Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

le blog d'Edmée

  • Grand écran: "Les enfants vont bien", émouvant mélo familial porté par Camille Cottin. Rencontre avec le réalisateur Nathan Ambrosioni

    C’est l’été. Suzanne  (Julie Armanet), accompagnée de ses deux jeunes enfants, débarque à l’improviste chez sa sœur Jeanne (Camille Cottin). Celle-ci est totalement prise au dépourvu. Non seulement elles ne se sont pas vues depuis plusieurs mois mais Suzanne se comporte bizarrement. Elle paraît détachés, absente. Le lendemain matin, elle n’est plus là. Mais elle a laissé une lettre dans laquelle elle explique qu’elle a décidé de… disparaître!
     
    Sidérée, Jeanne se rend à a la gendarmerie, mais on lui apprend qu’aucune procédure de recherche ne pourra être engagée, Suzanne ayant volontairement et librement fait son choix, et donc exercé son droit à l’oubli. Célibataire, absorbée par son boulot, dépourvue de la moindre fibre maternelle, Jeanne se retrouve d’un coup avec deux neveux à charge, dans une situation a priori ingérable. C’est la panique, les questions qui se bousculent. Pourquoi sa sœur a-t-elle fait ce choix insensé ? Le pouvait-elle vraiment? Pourquoi lui avoir confié ses gosses, à elle qui n’en voulait pas? Envisage t-elle de revenir?  La police n’a-t-elle réellement aucun moyen d’intervenir?  
     
    La famille est un thème que le jeune réalisateur Nathan Ambrosioni avait déjà traité en 2023,  également en compagnie de Camille Cottin, dans Toni en famille. La, il observe le bouleversement brutal dans la vie de son héroïne soudain complètement déstabilisée, qui se demande comment elle va désormais pouvoir s’en sortir dans un quotidien chamboulé.

    Excellente Camille Cottin

    Tout en jonglant avec divers sujets complexes, sororité, maternité, intimité, passé familial, l’auteur propose paradoxalement un film simple, délicat, sensible, réaliste, porté par une excellente Camille Cottin dans un rôle écrit pour elle. Le cinéaste qui avoue avoir eu la chance qu'elle accepte, alterne les points de vue: ressenti de son personnage et regard des enfants. On est par ailleurs dans un drame inversé, .le récit commençant par le pire pour aller vers la lumière, la réparation. La vie qui avance.

    A seulement 25 ans, Nathan Ambrosioni signe son troisième film. Logique selon ses dires, lors d’une rencontre à Genève: «J’adore le cinéma et je ne sais faire que ça. Depuis l’âge de 12 ans, je mange, je dors, je me réveille, je pense cinéma. Il m’habite littéralement». 
     
    Petite précision. En français le film s’intitule Les enfants vont bien et en anglais Out Of Love. Quelle est la raison de cette différence? 
     
    En ce qui concerne l’anglais, c’est une idée de nos distributeurs. Le titre est ambigu car il peut signifier Sans amour ou Par amour. En français, il y a un contre-sens assez ironique, dans la mesure où ,dans le fond, Les enfants ne vont peut-être pas aussi bien que ça…
     
    D’où vous est venu cet intérêt pour les disparitions volontaires?
     
     D’un article paru en 2019, où une mère évoquait celle de son fils adulte. .Je ne cessais d’y penser, je voulais comprendre. Je trouvais cet acte terrible pour une mère. De surcroît, ma sœur est partie cette même année en Nouvelle-Zélande et n’est pas revenue. Je n’ai pas tout de suite fait le lien entre ces deux événements, mais petit à petit, j’ai eu envie de me pencher à nouveau sur la famille. Enfin il faut savoir qu’en France  il y a 15000 personnes par an qui s’évanouissent ans la nature. Un phénomène en soi suffisamment intrigant.

    Vous avez fait beaucoup de recherches. Est-ce vrai que la police ne peut pas enquêter sur ces affaires?
     
    Oui, pendant deux mois Je me suis entretenu avec des policiers des psychiatres. J’ai appris beaucoup de choses.  Ce qui m‘a frappé, c’est l’humanité de ces gens, au-delà des lois. Ils se sentent concernés, impliqués. C’est fort. Le film devait le montrer. Tout comme le droit à l’oubli, qui empêche effectivement d’ouvrir des enquêtes.

    Pourquoi avez-vous ajouté l’abandon d’enfants?
     
    Un scénario  c’est comme un personnage. IL faut bien le nourrir pour le faire mieux exister. Je prends toujours énormément de notes avant d’écrire. A un dîner, lors d’une rencontre, au travail. J’avais envie de raconter le rapport de ces femmes à la maternité, explorer ce lien, déconstruire certains schémas en évoquant notamment le fait qu’on accepte toujours mal qu’une femme ne veuille pas procréer. Cela pose des questions morales.
     
     Puisqu’on parle d’enfants, était-ce difficile de travailler avec eux ?
     
    Non, j’ai adoré. Ils étaient très investis.  En même temps il fallait évidemment les protéger, éviter de les traumatiser car il s’agit d’un film dur. On a procédé comme pour un jeu, mais très concret, de sorte que tout reste crédible.

    On devrait bientôt retrouver Nathan Ambrosioni, qui n’a pas attendu pour se remettre à l’écriture et qui mitonne cette fois un film d’horreur. «Ado, j’en ai réalisé des petits. J’aime me faire peur». 

    «Les enfants vont bien», à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 3 décembre. 

