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le blog d'Edmée - Page 117

  • Festival de Cannes: une 74e édition en manque de Palme d'or indiscutable

    Particulière, cette course à la récompense suprême, qui se termine ce soir avec la proclamation du palmarès par le président du jury Spike Lee et ses camarades. Alors qu’on s’attendait à une géniale découverte après toute cette attente et ces frustrations covidiennes, aucune Palme d’or indiscutable ne se dégage vraiment des 24 œuvres en lice pour la décrocher. 

    Et pourtant que ce fut dense. Plus spécialement en deuxième semaine on avait carrément passé la vitesse supérieure avec une quinzaine de films au menu. Avec Benedetta de Paul Verhoeven, Tout s’est bien passé de François Ozon, Bergman Island de Mia Hansen-Love  Drive my car de Ryusuke Hamaguchi dont on a déjà parlé, on en a retenu quelques autres susceptibles de toucher le jack pot, ou du moins de figurer au palmarès.  

    A commencer par Jacques Audiard qui, six ans après le triomphe contesté de Dheepan, opère une véritable mutation dans Les Olympiades, son premier film en noir et blanc somptueux, co-écrit avec Céline Sciamma et Lea Mysius. Librement inspiré de trois nouvelles graphiques de l’Américain Adrian Tomine, le film se déroule dans le quartier chinois du 13e arrondissement de Paris.

    Traitant du polyamour dans cette effervescente comédie romantique,  Audiard se livre à une étude de moeurs en radiographiant finement des âmes, des cœurs et des corps. Il suit quatre jeunes gens, trois filles et un garçon, dont les parcours se croisent et les désirs s’entrecroisent. Le tout sur fond de nouvelles technologies permettant des rencontres, du harcèlement ou des ébats pornos en ligne.  

    France de Bruno Dumont avec une Léa Seydoux époustouflante 

    On  est très séduit par Bruno Dumont, qui lui aussi change radicalement de registre avec France, satire féroce de la célébrité, où il flingue à la fois joyeusement et gravement une  mise en scène télévisuelle obscène de l’actualité. Poussée dans ses limites par sa délirante assistante (Blanche Gardin), Léa Seydoux décoiffante en vedette cynique de Regard sur le monde, émission phare d’une chaîne d’info en continu qui donne dans le journalisme d’une rare indécence. 

    On la voit jubiler à l’idée de déstabiliser Macron ( un montage sur des images du chef de l’Etat), danser parmi les bombes, diriger des rebelles comme au théâtre pour que ça passe mieux, ou embarquer faussement sur un bateau de migrants dont elle évoque le tragique destin, les larmes aux yeux. Sa prestation, la montrant aussi victime du système dont elle fait partie, pourrait lui valoir un prix d’interprétation. 

    Compartment No 6, une histoire simple

    On a un faible pour Compartment N0 6 du Finlandais Juho Kuosmanen. Présent  pour la première fois en concours, il ne se prend pas la tête pour raconter une histoire simple son histoire. Laura, une jeune étudiante finlandaise à Moscou, passionnée par les pétroglyphes du néolithique de Mourmansk, aurait dû s’y rendre avec Irina, son amoureuse. 

    Mais celle-ci a d’autres projets et Laura est obligée de faire ce très long voyage seule. Dans le train, elle doit partager son compartiment avec un inconnu fortement alcoolisé qu’elle a une grande envie de fuir dans un premier temps. Mais cette cohabitation forcée, propice à une série de péripéties, va peu à peu rapprocher ces deux êtres que tout sépare.

     De Srebrennikov à Weerasethakul en passant par Farhadi et  Anderson 

    Mais si on a nos favoris, il en existe plein d'autres pour les critiques.  Par exemple Petrov’s Flue  de Kiirill Srebrennikov. Un film russe fou à la mise en scène hallucinante, racontant l’histoire dingue de Petrov, auteur de BD. Affaibli par une grosse fièvre, il est entraîné par son mari Igor dans une déambulation aussi démente qu’alcoolisée entre rêve et réalité. Monstrueux et complexe. 

