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le blog d'Edmée

  • Grand écran: le destin hors du commun de "Lady Nazca", folle du désert. Avec Guillaume Gallienne. Rencontre

    Une jeune femme découvre un exceptionnel vestige et va en faire l’ouvre de sa vie. Il s’agit de l’étude et la sauvegarde des «Lignes de Nazca», mystérieux géoglyphes géants tracés il y a environ 1 500 ans dans le désert du même nom, au sud du Pérou. Cette femme c’est Maria Reiche, figure légendaire de l’archéologie mondiale.

    Damien Dorsaz, acteur et réalisateur suisse l'a rencontrée en 1996, deux ans avant sa mort, lors de son premier voyage au Pérou, où il a vécu deux ans. En 2006, il lui a consacré un documentaire, et l’année suivante a commencé l'écriture d'un long-métrage. Dix-huit ans plus tard, s’inspirant librement de l'histoire de l'archéologue, il nous emmène au Pérou et lève le voile sur ces dessins marqués au sol, visibles uniquement du ciel et représentant lézards, oiseaux et autres animaux.

    Nous sommes à Lima en 1936, où l’Allemande Maria Reiche (Devrim Lingnau), travaille comme prof de maths. Elle partage un appartement avec son amie anglaise Amy. Celle-ci l’entraîne dans des réceptions internationales qu’elle déteste. Sauf ce soir-là, fête du 14 juillet, Maria y fait la connaissance d’un archéologue français, Paul d’Harcourt (Guillaume Gallienne), qui va changer sa vie.

    Il cherche une traductrice et elle accepte de l’accompagner au sud du Pérou, près de Nazca, pour exploiter les notes laissées par le chercheur précédent, un Allemand. Et lorsque Paul l’emmène sur le terrain désertique pour voir ce qu’il pense être de mystérieuses rigoles d’irrigation, Maria comprend d’instinct qu’elle est face à autre chose. Un vrai coup de cœur et le prélude à l’ésnorme  combat qu'elle va mener, pour faire reconnaître l’intérêt historique et culturel du lieu, devenu l’un des sites le plus impressionnant et mystérieux de la planète.

    Avec simplicité, tendresse et sensibilité, Damien Dorsaz brosse le portrait de sa singulière, opiniâtre et émouvante héroïne, que beaucoup prenaient pour une folle. Pendant 50 ans, seule dans le désert, elle a inlassablement balayé ces lignes extraordinaires, qui ont fait l’objet de toutes sortes d’interprétations, de la plus sérieuse à la plus fantaisiste.    

    Une longue et grande aventure cinématographique

    Rencontré à Genève, Guillaume Gallienne, ami d’enfance du cinéaste, évoque la longue aventure cinématographique de Lady Nazca, un projet dans lequel il s’est beaucoup investi. «Je connaissais Maria Reiche grâce à Damien qui m’en a beaucoup parlé. Il a eu du mal à financer son film car le sujet ne touchait pas les gens. Et du coup, a mis18 ans à le monter».

    «On peut même dire, ajoute l’acteur, qu’il a balayé son propre désert pendant 30 ans, après sa rencontre avec Maria Reiche qui l’a profondément marqué. Damien avait 22 ans et depuis n’a cessé d’y penser. Son but était de raconter comment cette femme s’est découvert une passion qui fait lien avec le monde.  Il ne s’agit pas d’un biopic dans la mesure où on la comprend plus qu’on ne la connaît. Mais d’une quête initiatique, intime, d’un personnage au destin hors du commun qui a trouvé sa place».

    Deux approches opposées

    Aux côtés de la vibrante et attachante Devrim Lingnau, qui porte principalement l’œuvre entièrement filmée en lumière naturelle, Guillaune Gallienne joue l’archéologue qui l’a emmenée au Pérou. «Damien a pensé à moi en l’écrivant. C’est un rôle intéressant qui permet une approche opposée à celle de Maria. D’un côté un Français assez arrogant, très professionnel, qui pratique plutôt sa science pour gagner de l’argent et donc enclin au pillage. De l’autre une jeune Allemande qui découvre l'archéologie par hasard, et en fait sa raison  d’exister. En empathie immédiate avec les peuples autochtones, elle est décidée à redécouvrir le passé, témoignage d’une vie ancienne qu’elle leur laisse. Adorée des Péruviens pour sa dévotion à protéger les célèbres géoglyphes, elle a même son image sur des billets de banque».

    Guillaume Gallienne, infatigable bosseur, a par ailleurs une actualité chargée entre théâtre, télévision et cinéma. Il va notamment jouer Hamlet à l’Odéon, reprend le rôle d'Argan dans Le malade imaginaire, vient de terminer une mini-série consacrée à Charles Dickens et tourne un film avec le réalisateur russe Andrei Serebrennikov.

    «Lady Nazca», à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 10 décembre. 

