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Sortie cinéma: "War Witch" se penche sur les enfants soldats

AFP_120218_u15qv_nguyen-mwanza-rebelle_sn635[1].jpgParticulièrement éclectique, le cinéma québécois continue à se bien porter et à surprendre. Après des films aussi différents que Monsieur Lazhar ou Laurence Anyways, War Witch s'intéresse aux enfants soldats. Jeune Africaine de 14 ans, Komona raconte sa vie à l’enfant, produit d’un viol, qu’elle porte depuis son enlèvement par une armée rebelle qui l’a obligée à faire la guerre. Le seul qui l’aide, la protège et l’écoute est le Magicien, un albinos de 15 ans qui veut l’épouser. Bravant leurs redoutables chefs, Komona et lui s’évadent pour essayer de vivre leur passion.

Film sur la résilience, la rédemption et la quête de la lumière, War Witch ou Rebelle illustre jusqu’à l’horreur la terrible existence des enfants soldats. Au départ, le premier réflexe du réalisateur Kim Nguyen fut d'ailleurs de dénoncer cette situation. Mais tout en se nourrissant de faits réels, le jeune cinéaste québécois s’en est détaché pour proposer une histoire d’amour entre deux jeunes gens pris dans un monde de violence.

Mais cette fable humaniste, mélange également de lyrisme, de poésie et d'apparition de fantômes, ne se veut jamais misérabiliste. Elle montre une adolescente qui, à l’image de ses petits camarades, manifeste une incroyable force et ne cesse de vouloir s’en sortir.

Lors d'un récent passage à Genève, Kim Nguyen a évoqué son quatrième long-métrage, qui va représenter le Canada à la prochaine cérémonie des Oscars.

Vous le portez en vous depuis une dizaine d’années. Pourquoi une si longue gestation?

Pour plusieurs raisons, la plus simple étant qu’écrire prend du temps! Mais revenons à la base où il y a de vrais témoignages et  surtout l’histoire de ce gamin de neuf ans, en Birmanie, qui s’est réveillé un beau matin en déclarant qu’il était la réincarnation de Dieu. Suivez mes enseignements, disait-il aux soldats et vous ne mourrez pas.

Et que leur est-il arrivé?

Rien, ainsi qu'il l’avait affirmé. Pendant six semaines. J’ai alors fait des recherches sur les enfants soldats et décidé de situer le récit en Afrique subsaharienne. En plaçant au centre une adolescente, Komona, dont j'ai adopté le point de vue. Il s'agit d'une non-professionnelle, à l'image des autres  protagonistes, ce qui pour moi est un avantage. Ils évitent l’autoanalyse…

Le rôle de Komona est joué par Rachel Mwanza (photo avec son réalisateur), qui a décroché l’Ours d’argent de l’interprétation à la dernière Berlinale. C’est une actrice née. Comment l’avez-vous trouvée?

Dans la rue à Kinshasa. Pour les besoins d’un documentaire, un millier d’enfants avaient été auditionnés et quelques-uns sélectionnés, dont Rachel. Elle avait 13 ans et habitait chez un caïd qui la contraignait à voler. Du coup elle est devenue une grande bagarreuse. Et comme vous dites une actrice née. Elle a un talent fou, un naturel incroyable, n’a pas peur de la caméra. Elle est aussi d’une rare nonchalence. Elle ne se prépare pas. C’est une instinctive. Elle a transcendé le scénario.

Vous avez choisi de tourner au Congo, où vous avez passé plus de quatre mois. Un sacré défi.

Il est vrai que Kinshasa est une des villes les plus dangereuses du monde et nous avons souvent eu très peur. Mais ce n’était pas pour jouer les kamikazes.  Cela m’a permis de remettre nos problèmes occidentaux en perspective et de réaliser à quel point nous dépendons des ressources du tiers-monde. En l’occurrence du coltan, dont 80% proviennent du Congo. C'est un métal rare qu’exploitent les compagnies minières et qui entre dans la fabrication de nos portables. Nous sommes donc en partie responsables des conflits dans la région.

Film à l'affiche dans les salles romandes dès mercredi 21 novembre.

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