    Certains ne jurent que par Memoria du Thaïlandais Apichatpong Weerasethakul. Palme d’or en 2010 pour Oncle Boonmee, il revient sans surprise avec un film contemplatif, magnifique et ésotérique. Il commence par un étrange, puissant et mystérieux boum que Jessica (Tilda Swinton) est la seule à entendre à n’importe quel moment du jour et de la nuit. Les médecins peinent à l’identifier. Initiée par un chamane, elle finira par découvrir l’origine de ce son qui la hante. 

    Sérieux client pour de nombreux critiques Un héros d'Ashgar Farhadi. Pour la quatrième fois en concours, l’Iranien nous plonge dans un imbroglio sans créativité, Autorisé à sortir un week-end de la prison où il est enfermé pour une dette qu’il n’a pas honorée, Rahim ne sait pas comment rembourser son créancier. A la suite d’une manipulation douteuse, qui le fait pourtant passer pour un héros, il s’enferre dans ses mensonges, compromet des gens et se met sa famille à dos. On n’adhère pas. 

    De leur côté, les fans de Wes Anderson misent sur leur idole, de retour sur la Croisette avec The French Dispatch,  rendant hommage à une presse et une France rêvées. L’affiche est prestigieuse (Murray, McDormand, Swinton, Brody, Seydoux, Amalric. Chamalet) et on ne peut nier que le cinéaste a un style visuel unique. Il crée par ailleurs un univers dont beaucoup raffolent. Ce qui n’est pas notre cas. 

    Enfin, si on veut du clivant, pourquoi pas Titane, de  la Française Julia Ducournau? Il y en a qui  placent très haut l'opus de la jeune réalisatrice qui, fascinée par la mutation des corps, la fusion entre la chair et le métal, questionne les thèmes de l'identité, de la filiation et du genre

    Qu’en pensera le jury ? On verra bien.  On espère juste qu'il oubliera Flag Day de Sean Penn, pour nous le plus mauvais film de la compétition.

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  • Festival de Cannes: "De son vivant", récit poignant face à l'inéluctable. Avec Catherine Deneuve et Benoît Magimel

    Après François Ozon  (Tout s’est bien passé), Catherine Corsini (La fracture), Emmanuelle Bercot nous immerge à son tour entre les murs d’un hôpital avec De son vivant, présenté hors compétition à Cannes.  

    La réalisatrice française livre le récit poignant d'une fin de vie. On y retrouve Catherine Deneuve, qui faisait sa première apparition publique 18 mois après son accident vasculaire. La Croisette lui a réservé un accueil follement enthousiaste, ainsi qu’au film où elle incarne la mère de Benjamin, un professeur de théâtre de 39 ans (Benoît Magimel).

    Atteint d’un cancer particulièrement agressif, il ne lui reste que peu de temps pour ranger le bureau de sa vie, l’expression favorite de son médecin, le dévoué, empathique, philosophe, Gabriel Sara. Véritable oncologue à la ville, il sait, avec son humour, sa douceur, son honnêteté devant l’inéluctable, transformer l’ambiance anxiogène des lieux en de joyeux et chaleureux instants.

    Sans détour ni pathos

    Emmanuelle Bercot aborde sans détour ni pathos la question de la maladie, de la mort, de la souffrance, de l’accompagnement et du soutien des proches engagés avec le malade dans un parcours des plus douloureux.

    Très réussi en dépit de quelques ficelles, ce mélodrame doit évidemment beaucoup à ses acteurs. Catherine Deneuve en mère courageuse mais inquiète, désemparée et démunie face à la détresse de son fils nous émeut, et on est surtout frappé au cœur par l’interprétation magistrale et déchirante, d’une rare intensité, de Benoît Magimel.

