galère depuis vingt mois. Il finit par retrouver un travail dans un supermarché. D’abord comme vigile puis comme auxiliaire de sécurité, chargé d’espionner les clients chapardeurs potentiels de bricoles et ses malheureux collègues mal payés éventuellement tentés d’en faire autant.

    Une façon de les licencier en toute bonne conscience, la confiance étant rompue… Thierry tente de jouer le jeu. Mais trop c’est trop et ce job le met rapidement face à un dilemme moral. Jusqu’où peut-il aller pour conserver son poste, même décroché grâce à un vrai parcours du combattant?

    Dans cette fiction sociale au froid réalisme documentaire et au filmage particulier qui laisse par exemple une assez large place aux caméras de surveillance de l’établissement, Stéphane Brizé raconte l’histoire de la défaite programmée des exclus. En évoquant la brutalité du marché pour les pauvres qui deviennent toujours plus pauvres, face à l’indécence des gros qui ne cessent de s’engraisser sur leur dos.
    Plongée dans un quotidien âpre

    Opérant une plongée dans ce quotidien âpre, il dissèque, entre rendez-vous stériles, entretiens d’embauche inutiles ou séances de formation plus ou moins dégradantes, les dérives d’une société dépourvue de solidarité, où l’absence d’état d’âme et l’inhumanité le disputent à la mesquinerie et à la cruauté ordinaire de petits chefs avides de plaire au patron.

    Film à l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 27 mai.

     

     

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