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  • Festival de Cannes: "The Square" du Suédois Ruben Östlund décroche la Palme d'or. Le jury rate la cible

    aaaaaapalme.jpgLe jury a joué la surprise en décernant une Palme d’or peu attendue. Elle récompense The Square, l’histoire d’un directeur de musée soutenant de grandes causes humanitaires et incitant les visiteurs à l'altruisme. Jusqu’au jour où il se fait voler son portefeuille et son téléphone portable.

    Un film dont l’ironie grinçante à l'égard du monde de l'art et des nantis culmine dans une scène hallucinante avec un être monstrueux effrayant le bourgeois. Mais qui se délite au cours d'une intrigue qui traîne en longueur.

    « C’est un film formidable et une équipe formidable. J’espère que nous pourrons travailler encore ensemble », a déclaré le cinéaste en recevant la récompense suprême des mains de l’actrice Juliette Binoche. Il a fait pousser un cri de bonheur à l’assistance selon une tradition suédoise.

    A notre avis pourtant le jury a raté la cible, la Palme devant revenir à 120 battements par minute du Français Robin Campillo, un film choral fort, bouleversant, évoquant la lutte contre le sida dans les années 90. Une œuvre rare s‘adressant autant au cœur qu’à l’intelligence, unanimement plébiscitée sur la Croisette. Son auteur doit toutefois se contenter du Grand prix .

    Pedro Almodovar et ses complices ont par ailleurs sous-estimé Faute d’amour du Russe Andrey Zvyagintsev en ne lui attribuant "que" le Prix du jury. Il méritait d’être tout en haut du palmarès avec sa critique d'une société déshumanisée, à travers la disparition de l'enfant d'un couple moscovite. Un film coup de poing, brutal, implacable, glaçant, servi par une superbe mise en scène.

    Le prix spécial du 70e anniversaire du Festival de Cannes est allé à Nicole Kidman (absente), deux fois en compétition, Mise à mort du cerf sacré et les Proies. La réalisatrice de ce dernier, Sofia Coppola, (pas là non plus) décroche injustement le Prix de la mise en scène avec le remake inutile, bien trop lisse et d’un intérêt mineur, du roman éponyme de Thomas Cullinan. Don Siegel l'avait déjà adapté en 1971. Mais on ne retrouve rien du côté équivoque, dérangeant, vénéneux de l’original dans la version édulcorée de l'Américaine.  

    aaaaaaaaaadk.jpgDiane Kruger est sacrée meilleure actrice pour son rôle dans In the Fade, de Fatih Akin. Elle se glisse avec talent dans la peau d'une mère dévastée par la mort de son fils et de son mari dans un attentat à la bombe. C'est sa première partition dans sa langue natale, l'allemand. C'est aussi l'une des deux seules comédiennes à porter un film de bout en bout.

    Bon lui aussi, Joaquin Phoenix rafle le Prix d’interprétation masculine. Dans You Were Never Really Here, de la Britannique Lynne Ramsay, Imposant, barbu, il joue un personnage au mental fracassé par une série de traumas remontant à son enfance.

    L'opus permet également à son auteure de remporter le Prix du scénario. Evoquant le voyage au bout des ténèbres d’un ex-soldat et agent du FBI engagé pour sauver une mineure du milieu de la prostitution, le métrage secoue mais on lui reprochera une trop grande complaisance dans de terrifiants éclats de violence.

    En revanche avec Mise à mort du cerf sacré le Grec Yorgos Lanthimos usurpe complètement ce même prix ex-aequo. Il met en scène un chirurgien marié et père de deux enfants s’occupant d’un ado à problèmes. Un thriller bien barré en forme de comédie macabre.

    Une compétition assez décevante

    Pedro Almodovar doit être satisfait de ses jurés. Les deux films Netflix, Okja du Sud-Coréen Bong Jong-Ho et The Meyerewitz Stories de l’Américain Noah Baumbach, que la plateforme n’envisage pas de montrer en salle même en cas de Palme d’or, sont repartis bredouilles. Logiquement d’ailleurs, à l’image d’autres concurrents dans une compétition globalement assez décevante.

    En-dehors de quelques grands moments, on ne peut en effet pas prétendre que cette 70e édition dont on attendait énormément, laissera un souvenir impérissable. Pourtant on était parti sur les chapeaux de roue avec Faute d’amour d'Andrey Zvyagintsev et 120 battements par minute de Robin Campillo.

