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  • Grand écran: "Navalny", le célèbre opposant qui affronte Poutine. Un documentaire captivant

    Il est devenu un  tel ennemi pour Vladinmir Poutine, que le tout puissant chef du Kremlin refuse de prononcer son nom en public. Cet homme, brillant et charismatique avocat de 45 ans,  c’est Alexei Navalny, chantre de l’anti-corruption dont l’existence est sans cesse menacée et à qui le Canadien Daniel Roher consacre un captivant documentaire, simplement intitulé Navalny. 

    Construit à la manière d’un haletant thriller politique, il a été tourné à la suite d’une rencontre du réalisateur et du chercheur et  journaliste d’investigation bulgare Christo Grozev avec Navalny,  dans un village allemand de Forêt noire. L’opposant était allé s’y reposer pendant quelques mois pour récupérer de son empoisonnement lors d'un voyage en Sibérie, le 20 aout 2020,  par le  Novichok, un redoutable agent neurotoxique.   

    Après une brève introduction mettant notamment en cause une allégeance de Navalny à l’extrême-droite avec laquelle il a pris ses distances depuis 2014 et l’annexion non cautionnée de la Crimée, le film raconte comment le plus grand opposant à Poutine, capable de soulever des foules, se révèle être un gros souci pour le gouvernement. L’œuvre est ainsi centrée sur la tentative d’assassinat du célébrissime militant, racontant  ce qui s’est passé après y avoir miraculeusement survécu  et essayant, avec son équipe, de découvrir qui est derrière. 

    On frise le surréalisme

    Démêlant le complot d’une façon confondante après des recherches approfondies dans le dark web, Christo Grozev, dirigeant des enquêtes en Russie par le réseau Bellingcat et se définissant lui-même comme un nerd informatique,  réussit à découvrir l’identité de plusieurs agents du Service fédéral de la sécurité. On apprend qu’une équipe de tueurs du FBS, autrefois dirigé par Poutine, aurait placé le poison mortel sur un caleçon de Navalny dans sa chambre d’hôtel en Sibérie. 

    C’est là qu’on assiste à une scène carrément surréaliste. Navalny se fait passer au téléphone avec l’un des auteurs présumés pour un assistant du secrétaire de sécurité et obtient une explication aussi ahurissante que détaillée de son interlocuteur... Cela n’ empêche pas le Kremlin de nier depuis lors toute  tentative de meurtre. Poutine que l’on voit dans une conférence de presse, déclare: "Si quelqu’un l’avait voulu, il l’aurait menée jusqu’au bout". L’Etat dément par ailleurs posséder le Novichok, qui serait pourtant particulièrement apprécié du tsar.  

    Des moments ahurissants

    Ces séquences sont sidérantes,  comme celle où Navalny de retour de Sibérie, s'effondre dans l’avion, se tordant et hurlant de douleurs avant un atterrissage d’urgence à Omsk et son transport l’hôpital. Ou encore celle de sa femme Yulia, s’obstinant à questionner les médecins et tentant tout pour faire transférer son mari à Berlin. 

    Mais au-delà, le film de Roher montre le courage insensé de Navalny qui, au mépris du danger, sachant ce qui l’attend, retourne à Moscou  au début de l’année dernière. Accueilli par l’immense foule de ses partisans  qu’il appelle à ne pas avoir peur et à protester contre la guerre, le fougueux leader de l’opposition est aussitôt arrêté. Il sera ensuite condamné à deux ans et demi de prison pour non respect d’un contrôle judiciaire auquel il était soumis depuis 2014.  

    A L’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 18 mai, ce passionnant et puissant film témoignage est à voir absolument. 

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  • Festival de Cannes: "Coupez!", l'irrésistible comédie de Michel Hazanavicius, ouvre le bal

    Une comédie en ouverture de la plus prestigieuse grand-messe de la pellicule, ce n'est pas si fréquent. Irrésistible qui plus est. Présentée sur la Croisette juste avant sa sortie aujourd’hui en salles, on la doit à Michel Hazanavicius, dont on avait particulièrement aimé Le redoutable, impertinent portrait d'un Jean-Luc Godard en panne d'inspiration. Là, il nous scotche avec Coupez!, le tournage en temps réel d'un film de zombies qui tourne au cauchemar, quand de vrais morts-vivants attaquent les comédiens!

    Intitulé au départ Z (comme Z) et rebaptisé Coupez! à la requête des cinéastes ukrainiens soulignant l'utilisation d'un symbole de soutien à la Russie dans la guerre, ce film jubilatoire est un remake de  Ne Coupez pas! du Japonais Shin'ichirô Ueda. Et pourtant, au début, on craint le pire. Du coup, il est chaudement recommandé aux adeptes moyens du genre de s’accrocher pendant la  première demi-heure. Car tout est nul, moche, raté, débile, qu’il s’agisse de l’intrigue, des acteurs et du réalisateur complètement dépassé par les événements.  

    A se demander où Michel Hazanavicius veut en venir. Et juste au moment où on est à deux doigts de renoncer en se disant qu'on va difficilement supporter une suite de cet acabit pendant encore plus d'une heure, le facétieux et habile auteur change radicalement la donne. Un coup de maître! Le tournage faussement bricolé avec des bouts de ficelles devient un film à la structure aussi surprenante qu'impressionnante et exigeante, Hazanavicius nous expliquant le pourquoi du comment du naufrage, dans un inénarrable making of qu’on vous laissera découvrir… 

    Menée à un rythme d’enfer, cette comédie cocasse, drôle, absurde, délirante, déclaration d'amour au cinéma, est de surcroît portée par les excellents et désopilants comédiens Bérénice Bejo, Romain Duris, Finnegan Oldfield, Grégory Gadebois, qui se donnent corps et âme!  Il n'y a plus qu'à se précipiter.

    A l’affiche dès mercredi 18 mai.

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  • Grand écran: "L'ami, portrait de Mix & Remix" rend hommage au génial dessinateur de presse

    Le 9 décembre 2016 disparaissait Philippe Becquelin alias Mix & Remix, l’un des plus célèbres dessinateurs de presse, apprécié de tous, et particulièrement des Romands. Exerçant son talent dans l’Hebdo et Le Matin Dimanche, le père des personnages à gros nez saisissait de deux traits de crayon l’essentiel d’un événement, de la réalité en somme.  

    Frédéric Pajak dessinateur et écrivain franco-suisse, craignant qu’on oublie son complice, a décidé de passer derrière la caméra pour rendre hommage au génial et caustique révélateur social à l’humour grinçant. Son documentaire, intitulé L’ami, portrait de Mix & Remix, retrace le parcours de l’illustrateur, revenant sur l’enfance de ce natif de Saint-Maurice, sa jeunesse, les années de vaches maigres, et puis la célébrité, alors que rien ne le prédisposait à un tel destin. 

    Tout en exploitant  de nombreux fonds d'archive, ceux de la Ville de Lausanne, de la RTS et de son émission "Infrarouge". l’opus mêle les témoignages de sa famille, de ses amis, laissant découvrir un être secret et insaisissable, à la fois constamment sous pression, timide, réservé, super ludique et toujours partant.

    Mix a révolutionné le dessin de presse avec son style dépouillé, minimaliste extraordinairement efficace disaient en gros à sa mort Chappatte, Herrmann, Valott ou Zep. A cet égard on regrette que le film, univoque, ne soit pas toujours à la hauteur de l'artiste amoureux du paradoxe et du contrepied et qui, à en croire ses pairs, privilégiait avant tout la drôlerie et le gag.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 4 mai.  

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