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  • Grand écran: "Romans d'adultes", l'affranchissement après une saga d'ados plébiscitée

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaarachel.jpgEn 2010, on découvrait dans Romans d’ados Xavier, Mélanie, Jordann, Rachel, Thys, Virginie et Aurélie au cours de quatre films plébiscités par le public et la critique. De leurs douze ans à leur majorité, ils racontaient face caméra leurs émotions, leurs questionnements, leurs doutes, leurs peurs, leurs rêves.

    Sept ans après cette fresque sociologique sur l’adolescence de Suisse romande symbolisée par les sept jeunes Yverdonnois, on retrouve les cinq premiers cités (Virginie et Aurélie ayant renoncé à poursuivre l’aventure) dans Romans d’adultes. Constitués grâce à un crowdfunding, les deux volumes sont coréalisés par Béatrice et Nasser Bakhti, qui ont suivi leurs héros pendant une année.

    Ils ont maintenant  26 ans et, comme l’indique le sous-titre Sur le chemin de l’indépendance, ils ont tous coupé le cordon pour prouver leur capacité à s’assumer, trouver leur voie et mener leur vie à leur façon, en dépit des difficultés rencontrées. Romans d’adultes évoque leurs choix opérant un retour sur leur quotidien, l’évolution de leurs relations familiales, leurs ambitions, leurs amours.

    Destins divers

    Rachel (photo), alors en échec scolaire, est devenue bibliothécaire, tandis que Mélanie s’investit à fond dans son métier de conseillère professionnelle. Toutes deux établies dans la banlieue yverdonnoise, elles ont chacune mis fin à une tumultueuse relation amoureuse.

    Tourmenté par l’absence de son père, Jordann s’est longuement réfugié dans la drogue avant d’intégrer un programme de désintoxication en Valais. Thys, toujours un peu mal dans sa peau, s’est affirmé en faisant son coming out. Il a quitté Yverdon pour Lausanne où il habite avec son compagnon plus âgé, ignorant les remarques que la situation provoque parfois.

    De son côté Xavier, angoissé à l’idée de rentrer dans le moule, a renoncé à changer le monde. Il est ingénieur à Vevey où, bien que stressé par son travail, il dit vivre une petite vie tranquille avec sa compagne.

    A l’image de Romans d’ados, Romans d’adultes prétend à l'étude sociologique. Force est pourtant de reconnaître que les deux derniers chapitres, certes intéressants, très bien documentés et menés, n’ont pas la puissance, l’intensité, le charme, la fascination, le tragique des quatre premiers. C’est logique, le passage de l’enfance à la maturité se révélant à l’évidence plus prenant, plus bouleversant,plus drôle que l’installation des protagonistes dans l‘âge adulte.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 27 septembre.

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  • Grand écran: "Demain et tous les autres jours", avec Noémie Lvovsky glissant dans la folie

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaalvovsky.jpgDécidément Noémie Lvovsky aime écrire, diriger et se donner le premier rôle. Après Camille redouble, où elle revenait à ses 15 ans suite à sa propulsion dans une faille spatio-temporelle, la réalisatrice récidive avec Demain et tous les autres jours. Explorant la relation fusionnelle entre une fillette et sa mère qu’elle incarne elle-même.

    Cette femme fantasque, un euphémisme, avouant qu’elle n’est pas une bonne maman, se laisse aller à des caprices qu’elle regrette ensuite. Elle traîne ainsi toute une nuit dans les rues sous la pluie en robe de mariée, prend un train jusqu’au terminus un soir de Noël ou, après avoir brusquement décidé de déménager, débarque chez des inconnus avec la ferme intention d’y rester, prétextant qu’ils occupent son nouvel appartement.

    Au fil de l’histoire, elle s’enfonce dans la folie tandis que Mathilde, 9 ans, se livrant certes elle aussi à quelques entreprises bizarroïdes, mais psvchologiquement plus adulte, essaie de la protéger. La gamine que ses petites camarades de classe traitent de sorcière, est aidée dans sa difficile tâche par une étonnante chouette parlante, qui devient sa confidente…

    Avec cette fable plutôt singulière autour du rapport inversé mère-fille, Noémie Lvovsky nous entraîne, entre rêve et réalité, dans un univers intimiste et secret saupoudré de surnaturel. Et d’un brin de noirceur Dommage qu’elle ait trop tendance à nous perdre en route. On soulignera toutefois la prestation de la réalisatrice et de sa jeune partenaire Luce Rodriguez, qui révèle ici un vrai talent.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 27 septembre.

