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Sorties de la Semaine - Page 273

  • Cinéma: Black de choc dans "Bande de filles". La réalisatrice Céline Sciamma nous en parle

    7306502[1].jpgLe film ouvre sur un match de football américain musclé, où s’affrontent des Black plutôt costaudes. Une façon d’annoncer la couleur sur fond de banlieue et de guerre des sexes pour Céline Sciamma qui, après Tomboy, revient à l’adolescence avec Bande de filles.

    Dans son troisième long-métrage, elle suit Marieme, 16 ans, en butte à une succession d’impasses et d’interdits. En échec solaire, en rupture avec sa mère, elle s’occupe de ses deux petites sœurs et subit les brutalités de son grand frère dans un quartier où les mâles font la loi.

    Jusqu’au jour où elle rencontre Lady et deux autres loubardes noires, Adiatou et Fily, avides de s’émanciper du rôle archaïque assigné par les mecs. Sous le nom de Vic, Marieme rejoint le trio de frondeuses, se coule dans le moule, se virilise et découvre la saveur de la liberté entre combats de rues et virées à Paris, dont une soirée déjantée dans une chambre d’hôtel. Mais en s’échappant de chez elle, elle tombe sous une autre emprise…

    Juger n’est pourtant pas le but de Céline Sciamma dans cet opus physique, qui tient du grand roman d’apprentissage universel et intemporel, où elle sort du strict sujet de société. Tout en évitant l’exotisme, elle révèle de sulfureuses beautés non professionnelles au corps de rêve. Et qui se donnent à fond, à l’image de la féline Karidja Touré, qui est de tous les plans. Elle est entourée d’Assa Sylla (Lady) Lindsay Karamoh (Adiatou) et Marietou Touré (Fily)

    3175223045_1_8_7xc8UT3P[1].jpgSélectionné en ouverture de la Quinzaine cannoise des réalisateurs en mai dernier, Bande de filles avait reçu un accueil à la hauteur de l’attente qu’il avait suscitée .De quoi ravir Céline Sciamma (photo), récemment rencontrée à Genève. 

    "Mes films précédents traitaient de l’intime, celui-ci évoque l’altérité. Des filles que je croise tout le temps aux Halles, dans le métro, Gare du Nord, qui occupent l’espace public, vivent en groupe, dansent, chahutent. Mais on ne les voit jamais sur grand écran".

    -Comment les avez-vous choisies?

    -Nous nous sommes lancées dans un vaste recherche de quatre mois avec Christel Barras, ma directrice de casting, entre les agences, les cours de théâtre et la rue. Nous avons auditionné environ 150 filles, dont beaucoup étaient des candidates possibles.

    -Bande de filles est un film engagé dans tous les domaines. 

    -Absolument. Il n’y a pas de frontières entre l’émotionnel, la politique et l’esthétique dans cette chronique d’une amitié. Je veux montrer comment le groupe permet d’exprimer des sentiments de solidarité, la sororité. Je questionne aussi l’origine de la domination. Marieme refuse le modèle de la précarité, la violence sociale. Elle refuse d’être le larbin de quiconque, même si elle doit s’adapter au code de la rue en livrant de la drogue.

    -La meneuse du groupe, Lady, organise des combats entre filles. Vous souhaitiez montrer leur violence?

    -Oui et me livrer du coup à une réflexion sociologique. Je me suis documentée sur le sujet. J’ai découvert que contrairement à ce qu’on nous laisse croire, les filles ne sont pas plus brutales et les bandes pas plus nombreuses qu’avant. Ce sont des légendes urbaines qui arrangent tout le monde.
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    -Vous donnez à voir un côté graphique, stylisé de la banlieue.

    -J’aime aller où ça bat fort. C’est de là que je viens et je regarde les endroits dans leurs potentialités. Le quartier que je décris, Bagnolet, existe dans son intégrité. Il y a une grande pensée urbanistique.

    -J’ai lu que vous avez entretenu un rapport de rituel presque religieux avec le cinéma.

    -C’est vrai, il s'gisait d'une quête encyclopédique, à 13-14 ans. Une forme de fétichisme. Je m'y rendais trois fois par semaine. Seule. Le cinéma m’a structurée. Toute ma vie était organisée autour. Il fallait gagner de l’argent pour payer le billet. Acheter une mobylette...

    -Comment envisagez-vous la suite?

    -J’en ai fini avec l’enfance et l’adolescence. J’ai envie d’autre chose, de travailler avec des professionnels. Les actrices qui m’intéressent, ce sont les jeunes qui montent, Anaïs Demoustier, Adèle Haenel, Céline Sallette. Car je continuerai avec la création de l’identité féminine. J’imagine un thriller fantastique féministe.

    Film à l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 29 octobre.
     
