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  • Grand écran: "Ma famille afghane" évoque le choc des cultures avec intelligence, entre coup de foudre et obscurantisme

    Pour la troisième fois en quatre ans, un film d’animation est consacré à l’Afghanistan, sa culture, son mode de vie, ses traditions liberticides. Et il est à nouveau réalisé par une femme. En 2018, la cinéaste irlandaise Nora Twomey proposait Parvana, dans lequel une fillette se déguise en garçon  pour retrouver son père arrêté en raison de son opposition au pouvoir 

    L’année suivante Zabou Breitman et  Elea Gobé-Mevellec  livraient  Les Hirondelles de Kaboul, racontant les horreurs sous l’oppression des Talibans. Avec Ma famille afghane, c’est la Tchèque Michaela Pavlatova, qui se penche sur le quotidien des femmes dans cette partie du monde. Edifiant, son film est situé à Kaboul en 2001, après la chute du régime, mais où l’obscurantisme demeure. 

    Il raconte l’histoire d’Helena, jolie blonde aux yeux bleus, Elle s’ennuie dans ses cours d’économie à Prague. aimerait fonder une grande famille, mais désespère d’y arriver en regardant les garçons de sa classe. Pas un seul ne trouve grâce à ses yeux jusqu’au jour où le beau Nazir, étudiant afghan, pousse la porte. 

    Coup de foudre pour Helena. C’est le bon, elle le sait et décide de tout quitter pour le suivre dans son pays et l’épouser, Devenue Herra, elle s’installe dans sa famille et doit renoncer aux libertés dont elle jouissait en Europe, en découvrant les mœurs redoutablement patriarcales qui régissent sa future existence. Car si Nazir est un peu plus progressiste que le reste de la communauté, elle lui est néanmoins subordonnée, contrainte de se conformer à son statut d’épouse peu émancipateur (un euphémisme), qui lui interdit notamment de parler en son nom, ou de se trouver seule avec un autre homme. 

    Comme en plus  elle ne peut avoir d’enfant (une tare et une honte),  elle est forcée d’adopter Maad, un gosse particulier, difforme et plutôt revêche de prime abord.  Seul vrai protecteur d’Herra dans cette famille où elle tente de s’intégrer pour sauvegarder son mariage, quoi que lui coûtent les critiques et les discriminations, c’est le grand-père, bienveillant et humaniste à sa manière. Il sait où peut mener le fanatisme religieux pour avoir perdu un fils et un petit-fils victimes de ses excès.    

    Ma famille afghane est adapté de Freshta (2012), de la romancière et journaliste Petra Prochazkova, une compatriote de Michaela Pavlatova connue pour ses reportages en Afghanistan et en Tchétchénie. A la fois choc des cultures et histoire d’amour, ce film politique, sans occulter violence, sexisme et interdits, évite la caricature avec sensibilité, intelligence. finesse. Sans oublier une pointe d’humour et un zeste d’espoir. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 27 avril.

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  • Festival de Cannes: Vincent Lindon présidera le jury, entouré de quatre femmes et quatre hommes

    Treize ans après Isabelle Huppert, c’est un autre Français, Vincent Lindon, qui a été choisi pour présider le jury du Festival de Cannes, composé de quatre femmes et quatre hommes.  Le comédien,  qui a remporté le Prix du meilleur acteur  en 2015 pour La loi du marché de Stéphane Brizé, s’est évidemment déclaré très honoré et fier, "au milieu du tumulte des multiples événements dans le monde", de se voir confier "cette splendide et lourde tâche". 

    Entouré de l’actrice, productrice, scénariste  et réalisatrice américaine Rebecca Hall, de l’actrice indienne Deepika Pradukone, de l’actrice suédoise Naomi Rapace, de l’actrice et réalisatrice italienne Jasmine Trinca, du réalisateur, producteur et scénariste iranien Asghar Farhadi, du réalisateur, scénariste, acteur et producteur français Ladj Ly , du réalisateur et scénariste américain Jeff Nichols,  du réalisateur et scénariste norvégien Joachim Trier, Vincent Lindon remettra la Palme d’0r à l’un des 21 films de de la compétition, le samedi 28 mai, lors de la cérémonie de clôture qui sera retransmise en direct par France Télévisions et Brut.

    Quatre Palmes d'Or pour défier David Cronenberg ou Lukas Dhont

    Le président et ses huit complices auront fort à faire, sur le papier du moins, pour désigner le gagnant.  Pas moins de quatre Palmes d’or prétendent à la victoire, dont  les frères Dardenne, spécialistes du cinéma social.  Déjà sacrés deux fois ils font leur retour  avec Tori et Lokita deux jeunes venus d’Afrique, exilés en Belgique dans des conditions précaires. Le Japonais Hirokazu Kore-Eda (Broker), le Roumain Cristian Mungiu (RMN) et le Suédois à la caméra lance-flammes Ruben Ostlund ( Le triangle de la tristesse) complètent ce quatuor choc.

    Face à eux le Canadien David  Cronenberg et ses Crimes Of The Future, un film d’anticipation parlant de transhumanisme et d’ablation d’organes. Il est porté par Léa Seydoux, Kristen Stewart et Viggo Mortensen. L’’Américain James Gray débarque, lui, avec Armageddon, chronique d’adolescence située au cœur du  New York des années 80,  dans une école gérée par le père de Donald Trump.