    Un moment fort

    Impossible de ne pas verser une petite larme en le voyant dans le déni, se révolter et lutter désespérément, avant d’apprivoiser sa mort-avec une rare dignité. On retiendra également la prestation de la toujours lumineuse Cécile de France, infirmière adorable, pleine de tendresse et de compassion.

    Pour Emmanuelle Bercot, ce film qui parle de la mort est un hymne à la vie. Même si elle dépeint un monde idéal où on peut y voir un conte si on en a envie, comme elle le dit elle-même, ce fut un moment fort du festival.    

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  • Festival de Cannes: de la Suède au Japon en passant par l'Italie

    Un couple de cinéastes américains, Chris et Tony (Vicky Krieps/Tim Roth) débarque sur l’île de Farö en Suède où vécut Bergman. Elle est devenue un lieu de culte pour les amoureux du cinéma et plus particulièrement pour les inconditionnels du maestro aux 60 films et aux neuf enfants de six femmes différentes… 

    Chris et Tony qui s’aiment depuis longtemps mais vivent plutôt comme des amis, voir des rivaux, s’installent pour écrire un scénario, chacun de leur côté. Ils dorment même dans la chambre où fut tourné Scènes de la vie conjugale, «le film qui a fait divorcer des millions de personnes...»

    Alors que leur histoire respective avance. Chris décide de raconter la sienne à Tony, une comédie romantique contrariée, qui prend forme à l’écran. Réalité du couple et fiction se mêlent, l’héroïne de Chris étant hantée par un premier amour qu’elle n’a jamais pu oublier. 

    On aurait pu craindre que ce film dans le film nuise à la fluidité du récit. Il n’en est rien, Avec Bergman Island, Mia Hansen-Love propose un magnifique opus limpide et plein de grâce. Il est en plus éclairé par la joyeuse et irrésistible Vicky Krieps, qui donne la réplique à un Tim Roth parfait dans le rôle du mari à l'air calme, désinvolte,  toujours maître de lui.  Un candidat sérieux au palmarès.

    Avec Tre Piani, Nanni Moretti déçoit un peu

    Si Mia Hansen-Love a sans doute signé son meilleur film, ce n’est pas le cas de Nanni Moretti, de retour en compétition avec Tre Piani, mélodrame choral, adapté d’un romande l’israélien Eshkol Nevo. On y suit la vie des habitants d’un immeuble romain, transformée de différentes façons par une série d’événements, à commencer par un accident de voiture mortel.
    En trois chapitres se déroulant sur dix ans, Nanni Moretti brasse plusieurs thèmes, une justice à deux vitesses, le deuil, la réparation, un soupçon d’abus sexuel. Si le réalisateur italien est une valeur sûre, on est quand même déçu. Il serait étonnant qu’il parvienne à décrocher une deuxième Palme d’or, vingt ans après La chambre du fils. 

    Drive my car, road movie envoûtant, romanesque et mystérieux

    Oto est scénariste. Elle invente des histoires, Yusuke Kafuku, acteur et metteur en scène de théâtre les transforme. Le couple apparaît indiscutablement et profondément lié. Un jour pourtant, l'homme surprend sa femme faisant l’amour avec un autre. Elle ne le voit pas, il garde la chose pour lui. Jusqu’au drame...  

    Alors qu'il n'arrive toujours pas à s’en remettre, Yusuke accepte de monter Oncle Vania dans un festival, à Hiroshima. Il y fait la connaissance de Misaki, une jeune femme modeste et réservée qu'on lui a assignée comme chauffeure. Entre Yusuke tourmenté en quête de vérité, de rédemption et Misaki, victime d'une enfance douloureuse, l'amitié naît au fil des trajets. Elle leur permettra de faire face ensemble à leur passé. . 

    Drive my car de Ryusuke Hamaguchi est adapté d’une novelle éponyme d’Haruki Murakami. Poursuivant sa quête esthétique, le réalisateur japonais nous emmène dans un voyage de trois heures qu'on sent à peine passer. Un road movie envoûtant à la fois romanesque et mystérieux qu’on souhaite voir remporter un prix.

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