    La compétition s'est ensuite poursuivie en dents de scie, sans émerveillement. A l'image du palmé The Square, (on oubliera Les proies et le ridicule Mise à mort du cerf sacré), on trouvait Jupiter’s Moon du Hongrois Kornel Mandruczo. Un film fantastico-mystique où un jeune migrant blessé par balles se découvre un étrange pouvoir de lé vitation.

    aaaaaaaaaaagarrel.jpgDans le ventre mou du concours, on a en revanche apprécié Le Redoutable de Michel Hazanavicius. Il a eu l’audace de s’attaquer au mythe Godard, légende vivante de la Nouvelle Vague, en crise existentialiste et cinématographique pendant et après Mai 68, suite à la mauvaise réception de La Chinoise. Une comédie jubilatoire et un Louis Garrel absolument irrésistible en JLG. Il n’a hélas pas convaincu le jury.

    On aime bien également L'amant double de François Ozon, thriller érotique qui explore les tréfonds noirs et pervers de l'âme humaine, en mettant à nu Marine Vacth et Jérémie Renier. 

    Good Time de Josh et Benny Safdie se situe dans une honnête moyenne. Un homme cherche à faire sortir de prison son frère arrêté au cours d’un braquage qui a mal tourné. Avec Robert Pattinson méconnaissable.

    Il y a aussi Rodin de Jacques Doillon qui nous enferme pour un processus de création dans l’atelier du génial sculpteur. Une mise en scène plombante dans une ambiance pesante d’où ne ressort aucune passion. Bien que Vincent Lindon s’investisse corps et âme dans son rôle.

    Mais la plus grande déception vient de Michael Haneke, candidat à une troisième Palme d’or avec Happy End. Il se livre à une sorte de recyclage de son œuvre, centrée sur le manque de communication entre les gens et leur indifférence au monde. Avec des comédiens quasiment en roue libre.

    aaaaaaaaabinoche.jpgDe petites perles dans les sections parallèles

    Bien qu’elle en constitue la colonne vertébrale, le Festival ne se limite pas à la compétition. A retenir trois films qui nous ont beaucoup plu. Dont deux dans la section Un Certain Regard: Barbara de Mathieu Amalric, qui veut ressusciter la célèbre chanteuse formidablement incarnée par Jeanne Balibar. Ainsi que L’atelier de Laurent Cantet

    Le cinéaste propose l’histoire d’un groupe d’adolescents sélectionnés pour participer le temps d’un été à l’atelier d’un écrivain, Olivia, romancière à succès. Pour ces jeunes, l’objectif est d‘écrire un récit basé sur leurs propres vies et leur quotidien.Certains jouent le jeu d’autres moins.,

    A La Quinzaine des Réalisateurs, Claire Denis séduit avec Un beau soleil intérieur, un scénario coécrit avec Christine Angot, qui signe également les dialogues. La réalisatrice se penche sur les affres d’Isabelle, peintre quinquagénaire divorcée et mère d’une petite fille, en quête désespérée du véritable amour. Juliette Binoche y est particulièrement belle et sexy. 

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  • Festival de Cannes: «L'amant double», le thriller érotique de François Ozon

    aaaaaaamant.jpgUne coupe de cheveux, une visite gynécologique, une plongée dans un vagin qui palpite… Le ton est donné pour L’amant double de François Ozon. Auteur prolixe, ce grand habitué de la Croisette, qui s'alignait une troisième fois dans la course à la Palme d'or, est encore reparti bredouille. Le jury est resté insensible au charme de la belle Marine Vacth. Quatre ans après Jeune et jolie, elle interprète Chloé, une femme fragile et dépressive. Tourmentée par des maux de ventre, elle décide d’entreprendre une psychothérapie et ne tarde pas à tomber amoureuse de son psy Paul, incarné par l'acteur belge Jérémie Renier.

    Quelques mois plus tard les amants s'installent ensemble. En rangeant des cartons, Chloé met par hasard la main sur un passeport dont la photo ressemble furieusement à Paul et pense qu’il lui cache des choses. Le voyant parler avec une femme, elle imagine qu’il la trompe jusqu’àu moment où elle découvre qu’il a un frère jumeau, Louis, également psychiatre avec qui il est brouillé depuis dix ans…

    Prenant rendez-vous avec lui sous un faux nom, elle devient sa maîtresse. Pensant à l’un lorsqu’elle est avec l’autre au cours de scènes torrides, elle est déchirée entre deux personnages physiquement identiques aux personnalités antagonistes.