    On attend avec impatience Close du Belge Lukas Dhont, qui  avait décroché la Caméra d’or en 2018 avec son premier film Girl sur la transidentité. Cette fois il évoque l’amitié fusionnelle entre deux garçons de 13 ans, qu’un événement impensable sépare soudain.  Habitué de la Croisette, le Français Arnaud Depleschin nous promet Frère et sœur, un drame où les interprètes Marion Cotillard et Melvil Poupaud, en conflit depuis longtemps, sont réunis par la mort de leurs parents.

    Portion  congrue pour les réalisatrices

    On n’oubliera pas le cinéaste russe Kirill Serebrennikov, qui a quitté légalement son pays et fait son troisième come-back avec un opus historique, La femme de Tchaikovsky. On  regrettera en outre la portion congrue dévolue aux réalisatrices en compétition. Trois seulement y figurent. La Française Claire Denis dirige Robert Pattinson dans Stars At Noon, un thriller romantique tourné en Amérique centrale.  Sa compatriote Valeria Bruni Tedeschi propose Les Amandiers, évoquant l’école de théâtre fondée par le célèbre metteur en scène Patrice Chéreau, incarné par Louis Garrel. En toile de fond, la redoutable épidémie de sida.  De son côté, grande figure du cinéma indépendant, l’Américaine Kelly Reichardt retrouve, dans Showing Up, Michelle Williams incarnant une artiste et la manière dont elle puise dans son quotidien pour son inspiration.

    Entre grand spectacle et comédie(

    Tandis que Michel Hazanavicius fera l’ouverture avec Coupez!, l’ancien titre Z (comme Z)  ayant été changé à la demande des cinéastes ukrainiens, la sélection officielle comprend plus d’une quarantaine d’autres longs métrages qui ne vont pas manquer d’exciter les festivaliers. A commencer, hors concours, par Top Gun : Maverick de Joseph Kosinski, avec Tom Cruise en vedette pour faire le show sur tapis rouge. Prometteur également Elvis de Baz Lurhmann, un biopic sur The King, qui aborde notamment ses rapports complexes avec son imprésario, le colonel Parker. Cédric Jimenez se penche, avec Novembre, sur l’enquête policière suite aux terribles attentats de 2015 en France, alors que que Nicolas Bedos livre Mascarade, une comédie policière niçoise. Quant aux fans au déjanté Quentin Dupieux, nul doute qu'ils se bousculeront aux Séances de minuit pour Fumer fait tousser.

    Deux cinéastes ukrainiens sont par ailleurs sélectionnés. En séance spéciale, on trouve un grand nom, Serguei Loznitsa, pour The Natural History Of Destruction, et un nouveau venu, Maksym Nakonechnyi, présente Bachennya Metelyka, dans Un certain regard. Riche d’une vingtaine de films de jeunes cinéastes, dont sept premières oeuvres et huit réalisatrices qui les ont en  partie signées, cette catégorie constitue l’autre gros morceau de la sélection officielle.  «Du cinéma radical, expérimental, du cinéma d’auteur»,  selon les mots du délégué général Thierry Frémaux, grand manitou de cette  75e édition, la dernière du président Pierre Lescure. Maîtresse de cérémonie, l’irrésistible Virginie Efira présentera les soirées d’ouverture et de clôture.     

    Cannes du 17 au 28 mai  

     

     

     

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  • Grand écran: très original, "Ninjababy" évoque crument la grossesse et la maternité

    Rakel, 23 ans, ado attardée, habite Oslo. Elle est bordélique, extravagante, fauchée, mais aime s’éclater, picoler, baiser et planer à l’occasion. Elle a des rêves plein la tête. Devenir astronaute, bûcheronne, globe-trotteuse. Et surtout illustratrice. Mais tout part en sucette quand sa colocataire Ingrid lui fait remarquer que ses seins ont grossi et s’étonne de sa propension soudaine à ingurgiter des litres de jus de fruit. En plus elle a développé un odorat d’une rare finesse.

    Et le verdict, implacable, tombe. Rakel est enceinte. Elle est même à moins de trois mois de l’accouchement sans qu’elle s’en soit doutée un seul instant.  Mais qui est le père? Pas son vague petit ami du moment "Aikido Mos" avec qui elle a fait l'amour il y a quelques semaines, mais hélas, sans doute possible, un autre coup d’un soir, Dick Jesus, un play boy assez grotesque, mieux doté côté pénis que côté cerveau. 

    A ce stade avancé, l’avortement est évidemment impossible. Toutefois Ingrid n’est absolument pas prête à devenir mère. L’adoption lui semble être la meilleure solution. C’est alors qu’un personnage animé, incarnant son futur bambin, sort de son imagination et se met à lui parler, à lui reprocher des choses, lui en suggérer d’autres, histoire de lui pourrir encore davantage la vie.

    Très original, Ninjababy de la Norvégienne Yngvild Sve Flikke, basé sur l’oeuvre d’Inga Saetre qui signe toutes les animations, assume joyeusement un ton provocateur, un humour caustique, grinçant, livrant des conversations sans tabou entre Rakel et Ingrid, évoquant le plus naturellement du monde règles, sexe, éjaculation, caca...
     
    Le film séduit aussi par son féminisme, la dénonciation des inégalités, le droit des femmes à mener leur vie, à disposer de leur corps à coucher quand avec qui et autant qu’elles veulent, à avorter ou non et, terrible crime de lèse-bébé, à ne pas aimer son enfant. Un film parlant particulièrement crument de la grossesse et de la maternité qui nous change de ce qu’on a coutume de nous servir sur le sujet.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 20 avril.

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