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  • Festival de Cannes: "Elvis", biopic spectaculaire et fascinant, à la démesure de son héros. Austin Butler et Tom Hanks géniaux

    « Très jeune, j’ai appris que sans chanter, on mourait. Alors je chante », déclare  Elvis vers la fin du film,  qui s’est curieusement achevé dans un quasi silence de cathédrale, lors de l’unique projection suivant celle, follement applaudie la veille, au Grand Théâtre Lumière.

    Colossale, l’œuvre est spectaculaire, à la démesure de son héros. Normal de la part de Baz Luhrmann. Qui mieux que lui pouvait transposer à l’écran la vie impressionnante, unique, du roi du rock? Dans une Amérique conservatrice, le réalisateur australien évoque l’ascension fulgurante de l’icône (Austin Butler), qui a bouleversé la culture populaire.

    Une relation complexe et toxique

    Baz Lurhmann se penche plus particulièrement sur les rapports complexes, agités, presque filiaux, voire amoureux, que le mythe a entretenus pendant une vingtaine d’années avec son impresario, le très controversé et mystérieux colonel Parker (Tom Hanks). Cette relation toxique va propulser le chanteur au sommet.

    Disons-le tout de suite, les deux comédiens sont géniaux dans leur registre respectif. Plus vrai que nature, le superbe Austin Butler n’incarne pas, il est le King au sex-appeal stupéfiant, tandis que Tom Hanks méconnaissable, vieilli, se glisse à merveille dans un rôle de canaille.    

    Baz Luhrmann n’oublie presque rien dans son biopic à la mise en scène bluffante. Il raconte l’enfance pauvre de son héros au Mississippi et au Tennessee, marquée par le décès de son jumeau à sa naissance en 1935, son affection inconditionnelle pour sa mère, son coup de foudre pour Priscilla (Olivia Dejonge), ses shows aussi gigantesques que délirants à Las Vegas, son désarroi en apprenant la mort de Martin Luther King, puis de Bob Kennedy…

    Cette musique qui rendait le King heureux

    Mais au-delà, le cinéaste incroyablement inspiré parle avant tout de musique, celle du King, la seule chose qui le rendait heureux, en-dehors de l’amour du public. Elle sublime ce long métrage opératique, passionnant, fascinant, fourmillant d’idées et à l’hagiographie assumée.

    Le film est aussi politique dans la mesure où il n’est pas seulement le portrait d’un homme, mais aussi celui de trois décennies d’une Amérique raciste, corsetée, puritaine. Choquée par les célèbres déhanchements d’Elvis le pelvis, qui n’arrivait pas à chanter sans se trémousser à un rythme d’enfer. Rendant les filles folles et leur faisant goûter au fruit défendu, selon le colonel Parker.

    Elvis, l’artiste solo qui a vendu le plus de disques dans le monde est mort à 42 ans, le 16 août 1977 , chez lui à Graceland. Mais grâce à Baz Luhrmann, ce personnage au destin exceptionnel nous tient en haleine pendant 2h40 qu’on ne sent pas passer. Au point qu’on en redemanderait…

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  • Festival de Cannes: des Dardenne à Mungiu en passant par Cronenberg, une Palme d'or en vue?

    Depuis le passage des Dardenne, les rumeurs d’une troisième Palme d’or s’intensifient. Avec Tori et Lokita, recit de deux enfants venus de l’immigration africaine en Belgique, les frères poursuivent dans leur veine sociale engagée, humaniste. En colère, ils livrent un film sombre où suinte le désespoir.

    Sur le bateau de l’exil, une adolescente (Joely Mbundu) a adopté pour frère un garçon plus jeune (Pablo Schils) considéré comme un enfant sorcier au Bénin et envoyé à l’orphelinat.

    Débarqués en Belgique, Ils se retrouvent en butte à la violence, à la précarité, aux difficultés administratives, au trafic de drogue. Et à la prostitution pour Lokita, sous la coupe d’un odieux restaurateur italien. Désespérant d’obtenir ses papiers, elle est forcée de travailler comme veilleuse de nuit dans une usine de plantation de cannabis.

    Pour survivre et se défendre dans cet univers déshumanisé, véritable jungle où la vie des exclus ne vaut rien, les faux frère et sœur ne peuvent compter que sur les liens indéfectibles qu’ils ont tissés.

    Ce film fort au style sec, épuré, allant toujours  à l’essentiel, est joué par des non professionnels, Ce qui se sent parfois dans des dialogues trop écrits. En même temps, ce plaidoyer pour les migrants mineurs devrait faire vibrer la corde sensible d’un Vincent Lindon.
     
    Communauté scannée par le Roumain Cristian Mungiu
     
    Autre film plébiscité sur la Croisette, celui du Roumain Cristian Mungiu, qui suit le retour de Matthias dans sin village natal, multiethnique, de Transylvanie, après avoir quitté son emploi en Allemagne.

    Visant lui une deuxième Palme, il nous immerge dans une petite communauté gangrénée par la xénophobie. Le titre, RMN, peut surprendre. Sauf qu’en français, cela signifie IRM, autrement dit le scanner cérébral consistant à créer des images précises du corps, à révéler la maladie derrière la surface.
     
