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le blog d'Edmée

  • Grand écran: dans "Mektoub My Love: Canto Due", Kechiche navigue entre drame, vaudeville et soap opera

    En août dernier, à Locarno, on imaginait la grande foule pour la projection presse de Mektoub my Love : Canto Due d’Abdellatif Kechiche. Les fans surexcités saluaient la folle audace du directeur artistique Gina A.Nazzaro, qui avait sélectionné le sulfureux réalisateur en compétition après sa longue absence. Rappelons qu'il était tombé en disgrâce et déclenché une avalanche de polémiques suite au scandale cannois de 2019  Provoqué par la fameuse scène du long cunnilingus non simulé dans Mektoub My Love : Intermezzo

    Certes, Canto Due avait attiré plus de monde que d’ordinaire, dont des critiques étrangers dépêchés exprès par leur rédaction. Mais la salle du Teatro n’avait pas fait le plein. De surcroît, Kechiche était reparti les mains vides, alors qu’on lui prédisait un Léopard d’or. Un emballement un rien exagéré de notre part… 

    Il n’empêche. La sortie en salles du film fait figure d’événement. En France du moins. Kechiche poursuit sa sensuelle trilogie azuréenne avec ce dernier volet. L’histoire se déroule toujours à Sète, en cet été 1994, prétexte à une très belle photographie. L’auteur garde les fondamentaux, les réunions entre amis sur la plage, les scènes de danse, de nourriture. A son habitude, l’auteur déploie sa façon unique de capter l’énergie et le talent naturel de ses acteurs. On se tartine de crème solaire, on boit, on bouffe, on cause, on fait la fête. Une sensation d'être dans la vraie vie.  

    Fil conducteur Amin (Shaïn Boumedine), apprenti cinéaste. Le beau gosse objet de désir revient dans sa ville après ses études à Paris. Un producteur américain (Andre Jacobs), en vacances dans une luxueuse villa, s’intéresse par hasard à son projet, Les Principes essentiels de l’existence universelle, et souhaite que sa femme Jess (Jessica Pennington, image ci-dessus), star anglo-saxonne d’une série à succès, Les Braises de la passion, en soit l’héroïne. Les voies du destin sont pourtant impénétrables…

    Exit le scandale

    Au centre du récit, la gloutonne Jessica, qui ne cesse de se goinfrer de couscous, fait partie avec André Jacobs des nouveaux personnages gravitant autour des anciens, qu’on retrouve à peu près là où on les avait quittés. A l'instar de Shaïn Boumedine, Ophélie Bau, Salim Kechiouche, Hafsia Herzi. Ou encore Roméo De Lacour (comédien, resté habillé lui, au coeur de la  scène d'Intermezzo).

    Mais disons-le tout de suite, exit le scandale en raison d’un Kechiche étonnamment peu provocateur. Canto Due, suite directe de Canto Uno, se démarque notablement d'Intermezzo. Pas de boîte de nuit (lieu qui constituait l’essentiel ou presque du deuxième volet), donc moins de bruit, moins de male gaze sur les corps féminins, beaucoup moins de sexe, à part une séquence carrément banale. 

    En revanche place à l’humour, le plus souvent aux dépens du couple hollywoodien moqué et critiqué. Au fil d’une intrigue qui varie les styles, parfois farfelue et vaudevillesque, on navigue entre drame et soap opera. Avec rebondissements et montée relative de la tension, jusqu’à une fin frustrante mais ouverte. Annonciatrice d’un nouveau chapitre? Affaire à suivre. 

    A l’affiche dans les salles de suisse romande dès mercredi 3 décembre.

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  • Grand écran: avec "Salut Betty", Pierre Monnard se lance sur les traces du mythe culinaire helvétique

    Notamment auteur du triomphe helvétique Les Enfants du Platzspitz en 2020, trois fois récompensé pour Bisons lors des Prix du cinéma suisse l’an dernier, Pierre Monnard propose un nouveau long métrage, Salut Betty, qui connaît déjà un gros succès chez les Alémaniques. Issu d’une famille 100% Betty Bossi, à commencer par lui-même, comme il l’avoue, le réalisateur fribourgeois s’est intéressé à Emmi Creola-Maag (Sarah Spale), la vraie femme qui se cache derrière le mythe culinaire national.

