«Mon héros est pauvre, noir, gay… C’est ma vie», relève dans divers interviews Barry Jenkins, 37 ans, le réalisateur de Moonlight. Enfant noir de Liberty City, un quartier défavorisé de Miami, orphelin de père, vivant avec sa mère toxico, harcelé par ses camarades, le jeune Chiron n’a pas d’ami à part Juan, un caïd de la drogue qui le protège et devient un père de substitution. De surcroît, il devra assumer son homosexualité dans un environnement hostile.
En découvrant ce scénario, on pouvait craindre le pire. C’est le contraire absolu. Marqué par la grâce avec des scènes qui vous touchent au cœur par leur bouleversante simplicité, dont celle symbolisée par la photo ci-dessus, Moonlight est un film rare, à contre-courant, privilégiant une approche poétique, empathique, sensuelle.
Sans se laisser aller à la dramatisation hollywoodienne, son auteur propose une mise en scène dépouillée, stylisée, explorant avec finesse les rapports humains et les préférences sexuelles. Ces qualités lui ont d’abord valu le Globe du meilleur film, puis trois Oscars: meilleur film, meilleur second rôle attribué à Mahershala Ali (l'homme sur l'image) et meilleure adaptation.
Trois périodes-clés avec d'excellents comédiens
Le film est tiré de la pièce de Tarell Alvin McCraney In Moonlight, Black Boys Look Blue. Le dramaturge a aussi grandi dans le ghetto de Miami, au moment où l’arrivée du crack faisait des ravages dans les années 80. Egalement fondé sur la propre histoire difficile de Barry Jenkins, cet opus sous haute tension se divise en trois chapitres.
Ils évoquent trois périodes-clés de l’existence d’un être déchiré qui cherche sa place dans le monde, en commençant par se battre contre la dureté de sa mère et sa sexualité naissante. Une douloureuse quête d’identité faite de rejets, brimades et insultes qui finiront par le mener à l’acceptation de soi.
Chiron, c’est d’abord Little, un enfant mutique au visage triste qui se cache pour échapper aux copains qui le pourchassent. Puis un adolescent replié sur lui-même qui récupère son prénom, Chiron, persécuté pour sa différence.
Et enfin un adulte, Black, devenu dealer à son tour, ultra viril avec ses muscles sa chaîne et ses dents en or. Mais toujours livré à ses démons et demeuré ce petit garçon demandant, tout en craignant de le savoir, ce que signifie «faggot». Une troisième partie que les non-dits rendent encore plus émouvante.
Outre par Mahershala Ali cité plus haut, Moonlight est porté par trois excellents comédiens, Alex R. Hibbert, Ashton Sanders et Trevante Rhodes (photo), chacun exprimant à sa façon les contradictions, l’introversion, les fêlures et les souffrances aux trois âges de de Chiron.
A noter que le casting est entièrement noir. Barry Jenkins n’y voit aucun problème, car il n’a pas connu de blancs avant d’entrer à l’université! «S’il avait fallu en créer pour une question de représentation, cela n’aurait eu aucun sens. Ce n’était pas une intention mais le respect du monde de mon personnage».
A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 15 mars.
Plongée dans les arcanes de Washington avec Miss Sloane, belle, brillante et sans scrupules. Lobbyiste professionnelle dans la capitale américaine, grassement payée par de puissants groupes de pression, cette talentueuse et fascinante stratège n’hésite pas à user de n’importe quel moyen pour influencer les élus à voter pour ou contre des lois, selon les intérêts de ses clients.
Elles étaient exceptionnellement douées et on ne le savait pas. Du moins en ce qui me concerne. J'ignorais en effet tout de Katherine Johnson, Dorothy Vaughn et Mary Jackson, ces trois incroyables scientifiques afro-américaines travaillant dur pour la Nasa, aspirant à l’égalité des chances et à un salaire décent. Mais victimes de préjugés racistes, elles ont dû se battre pied à pied pour faire reconnaître leur talent