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  • Grand écran: un enfant négligé disparaît dans "Faute d'amour". Drame coup de poing

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaamour.jpgTrois ans après Leviathan, prix du scénario à Cannes, critique féroce contre la corruption gangrénant le système politique, le réalisateur russe Andreï Zviaguintsev se penche, dans Faute d’amour (prix du jury en mai dernier), sur une crise familiale qu’il dissèque avec la même dureté.

    En instance de divorce, Boris et Genia, la quarantaine, ayant chacun une liaison, se déchirent sous les yeux de leur fils Aliocha, 12 ans, dont aucun ne souhaite la garde dans sa nouvelle vie. Sans se préoccuper des dégâts qu’ils peuvent causer à l’enfant en dramatique manque d’affection. Comprenant qu’il va être envoyé à l’orphelinat, Aliocha disparaît, provoquant le rapprochement contraint de ses parents.

    La police ayant déclaré forfait, les recherches sont confiées à une association spécialisée. Les disputes du couple se poursuivent dans une deuxième partie en forme d’enquête, où Zviaguintsev se livre à une charge contre une société impitoyable, glaciale, entre désespoir et frustration. S'élevant contre les travers de ses membres obsédés par les écrans, accrochés au portable, se focalisant sur l’égoïsme des adultes ne pensant qu’à leur bonheur. Un film coup de poing, terrible, brutal, implacable,  Il est servi par de formidables acteurs, dont le petit Matveï Nvikov (photo), et une superbe mise en scène.

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaandzvia.jpgIl voulait être acteur

    Né à Novosibirsk, troisième ville de Russie, Andreï Zviaguintsev, de passage récemment à Genève, nous raconte qu’il a d’abord voulu être acteur. Au bout de quatre ans où il a obtenu de grands rôles, il ne se sent pas à la hauteur en découvrant Al Pacino. Du coup il part à l’armée pendant deux ans, puis intègre l’Académie des arts du théâtre à Moscou. A nouveau pendant quatre ans.

    Pourtant, en voyant L’avventura d’Antonioni, c’est du cinéma qu’il tombe amoureux. Il cherche alors à visionner tout ce qui est possible chez les géants de la pellicule et décide de s’y consacrer. En 2003, il réalise Le retour, Lion d’or à Venise. Son succès ne s’est pas démenti depuis.

    Andreï Zviaguintsev assure ne pas choisir ses thèmes. «Les histoires viennent d’elles-mêmes. C’est la thématique qui me choisit. Pour Faute d’amour, c’est en surfant sur internet que j’ai trouvé une info sur Liza Alert, une organisation de bénévoles vouée à la recherche des disparus».

    L’enfant, tel un catalyseur, va alors donner une nouvelle vision du couple qui se déchire.

    Exactement. Son absence accentue l’importance de la séparation. Ils sont haineux, ne voulaient plus se parler, plus rien avoir en commun et voilà qu’ils sont obligés d’être ensemble pour rechercher leur fils. Ce qui attise leur discorde.

    Vous montrez que le bonheur des enfants passe après l’épanouissement des enfants.

    C’est vrai. Mais les gens qui voient ce film en Russie disent que cela n’existe pas. C’est quand même fou de vivre dans ce pays et de ne pas s’en rendre compte.

    Votre film est à la fois une charge contre une société, notamment obnubilée par les écrans, une métaphore non seulement russe mais universelle.

    C’est une charge contre la nature humaine, et non contre ces objets si pratiques qu’on se demande comment on faisait sans avant, mais qui ne sont qu’un révélateur de l’égoïsme. Et j’espère viser à l’universel, en dénonçant l’absence d’empathie, pire de conscience, qui fait de l’être humain un hamster dans une roue, oubliant l’autre.

    L’épreuve a-t-elle changé le couple?

    Non. Ils restent déespérément au même point dans le film. Mais qui sait ? J’aime bien citer Pic de la Mirandole évoquant Dieu qui a décidé d’attribuer une place aux animaux et à toute chose. Et qui, arrivé à l’homme, lui dit : « toi, ta place, tu la chercheras sans cesse ». C’est une chance pour lui de se transformer, de faire des choix tant qu’il est vivant.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 20 septembre. 

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