    Et c’est bien l’opération à laquelle se livre le réalisateur, qui continue à analyser les maux qui rongent la société de son pays. Cette fois il d’attaque au nationalisme exacerbé, à la peur de l’autre, aux angoisses, au fantasme du grand remplacement,,entre thriller et drame social.
     
    Tout en relevant quelques défis, à l’image d’un plan séquence de dix minutes où les villageois s’affrontent au Conseil municipal, sur le sort réservé aux étrangers. Virtuose, mais on est quand même moins fan que la majorité des festivaliers.
     
    Cronenberg promettait le pire. C’est raté!

    De son côté le Canadien n’a jamais eu de Palme. Et on ne le voit pas trop l’emporter cette fois, même s’il nous fait croire que la chirurgie est le nouveau sexe, en fouillant dans les entrailles des gens. Cela dit, vu que Titane l’a eue l’an dernier, on ne peut jurer de rien.

    Dans Les crimes du futur, le cinéaste obsédé par l’évolution et la mutation des corps, met en scène deux artistes qui procèdent, en public, à des performances peu communes. Saul Tenser (Viggo Mortensen) fait proliférer des tumeurs dans ses tripes que sa partenaire, l’ex-chirurgienne Caprice (Léa Seydoux), tatoue et extirpe après une incision spectaculaire.

    Alors que Timlin (Kristen Stewart), une enquêtrice du Bureau du Registre national des organes surveille ces expériences, le couple est approché par un homme qui a développé une nouvelle manière de se nourrir avec du plastique. Voilà qui ne fait pas franchement envie. 

    David Cronenberg, mêlant à nouveau thriller et réflexion psychologique dans cet opus verbeux, est déterminé à choquer. "Je suis sûr que les gens quitteront la salle dans les cinq premières minutes", a-t-il même déclaré dans une interview à Deadline. Ajoutant: "Un mec a dit qu’il avait presque fait une crise de panique". 

    Apparemment, rien de tel ne s'est produit lors des projections sur la Croisette. Le maître doit donc se rendre à l'évidence, il raté son coup. Sur ce plan-là, du moins.  

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  • Festival de Cannes. Valeria Bruni Tedeschi nous emballe avec "Les Amandiers"

    Enfin une femme derrière la caméra ! Et elle nous emballe. Avec Les Amandiers, Valeria Bruni Tedeschi fait revivre l’école de théâtre fondée par le célèbre metteur en scène Patrice Chéreau et Pierre Romans à Nanterre. Elle se concentre sur la promotion 1986-87 dont elle faisait partie aux côtés de Marianne Denicourt, Vincent Perez, Bruno Todeschini, Agnès Jaoui, ou encore Thibault de Montalembert,
     
    Dans cet hommage très personnel à l’art et à la création, la réalisatrice redonne à cette volée l’insolence d’une jeunesse vivant tout à fond, l’amour, la passion, le théâtre, la tragédie, dans une époque marquée par le fléau du sida. 

    La troupe formée de très bons comédiens est emmenée par la formidable Nadia Tereszkiewicz, alias Stella (photo). Double bouillonnant de Valeria Bruni Tedeschi, elle crève l‘écran, qu’il s’agisse de son rôle dans les répétitions de Platonov, une pièce de Tchékhov ou dans sa relation toxique avec le bel Etienne qui brûle pour elle.    

    Patrice Chéreau est quant à lui incarné par le magnétique Louis Garrel. Valeri Bruni Tedeschi est loin de ménager le maître qu'on découvre suffisant, angoissé, colérique, fiévreux, et qu’on voit par ailleurs sniffer de la coke, draguer un étudiant, humilier une étudiante. 

    La cinéaste livre une comédie dramatique enthousiasmante à la fois lumineuse et sombre. IL y a de l’énergie,, de la vitalité, de l'envie et de la fougue dans cette émouvante déclaration d’amour au théâtre, aux acteurs et à l’intensité de leur travail. 
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    Frère et sœur, avec Melvil  Poupaud et Marion Cotillard 

    Moins convaincant, Frère et soeur d’Arnaud Depleschin. Après le décevant Tromperie sélectionné l’an dernier hors compétition, le réalisateur est cette fois candidat à la Palme. Objectif difficile à atteindre. Un frère écrivain (Melvil Pouoaud) et sa sœur actrice (Marion Cotillard), tous deux reconnus, se livrent une haine aussi viscérale qu’inexplicable depuis vingt ans. Alors qu’ils ne se sont pas croisés pendant tout ce temps, ils se revoient enfin lors du décès de leurs parents.
     
    Du Depleschin pur sucre qui décline ses thèmes préférés, la famille la mort, l’héritage, l’ambiguìté des sentiments… et Roubaix bien sûr, dans ce drame intimiste. L’adhésion est quasi unanime chez nos confrères parisiens bouleversés en outre par "l’extraordinaire duel" que se livrent Melvil Poupaud et Marion Cotillard. Au point qu’on regrette presque de ne pas être emporté par cet enthousiasme débordant.
     
    Il y a en effet, dans la manifestation de cette détestation féroce gratuite, une théâtralité gênante et une interprétation parfois hystérique qui nuit au film. On a du mal à s’y projeter, tout sonnant un peu faux, qu’il s’agisse des postures ou des mots.  

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