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  • Grand écran: "L'Empereur de Paris" ressuscite laborieusement Vidocq. Avec Vincent Cassel bien peu inspiré

    1026619.jpgDix ans après Mesrine Jean-François Richet retrouve Vincent Cassel pour faire revivre Eugène-François Vidocq. Personnage historique fascinant, tour à tour délinquant, indic, super flic, détective privé, écrivain, il a inspiré nombre de réalisateurs et a notamment été incarné à la télévision par un très bon Claude Brasseur et au cinéma par un Gérard Depardieu médiocre dans une adaptation calamiteuse.

    Etre solitaire épris de liberté, Vidocq devient, sous Napoléon, une légende des bas-fonds parisiens pour s’être échappé des plus redoutables bagnes du pays. Laissé pour mort après sa dernière évasion d’une galère en pleine mer, il tente de se faire oublier sous les traits d’un banal commerçant de tissus.

    Pourtant son passé le rattrape. Accusé d’un meurtre qu’il n’a pas commis, il propose un marché au chef de la Sûreté en échange de sa liberté Ses résultats exceptionnels provoquent l’hostilité de ses collègues et la fureur de la pègre qui a mis sa tête à prix.

    Récit d'aventure banal et impersonnel

    Concentré sur un court épisode de sa tumultueuse existence, L’empereur de Paris, loin d’être à la hauteur des prétentions épiques de son auteur, rend un piètre hommage au héros. Rien de puissant dans cet ixième récit d’aventure banal, impersonnel, ennuyeux, sorte de boursouflure sépia sans rythme, sans souffle, où presque tout dysfonctionne et où quelques scènes complaisamment violentes et sanguinolentes remplacent l’action.

    Cela ne s’arrange pas avec les comédiens. Mal dirigés, ils surjouent, à commencer par Vincent Cassel en roue libre, manquant d’’épaisseur et n’enfilant jamais le costume. Les personnages qui gravitent autour de lui se révèlent cruellement secondaires. Il y avait pourtant mieux à obtenir de Denis Ménochet, Denis Lavant, James Thierrée, Patrick Chesnais. Ou encore de Fabrice Luchini, dont le réalisateur se contente de faire un Fouché hautain et verbeux au discours alambiqué. Quant aux femmes on oublie. Tels des fantômes, elles ne font que traverser l’écran.

    On retiendra éventuellement les décors et les costumes, la reconstitution, bien que conventionnelle, d’un Paris des années 1800 surpeuplé aux rues obscures et dangereuses, propices au crime. Par ailleurs le film fait écho à une actualité française agitée, en évoquant un Napoléon invisible, retranché dans son palais et dictant ses ordres, le décalage révoltant entre l’élite et la plèbe, et au milieu un Vidocq façon gilet jaune de choc, dont les prouesses physiques font passer James Bond, Rambo voire Aquaman pour des rigolos et qui se met tout le monde à dos.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 19 décembre

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  • Grand écran: "Pupille" décrit le processus de l'adoption. Passionnant et émouvant

    Capture d’écran 2018-10-30 à 17.46.56.pngJeanne Herrry avait déjà séduit, en dépit de quelques maladresses inhérentes à un premier long métrage, avec Elle l’adore, polar comico-psychologique évoquant l’obsession névrotique d’une fan pour son idole. La fille de Miou-Miou et Julien Clerc, à qui l’on doit aussi des épisodes de la deuxième saison de Dix pour cent, continue à s’affirmer. Changeant complètement de registre, elle s’attaque dans Pupille à l’adoption suite à un accouchement sous X.

    Ce drame à la fois passionnant et émouvant, c’est l’histoire forte de la rencontre entre Alice, quadragénaire en manque d’amour qui se bat depuis dix ans pour avoir un enfant, et le petit Théo, que sa très jeune mère biologique ne souhaite pas garder. Elle a deux mois pour revenir ou non sur sa décision. Une phase pendant laquelle le service social d’aide à l’enfance et celui de l’adoption s’activent pour s’occuper du nourrisson et lui trouver une nouvelle maman.

