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  • Grand écran : Avec "Rapito", Marco Bellochio propose une fresque historique lyrique et puissante

    Marco Bellochio, sélectionné pour la Palme d’or en mai dernier à Cannes deux ans après avoir reçu celle d’honneur pour l’ensemble de sa carrière,  se penche encore une fois sur l’histoire tourmentée de son pays. Avec Rapito (L’enlèvement), ignoré par le jury, il propose un drame historique lyrique et puissant, situé en 1858 et qui se déroule dans le quartier juif de Bologne. 

    Sur ordre du cardinal, les soldats du pape débarquent dans la famille Mortara pour enlever leur fils de 7 ans, Edgardo, sous prétexte qu’il a été baptisé en secret par sa nourrice.  De ce fait, il  doit recevoir une éducation catholique conformément à la loi pontificale, sous peine d’être considéré comme apostat. . 

    L’affaire avait fait scandale au-delà des frontières italiennes

    Ravagés par la douleur et le chagrin, ses parents tentent l’impossible pour le récupérer. Ils sont soutenus  par l’opinion publique  de l’Italie libérale et  la communauté juive internationale,  leur combat intime prenant rapidement une dimension politique.  Mais l’Eglise et le pape  refusent de rendre l’enfant pour tenter de maintenir un pouvoir de plus en plus vacillant. 

    De cette affaire qui fit scandale bien au-delà des frontières, Marco Bellochio tire une grande fresque baroque sur fond d’hérésie chrétienne, dont on retiendra par ailleurs l'excellente interprétation.. Tout en se moquant de la rigidité, du puritanisme, de l’intransigeance d’une Eglise coercitive, il brosse un portrait féroce d’un pape réactionnaire, représentant d’un conservatisme qui empêche le pays d’avancer.

    Un parcours symbolique des déchirements du pays

    Prétendument bon, il se révèle irascible, revêche et capricieux. Grotesquement caricaturé dans les journaux, il aime humilier son entourage, forçant les représentants juifs à embrasser ses chaussures, ou obligeant Edgardo, devenu adolescent sons la tutelle de l’Eglise, à dessiner des croix sur le sol avec sa langue, en guise de soumission. 

    Même s’il ne renie pas sa famille, le garçon va peu à peu oublier son histoire et sa religion, un parcours symbolisant les déchirements  d’un pays, captés par l’infatigable cinéaste de 83 ans. Bellochio aborde et mêle avec sa maestria habituelle des thèmes aussi divers que le dogme, la foi, le pouvoir, la résistance, le mensonge ou l’injustice,.  

    Film à l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 1er novembre.

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