    Lien permanent 0 commentaire 0 commentaire
  • Grand écran: dans "Mektoub My Love: Canto Due", Kechiche navigue entre drame, vaudeville et soap opera

    En août dernier, à Locarno, on imaginait la grande foule pour la projection presse de Mektoub my Love : Canto Due d’Abdellatif Kechiche. Les fans surexcités saluaient la folle audace du directeur artistique Gina A.Nazzaro, qui avait sélectionné le sulfureux réalisateur en compétition après sa longue absence. Rappelons qu'il était tombé en disgrâce et déclenché une avalanche de polémiques suite au scandale cannois de 2019  Provoqué par la fameuse scène du long cunnilingus non simulé dans Mektoub My Love : Intermezzo

    Certes, Canto Due avait attiré plus de monde que d’ordinaire, dont des critiques étrangers dépêchés exprès par leur rédaction. Mais la salle du Teatro n’avait pas fait le plein. De surcroît, Kechiche était reparti les mains vides, alors qu’on lui prédisait un Léopard d’or. Un emballement un rien exagéré de notre part… 

    Il n’empêche. La sortie en salles du film fait figure d’événement. En France du moins. Kechiche poursuit sa sensuelle trilogie azuréenne avec ce dernier volet. L’histoire se déroule toujours à Sète, en cet été 1994, prétexte à une très belle photographie. L’auteur garde les fondamentaux, les réunions entre amis sur la plage, les scènes de danse, de nourriture. A son habitude, l’auteur déploie sa façon unique de capter l’énergie et le talent naturel de ses acteurs. On se tartine de crème solaire, on boit, on bouffe, on cause, on fait la fête. Une sensation d'être dans la vraie vie.  

    Fil conducteur Amin (Shaïn Boumedine), apprenti cinéaste. Le beau gosse objet de désir revient dans sa ville après ses études à Paris. Un producteur américain (Andre Jacobs), en vacances dans une luxueuse villa, s’intéresse par hasard à son projet, Les Principes essentiels de l’existence universelle, et souhaite que sa femme Jess (Jessica Pennington, image ci-dessus), star anglo-saxonne d’une série à succès, Les Braises de la passion, en soit l’héroïne. Les voies du destin sont pourtant impénétrables…

    Exit le scandale

    Au centre du récit, la gloutonne Jessica, qui ne cesse de se goinfrer de couscous, fait partie avec André Jacobs des nouveaux personnages gravitant autour des anciens, qu’on retrouve à peu près là où on les avait quittés. A l'instar de Shaïn Boumedine, Ophélie Bau, Salim Kechiouche, Hafsia Herzi. Ou encore Roméo De Lacour (comédien, resté habillé lui, au coeur de la  scène d'Intermezzo).

    Mais disons-le tout de suite, exit le scandale en raison d’un Kechiche étonnamment peu provocateur. Canto Due, suite directe de Canto Uno, se démarque notablement d'Intermezzo. Pas de boîte de nuit (lieu qui constituait l’essentiel ou presque du deuxième volet), donc moins de bruit, moins de male gaze sur les corps féminins, beaucoup moins de sexe, à part une séquence carrément banale. 

    En revanche place à l’humour, le plus souvent aux dépens du couple hollywoodien moqué et critiqué. Au fil d’une intrigue qui varie les styles, parfois farfelue et vaudevillesque, on navigue entre drame et soap opera. Avec rebondissements et montée relative de la tension, jusqu’à une fin frustrante mais ouverte. Annonciatrice d’un nouveau chapitre? Affaire à suivre. 

    A l’affiche dans les salles de suisse romande dès mercredi 3 décembre.

    Lien permanent 0 commentaire 0 commentaire
  • Grand écran: avec "Salut Betty", Pierre Monnard se lance sur les traces du mythe culinaire helvétique

    Notamment auteur du triomphe helvétique Les Enfants du Platzspitz en 2020, trois fois récompensé pour Bisons lors des Prix du cinéma suisse l’an dernier, Pierre Monnard propose un nouveau long métrage, Salut Betty, qui connaît déjà un gros succès chez les Alémaniques. Issu d’une famille 100% Betty Bossi, à commencer par lui-même, comme il l’avoue, le réalisateur fribourgeois s’est intéressé à Emmi Creola-Maag (Sarah Spale), la vraie femme qui se cache derrière le mythe culinaire national.

    Nous sommes dans les années 50. Emmi Creola, une Zurichoise mariée et mère de trois enfants, travaille comme rédactrice dans une agence de publicité, où elle est chargée de promouvoir des huiles alimentaires. Aussi créative que combative, lassée d'écrire toujours les mêmes textes, c’est là qu’elle invente le personnage fictif de Betty Bossi, parfaite ménagère et cuisinière hors pair. Une idée de génie, donnant à Pierre Monnard celle de retracer son parcours et celui de sa créatrice. 

    Avec Salut Betty, le cinéaste brosse le portrait d’une femme, influenceuse avant l’heure, qui a réussi à s’imposer dans un univers masculin, pour ne pas dire macho. A concilier, malgré la fatigue, ses vies professionnelle, familiale et conjugale. Il nous raconte aussi une histoire d’amour. Aux côtés d’Emmi, on découvre en effet son mari Ernst (Martin Vischer), un homme progressiste, qui n’a cessé d’encourager sa femme, n’hésitant pas à partager les tâches ménagères.  

    Entre société s'ouvrant à la consommation et émancipation féminine, Pierre Monnard livre ainsi une sympathique comédie populaire. On en relèvera l’interprétation, l’humour, le soin apporté aux décors et aux costumes. Mais on l’aurait souhaitée plus épicée, en raison de l’étonnante trajectoire de son héroïne. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 26 novembre.     

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine 0 commentaire 0 commentaire