     


     

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  • Cinéma: "Fury", avec Brad Pitt reparti combattre les nazis

    1310958907182_ORIGINAL[1].jpgAprès Inglorious Basterds de Quentin Tarantino, Brad Pitt retourne combattre les nazis dans Fury. Le film de David Ayer se déroule en avril 1945, alors que la guerre est quasiment finie et le régime hitlérien moribond. Mais dans un ultime assaut, les troupes tentent de barrer la route de Berlin aux Alliés.

    A bord d’un tank Sherman, un petit groupe d’Américains menés par l’inflexible et courageux sergent Wardaddy, vont s’aventurer, mission suicide, bien au-delà des lignes ennemies. La caméra les suit pendant 24 heures cruciales où ils vont tout tenter pour anéantir un adversaire dont la puissance de tir les dépasse.

    Et c’est parti pour plus de deux heures de violence sanglante sous un déluge de feu pour cette histoire vraie tirée d’un épisode inédit de la Deuxième Guerre mondiale. Un film hyperréaliste avec une scène d’ouverture effrayante montrant un cavalier allemand errant dans un décor apocalyptique et cruellement  achevé au couteau.

    Des cadavres de civils pendus à des poteaux électriques, des corps écrasés dans la boue, un amas de carcasses d'acier, le ton est donné. Et le mot d’ordre clair pour les hommes coincés dans l’habitacle confiné et anxiogène de Fury, le nom du char d’assaut: massacrer le plus d’Allemands possible, tous désignés comme autant d’immondes salopards.

    Un récit initiatique

    Au-delà de l’affrontement entre le bien et le mal cher à l'oncle Sam, de l’excès de patriotisme et de citations bibliques, David Ayer, à qui l’on doit notamment End Of Watch sur le quotidien de deux flics à Los Angeles, propose un récit initiatique en évoquant la transformation radicale de l’individu par le combat. En l’occurrence celui d’un tout jeune homme (Logan Lerman) dactylographe inoffensif devenu une bête à tuer.

    Car il s’agit de survivre, la seule gloire dans ce film de guerre vu sous un angle original. D'une rare brutalité, explosif, macho, Fury jouit d'une mise en scène efficace et de séquences impressionnantes, surtout pour qui aime le genre. David Ayer s'est également entouré de bons comédiens. A côté d’un Brad Pitt le visage couturé, le corps marqué, convainquant en chef impitoyable sujet à quelques accès d’humanité, et de Logan Lerman psychologiquement traumatisé et rendu à l’état sauvage, on trouve encore Shia Labeouf, Michael Pena et John Bernthal.

    Film à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 22 octobre.

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  • Cinéma: la magie de Woody Allen dans "Magic In The Moonlight"

    19421449.jpg-cx_160_213_x-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx[1].jpgUn magicien du cinéma captivé depuis l’adolescence par la magie nous raconte l’histoire d’un autre magicien qui ne supporte pas les spirites qu'il traite de charlatans. C’est avec cette intrigue baignant dans les années 20, que Woody Allen opère un retour… magique sur les écrans pour nous bercer d’une nouvelle et merveilleuse illusion.

    Au centre de l’intrigue se trouve le célébre prestidigitateur chinois Wei Ling Soo, sous lequel se cache Stanley Crawford, un arrogant misanthrope anglais psychorigide. 

    Persuadé par son fidèle et unique ami Howard Burkan qu'il y a anguille sous roche, notre grincheux British décide de partir dans le sud de la France pour y démasquer Sophie, une jeune medium prétendant connaître l’avenir. Et qui, avec la complicité de sa mère, arnaque les Catledge, une richissime  famille d’une rare crédulité.

    Car évidemment, Stanley Crawford est placé pour le savoir, dans la magie il y a toujours un truc. Mais Sophie se montre si professionnelle, intelligente et intuitive, que le rationnel Stanley tombe malgré ses certitudes sous le charme de la ravissante créature. Au point de se faire abuser. Ou presque... 

    De notre côté, on se laisse séduire avec le plus grand bonheur par le génial cinéaste, qui nous livre une irrésistible et jubilatoire comédie romantique, pimentée de fantaisie, de malice, d’humour. Sans oublier cette touche de surnaturel qui lui a si bien réussi dans Minuit à Paris, La rose pourpre du Caire ou Alice.

    imagesCAEU8VDD.jpgMagic In The Moonlight est un petit bijou où Woody Allen parle à l’évidence de lui-même en mettant en scène ce magicien ratiocineur et amoureux, tandis qu'il rend hommage à une époque fascinante à travers la musique, les décors idylliques, les costumes.

    S’y ajoutent une magnifique photographie un marivaudage d'une légèreté inimitable, des dialogues piquants, ciselés et, cerise sur ce savoureux gâteau, d’excellents acteurs. Colin Firth est parfait un vieux ronchon pris dans les filets de la délicieuse, lumineuse et solaire Emma Stone.

    Film à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 22 octobre.

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