    Nous sommes dans les années 50. Emmi Creola, une Zurichoise mariée et mère de trois enfants, travaille comme rédactrice dans une agence de publicité, où elle est chargée de promouvoir des huiles alimentaires. Aussi créative que combative, lassée d'écrire toujours les mêmes textes, c’est là qu’elle invente le personnage fictif de Betty Bossi, parfaite ménagère et cuisinière hors pair. Une idée de génie, donnant à Pierre Monnard celle de retracer son parcours et celui de sa créatrice. 

    Avec Salut Betty, le cinéaste brosse le portrait d’une femme, influenceuse avant l’heure, qui a réussi à s’imposer dans un univers masculin, pour ne pas dire macho. A concilier, malgré la fatigue, ses vies professionnelle, familiale et conjugale. Il nous raconte aussi une histoire d’amour. Aux côtés d’Emmi, on découvre en effet son mari Ernst (Martin Vischer), un homme progressiste, qui n’a cessé d’encourager sa femme, n’hésitant pas à partager les tâches ménagères.  

    Entre société s'ouvrant à la consommation et émancipation féminine, Pierre Monnard livre ainsi une sympathique comédie populaire. On en relèvera l’interprétation, l’humour, le soin apporté aux décors et aux costumes. Mais on l’aurait souhaitée plus épicée, en raison de l’étonnante trajectoire de son héroïne. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 26 novembre.     

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  • Grand écran: "Vie privée", un thriller psychologique porté par la brillante Jodie Foster

    Nouveau long-métrage de Rebecca Zlotowski , Vie Privée raconte l’histoire de Lilian Steiner (Jodie Foster), psychiatre. Quand elle apprend la mort de l’une de ses patientes (Virginie Efira), elle se persuade qu’il s’agit d’un meurtre, et non d’un suicide selon les conclusions policières. Troublée, elle décide de mener sa propre enquête

    Stylisée, l’œuvre à l ’esthétique et aux dialogues soignés, à la mise en scène subtile, mêle thriller psychologique et comédie burlesque, révélant un univers à la Woody Allen assaisonné d’une pointe hitchcockienne. Elle alterne moments d’investigations et scènes oniriques, notamment sous forme  de régressions dans des vies antérieures, des visions d’orchestre pendant l’Occupation, permettant d'explorer la psyché de son héroïne, incarnée par Jodie Foster.

    En fait le film doit à peu près tout à la plus française des actrices américaines, révélée à 13 ans dans Taxi Driver, oscarisée pour Les accusés et Le Silence des agneaux. Elle porte le film avec un naturel désarmant, excellente dans un rôle principal entièrement dans la langue de Molière, le premier depuis Un long dimanche de fiançailles de Jean-Pierre Jeunet en 2004.. 

    Entre humour, contrôle et émotion, Jodie Foster se révèle particulièrement juste et nuancée dans la composition de cette psy déstabilisée, à la fois brillante, fragile et émouvante, Mais aussi mauvaise analyste. paradoxalement peu à l’écoute, certes en quête de vérité, mais avant tout d’elle-même. Ses recherches rocambolesques l’amèneront à comprendre qui elle est.

    A ses côtés on découvre un casting cinq étoiles, dont l’ex-mari attentionné, incarné par Daniel Auteuil, avec qui elle forme un couple complice et touchant. On regrette en revanche la présence anecdotique de Virginie Efira, Mathieu Amalric et Vincent Lacoste.  Par ailleurs, en dépit de son récit à tiroirs, son côté ludique et farfelu, son regard ironique sur la psychanalyse, le film ne parvient pas à véritablement captiver. En raison principalement d’un manque de suspense, dû à un scénario inutilement tarabiscoté.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 26 novembre.

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