    Ce temps suspendu constitue le principal intérêt de l’opus que Jeanne Herry traite avec autant de précision que de sensibilité. Soucieuse de la chronologie des événements, respectueuse des détails, la réalisatrice, parfaitement documentée, nous emmène dans les coulisses administratives. Evitant de nous assommer en plongeant dans ses tortueux méandres, elle nous explique simplement, naturellement, le processus de l’adoption. Et propose un film réaliste, instructif, où elle décrit sans juger le parcours émotionnel de chacun, avec ses doutes, ses angoisses, ses problèmes

    Excellente interprétation

    On découvre ainsi les différents personnages qui gravitent autour de Théo pour assurer son bien-être A commencer par Jean, l’assistant familial incarné par un inattendu Gilles Lellouche. Dans un rôle à contre-emploi d’attendrissant père au foyer, il nous fait fondre avec ses fêlures et le lien touchant qu’il établit avec cet adorable bébé. A ses côtés, Sandrine Kiberlain se révèle toujours aussi impeccable en professionnelle consciencieuse, secrètement amoureuse de lui.

    Inspirées, Elodie Bouchez, Olivia Côte et Miou-Miou sonnent également juste entre émotion, sérénité et douceur. Mais on accordera une mention spéciale à Clotilde Mollet, étonnante et singulière assistante sociale, notamment dans un premier entretien bienveillant avec la mère biologique, jamais incriminée pour le rejet de son enfant. Une belle réussite à ne pas manquer.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 5 décembre.

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  • Grand écran: "Une affaire de famille"...en or, drame socio-politique critique signé Kore-eda

    une_affaire_de_famille_a.jpgNobody Knows, Tel père, tel fils, Notre petite sœur... Excellent chroniqueur des rapports humains, de la filiation, des liens biologiques ou ceux qu’on se choisit, Hirokazu Kore-eda revient après son thriller The Third Murderer, sur son sujet préféré avec Une affaire de famille. Il a valu en mai dernier la Palme d’or à ce grand habitué du Festival de Cannes

    Au retour d’une nouvelle expédition de vol à l’étalage pour compléter son maigre salaire, Osamu et son fils Shota recueillent dans la rue Aki, une adorable gamine de cinq ans. D’abord réticente à l’idée de la garder pour la nuit, la femme d’Osamu accepte, en dépit d’une situation précaire, de s’occuper d’elle en découvrant que ses parents la brutalisent.

    Dans ce nouvel opus, l’auteur prend le contrepied de Nobody Knows (2004) qui évoquait l’histoire bouleversante de quatre enfants livrés à eux-mêmes, en se penchant cette fois sur ce couple qui s’invente une famille en sauvant des gosses abandonnés ou maltraités.

    Aki est immergée à son tour dans ce foyer atypique reconstitué, parfaitement amoral, où le père apprend à son fils à chaparder, où la mère blanchisseuse pique les objets laissés dans les vêtements des clients et où la ravissante soeur aînée, vêtue en écolière, excite les amateurs du genre dans un peep show.

    Un nid douillet débordant de chaleur humaine

    Tout ce petit monde s’entasse dans le taudis d’une grand-mère arnaqueuse. Un invraisemblable capharnaüm où s’amoncellent des objets hétéroclites mais qui, en dépit de son inconfort et de la promiscuité, forme un nid douillet débordant de tendresse et de chaleur humaine.

    Mais les choses tournent mal. Bien qu’elle ne soit pas recherchée par ses parents, Aki est considérée comme ayant été enlevée. Ce qui provoque un rebondissement inattendu dans la dernière partie avec l’intervention de la police et de la justice, dépassées par l’organisation singulière de ce groupe marginal. 

    Si Une affaire de famille n’est pas à notre avis l’œuvre majeure de Kore-eda, le métrage séduit par son humanisme, sa sensibilité, sa générosité, sa simplicité, sa délicatesse, son humour et son absence de pathos. Et comme toujours, les comédiens, à commencer par les enfants, sont impeccablement dirigés.

    Par ailleurs, il ne s’agit pas que d’une fable touchante peuplée d’attachants petits délinquants se réchauffant les uns les autres au sein d'un cocon où l’amour remplace l’argent. Non seulement Kore-eda questionne la légitimité d’une famille, l’importance ou non des liens du sang mais, à son habitude, pose un regard très critique sur la dureté de la société japonaise, où le fossé s’élargit entre les riches et les pauvres souvent condamnés aux délits  pour joindre les deux bouts.

    Malgré son prestigieux couronnement cannois, les accusations de l'auteur n’ont pas été du goût du gouvernement nippon, dont le porte-parole a félicité, officiellement du fond du cœur mais manifestement du bout des lèvres, l’auteur de de cet opus politiquement incorrect. Mais,c’est le plus important, il a conquis le public.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 12 décembre.

     

     

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