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  • Grand écran: Dreamers", touchante histoire d'amour entre migrantes queer. Un film fort et engagé

    Après avoir fui le Nigeria en raison de son homosexualité révélée, et vécu deux ans en Angleterre sans papiers, Isio (Ronke Adékoluejo), est arrêtée et emmenée dans un centre d’asile. Elle tient à observer strictement les règles dans l’espoir d’obtenir rapidement une audience à l’issue favorable. Alors qu’elle s’habitue à la vie du lieu, elle tombe amoureuse de Farah (Ann Akinjirin), sa charismatique compagne de chambre. Plus lucide, elle voit les choses très différemment. Pour Farah, il n’y a rien à gagner à se soumettre.  
     
    Isio en doute et se moque un peu des fantasmes d’évasion d’autres détenues avec qui elle se lie d’amitié. Mais lorsqu’elle se trouve elle-même rejetée à plusieurs reprises et que la promesse d’une nouvelle vie est menacée, elle se rend compte à son tour que pour survivre, il faut enfreindre les règles et trouver une autre voie. La sienne.
     
    Dans Dreamers, son premier film récemment primé au festival Everybody’s Perfect, la Nigériane Joy Gharoro-Akpojotor s’inspire de sa propre expérience du système d’asile britannique, pour évoquer le difficile parcours des demandeurs d'asile. Evitant le misérabilisme, elle propose une odyssée poétique visuellement très soignée, multipliant les séquences oniriques sur la quête de liberté, qui se gagne aussi grâce à l’imagination, le rêve. Comme dit Farah, elle commence dans la tête.
     
    Mêlant drame social et thriller, la réalisatrice raconte une bouleversante histoire d’amour et de libération intime derrière les barreaux, entre migrantes noires queer, contraintes à l’invisibilité dans leur pays où l’homosexualité est un crime. Un film fort, important, engagé, politique, prônant la dignité face à l’inhumanité d’un environnement hostile.
     
    A l'affiche dans les salles de Suisse romande, dès mercredi 10 décembre.
     

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  • Grand écran: sortir du cadre coûte cher à l'héroïne de "Love Me Tender", incarnée par la remarquable Vicky Krieps

    En quête d’indépendance, Clémence a tout lâché. Sa carrière d’avocate pour devenir écrivaine, son mari pour vivre sa sexualité. Mais tout bascule chez cette bourgeoise devenue précaire, quand elle annonce à Laurent, son ex, qu’elle est lesbienne et qu’il décide alors de lui retirer la garde de Paul, leur fils de huit ans. Dévastée, Clémence va devoir se battre pour cet être qu’elle adore.
     
    Magistralement porté par Vicky Krieps, Love Me Tender, le deuxième long métrage d’Anna Cazenave Cambet, est adapté du roman éponyme et autobiographique de Constance Debré, paru en 2020. Explorant l’amour sous différentes formes, l’identité, la liberté, l’auteure montre surtout une femme en train de se reconstruire physiquement et spirituellement. Ce désir de réinvention passe par la natation, que Clémence pratique assidûment tous les jours. Le film ouvre par de gros plans sur la nageuse, la suivant dans son élément, sous la douche, s’attardant sur son corps athlétique, harmonieusement sculpté par une discipline exigeante. Ce qui n’est pas pour déplaire à ses conquêtes féminines.
     
    Pitoyables accusations de l’ex-mari
     
    Entre brèves rencontres et relation plus suivie, on retrouve Clémence dans un café avec Laurent (Antoine Reinartz).  Ils tentent de rester en bons termes pour leur enfant. Lui est manifestement toujours amoureux. Elle non. C’est là qu’elle lui apprend qu’elle «vit des histoires avec des femmes». Il feint de l’accepter, mais blessé dans son orgueil, cet homme détestable à l’esprit étroit transforme très vite son dépit et sa rancœur en vengeance.
     
    Il va punir Clémence de son audace à se libérer de lui en usant d’une arme redoutable: leur fils qu’il manipule, dont il va la priver en le montant contre elle, lui reprochant de l’avoir délaissé pour s‘encanailler. Multipliant les dénonciations pitoyables, il n’hésite pas à l’accuser de pédophilie. Même si Clémence et le petit Paul continuent à s’aimer, leur relation pâtit de ces attaques perfides et des décisions qui en découlent. A cet égard, Anna  Cazenave Cambet dénonce la violence de la justice lors d’un divorce conflictuel, où l’homosexualité de son héroïne est utilisée contre elle. Comme s’il s’agissait encore d’un délit.  
     
    Cette brutalité s’étend au monde homophobe et misogyne qui entoure Clémence. Il ne comprend pas sa volonté d’être femme avant d’être mère. Son aspiration à l’émancipation, à une autre existence, à un autre amour, se heurte aux préjugés qui hélas perdurent. Love Me Tender montre le prix à payer pour les femmes qui sortent du cadre, n’entrent dans aucune case, s’affranchissent de la norme. Certaines scènes peuvent laisser imaginer une reconnexion mère-fils, notamment lors de rencontres parfois déchirantes sous surveillance. Mais à force de résistance inutile, Clémence capitule. Un renoncement qui sonne paradoxalement comme une renaissance lui permettant, dépouillée de toute convention, de mener enfin dans la joie la vie de son choix.
     
    A l’affiche dans les salles de Suisse romande, dès mercredi 10 décembre.

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