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  • Grand écran: "In Between", la soif d'émancipation de trois Palestiniennes à Tel-Aviv

    aaaaanour.jpgLayla, Salma et Nour, trois jeunes femmes palestiniennes, partagent un appartement à Tel Aviv et aspirent à la liberté. Mais le chemin pour y parvenir n’est pas simple.

    Les deux premières sont délurées  et frondeuses, tandis que la troisième se révèle bien sage. Mais chacune est à son tour victime de l’intolérance de ses proches. Belle avocate fêtarde à ses heures, Layla décide de quitter son copain qui, malgré un passage dans le cinéma à New York, demeure très rétrograde. Salma, elle aussi amatrice de fumette et ne crachant pas sur l'alcool, se heurte à l’hypocrisie de sa famille chrétienne, cherchant absolument à la marier parce qu’elle est lesbienne.

    Contrairement à Layla et Salma, Nour, originaire d’un bastion musulman en Israël, est voilée et très pieuse, Etudiante en informatique à l’université, elle va pourtant également se débarrasser de son fiancé, un gros nul macho et violeur, voulant convoler au plus vite pour la cantonner dans le rôle immuable d’épouse et mère au foyer.

    Premier film de la Palestinienne Maysaloun Hamoud, In Between (Je danserai  si je veux) est une œuvre politique, militante, drôle, émouvante, qui lui a valu une fatwa. Son «crime»: montrer le quotidien de ces trois jeunes femmes et leur difficulté à mener leur vie comme elles l’entendent. Mais qui ne plient pas, cherchant farouchement à s’émanciper dans une société patriarcale, où les tabous et les traditions ont la vie dure. Du coup, les hommes en prennent pour leur grade!

    Courageuses et attachantes héroïnes

    La charge est certes appuyée, l’échantillonnage féminin assez stéréotypé et les situations pas très originales. La réalisatrice ne nous laisse pas moins découvrir de courageuses héroïnes face à l’obscurantisme, à la discrimination, au sexisme, ainsi qu’à la violence qu’elles provoquent par leur soif d’émancipation.

    En colère, attachantes, pleines de vie, d’énergie et d’humour, elles sont de surcroît portées par des comédiennes charismatiques et convaincantes. Carrément impliquées dans une impérative transgression. Car comme chantait Cookie Dingler en 1984, être une femme libérée tu sais, ce n‘est pas si facile. Malheureusement ça le reste!

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 17 mai.

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  • Grand écran: "L'éclipse du bonheur", un mélo pour retrouver l'espoir

    aaaaaagluck.jpgAppelée dans la nuit à se rendre au chevet d’Yves, la psychologue pour enfants Eliane Hess s’attache à ce garçon de huit ans rescapé d’un terrible accident de voiture où toute sa famille a péri.

    Bouleversée, elle veut absolument aider ce petit être détruit, pour l’aider à retrouver l’espoir et affronter son destin. Mais elle ne tarde pas à perdre sa distance professionnelle...

    Parallèlement les choses se compliquent dans sa propre famille: deuil, non-dits autour d'un adultère, révolte adolescente, crise de couple, sans oublier l’importance de la peinture, en contrepoint mystique et esthétique de la condition humaine. La multiplication des thèmes ne contribue pas franchement à la fluidité du récit, bien que ce mélo en forme de parabole sur la vie soit propre à faire sangloter dans les chaumières.

    Tiré d’un roman de Lukas Hartmann, L‘éclipse du bonheur (Finsteres Glück) est signé Stefan Haupt. Né en 1961 à Zurich, il devient instituteur, mais il ne lui faut que deux jours pour savoir que ce n’est pas sa voie. Aujourd’hui cinéaste, scénariste et producteur, cet auteur de documentaires et de fictions, s’est notamment fait connaitre avec Der Kreis (Le Cercle), quartz du meilleur film suisse en 2015. Un film sur l’apogée et le déclin d’un magazine helvétique gay, internationalement distribué, pionnier de l’émancipation homosexuelle.

    aaaastef.jpgLe réalisateur énormément touché par l’histoire

    Lorsque Lukas Hartmann lui a envoyé son livre en 2010, Stefan Haupt, qui n’avait jusqu’ici jamais adapté de roman, ne se voyait pas vraiment en faire un film. «Mais en le lisant, j’en ai eu très envie, même si je m’y suis attaqué après Sagrada et en parallèle avec Le Cercle. Cet enfant perdu, jeté dans le monde avec une telle difficulté à vivre son deuil et que la psy doit aider à surmonter son traumatisme, m’a énormément touché», nous dit-il.

    Il a été également très ému par l’histoire de cette femme mère de deux filles, qui a elle aussi subi la perte d’un être cher et dont la relation ne marche pas. «Elle doit serrer les dents. A Zurich, j’en ai rencontré de ces femmes modernes, autonomes, seules avec des enfants. Elles ont raison d’aspirer à la liberté. En même temps, toujours lutter pour la conserver, c’est lourd».

    Côté comédiens, c’est la femme de Stefan Haupt, Eleni, qui joue la psy. Elle obtient pour la première fois un rôle principal dans un film de son mari. Quant au jeune Yves, il est interprété par Noé Ricklin. «Nous avons vu une cinquantaine de garçons, mais il s’est imposé très vite. Comme il s’agit d’une partition délicate, nous avons parlé avec les parents. Nous avons tout fait pour que Noé se sente à l’aise et en sorte indemne. Mais en réalité, il n’a jamais été aussi équilibré que pendant le tournage».

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande depuis le mercredi 10 mai.

     

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  • Grand écran: "A German Life" pour lutter encore et toujours contre l'oubli

    aaaaaagerman.jpgMorte à 106 ans le 27 janvier dernier à Munich, Brunhilde Pomsel a travaillé de 1942 à la fin de la guerre comme sténographe au service du ministre de la propagande Joseph Goebbels. Ce dernier témoin de la machine du pouvoir nazi vue de l’intérieur livre ses ultimes confidences dans A German Life (Une vie allemande), un documentaire autrichien réalisé par Christian Krönes, Florian Weigensamer, Roland Schrotthofer et Olaf S. Müller

    On est impressionné, fasciné, par cette femme filmée en gros plan. Le visage parcheminé, à la peau de crocodile, le regard vif et clair, elle nous place face à l’histoire, nous renvoie à nous-mêmes en nous forçant à nous poser des questions sur ce que nous aurions fait. "Je ne suis pas le genre qui résiste. Je n’osais pas, je fais partie des lâches".

    Comme nombre d'Allemands de sa génération, elle affirme n'avoir rien su des crimes nazis, en particulier des camps de concentration et d'extermination au coeur du génocide juif. "Tout le monde pense que nous savions tout. Nous ne savions rien, tout était gardé secret. Nous étions nous-mêmes dans un gigantesque camp de concentration", dit-elle en référence à la répression et à l'omnipotence de la police politique.

    Un constat plus qu’un aveu de faiblesse de la part de Brunhilde Pomsel, éduquée à la dure, incarnant la majeure partie de ses compatriotes qui cherchaient simplement à mener leur vie. Pour qui la propagande était un boulot comme un autre. A 31 ans, elle a accepté le poste parce qu’elle était bien payée. "Je ne faisais que taper à la machine dans le bureau de Goebbels", Un homme qu’elle décrit comme "petit, mais qui se tenait bien et qui était gentil avec elle".

    Ce film à quatre mains qui vous prend aux tripes est entrecoupé par des ’images d’archives reconstituant le discours de l’époque, mais également par les hésitations, les silences, les moments de réflexion de sa protagoniste, qui garde à son âge avancé une extraordinaire facilité à s’exprimer, à s'analyser. Elle ne cherche pas à se justifier, ni à se cacher, mais rappelle qu’il est facile de juger et de s’imaginer en résistant a posteriori.

    On peut évoquer une autojustification tardive. Mais l’essentiel est ailleurs. Lutter encore et toujours contre l’oubli. Et c’est ce que voulait Brunhilde Pomsel. Dans un entretien en juin 2016 à l’AFP, elle assurait "avoir la conscience tranquille et s’être prêtée à ce documentaire pour informer la nouvelle génération de toutes ces choses comme il y a de moins en moins de témoins".

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 10 mai.

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