    L’auteur met ses protagonistes à nu

    François Ozon n’hésite pas à mettre ses protagonistes à nu, au propre et au figuré dans son vingtième long métrage, un thriller érotique stylisé, à l’image clinique presque chirurgicale, construit de manière architecturale avec des effets de miroirs. Explorant les tréfonds noirs et pervers de l’âme humaine à travers des personnages redoutablement névrosés, ce fan de Hitchcock, s’est inspiré d’un polar noir paru en 1987, de Joyce Carol Oates, alias Rosamond Smith, The Lives of The Twins (L’amour en double en français).

    «J’étais d’autant plus séduit par l’intrigue qu’elle avait utilisé un pseudonyme pour l’écrire. Il y a déjà là l’idée du double », déclare l’auteur. «J’en ai toutefois réalisé une adaptation assez libre, en inventant par exemple une fin inexistante dans le livre, en changeant la profession de la fille qui passe de mannequin à gardienne de musée chez moi. Et bien sûr je l’ai transposé en France».

    Pourquoi cette folie du double dans un thriller à tendance gore?

    Nous sommes tous différents selon qui nous fait face, nous avons des identités multiples. Cela contribue à la richesse d’une personnalité Dans mes goûts je suis très éclectique. Ce qui m’intéresse dans un film c’et la narration et la façon de lui trouver une forme adéquate. J’adapte mon récit au sujet que je traite. Par exemple dans Frantz, mon film précédent, je suis beaucoup plus classique. Là j’avais envie de jouer avec le film d’horreur et ses codes. Evoquer le suspense, la manipulation. Créer une tension permanente, un effroi, un malaise. J’ai essayé de retrouver cette angoisse qu’on aime. C‘est une sorte de catharsis. On se fait peur, comme les enfants.

    Vous allez loin dans les fantasmes de votre héroïne

    Cette histoire m’y pousse. Elle a des rêves de meurtre. Les fantasmes et les rêves révèlent la vérité des gens. Cela permet de mieux les cerner. On pense que le mal vient de l’extérieur En réalité il est en nous.

    Vous avez choisi de retravailler avec Marine Vacht. Votre nouvelle muse?

    Je me suis très bien entendu avec elle. Pour Jeune et jolie, je l’ai filmée un peu comme dans un documentaire. Depuis elle est devenue une vraie comédienne. En quatre ans, je l’ai vu grandir avec d’autres cinéastes. Dans L’amant double, elle montre ses talents d’actrice. C’est une fille très équilibrée, très mûre pour son âge.

    En ce qui concerne Jérémie Renier, c’est la troisième fois que vous collaborez après Potiche et Les amants criminels. Était-ce difficile pour lui d’endosser ce rôle délicat de personnalités identiques et antagonistes.

    Oui, c’est compliqué, mais tous les acteurs rêvent de jouer des jumeaux. Jérémie état ravi, mais également anxieux de savoir s’il serait aussi bon dans les deux caractères. Sa nature le porte en effet plutôt vers le personnage de Paul, l’élément gentil que vers celui de Louis, son exact contraire. En même temps, il a sa part d’ombre. Comme tout le monde.

    Et qu’en est-il de la vôtre? Où la dissimulez-vous?

    Dans mes films. La gémellité, c’est fascinant, mais c’est également angoissant d’être face à un miroir. Je me supporte déjà difficilement en simple exemplaire. Alors en double, vous imaginez...

    1. A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 31 mai.

     

     

     

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  • Festival de Cannes: pour Pedro Almodovar, la Palme d'or doit sortir en salles

    aaaaaapedro.jpgAlors qu’Emmanuel Macron et Donald Trump font leur possible pour lui voler la vedette, le Festival de Cannes déroule imperturbablement son tapis rouge où se bousculaient déjà les stars à l’ouverture de cette 70e édition.

    A commencer par le président du jury Pedro Almodovar et ses huit camarades, à qui échoit la redoutable tâche de décerner la Palme d’or à l’un des dix-neuf concurrents. Invité à dire ce que représente pour lui le festival en conférence de presse, le bouillant Espagnol n’a pas tardé à annoncer la couleur.

    Après avoir rappelé qu’il fréquentait la grand-messe cannoise depuis 1982 «une fête et une célébration du cinéma d’auteur», il a déclaré, en référence à la polémique Netflix, ne pas concevoir qu’une Palme d’or ou un autre prix soient remis à un film ne pouvant être vu en salles. Alors que la plateforme américaine prévoit le contraire en ce qui concerne The Meyerowitz Stories de l’Américain Noah Baumbach et Okja du Sud-Coréen Bong-Joon-Ho.

    «Cela ne signifie pas que je ne sois pas ouvert aux nouvelles technologies ou à ce qu’elles apportent », a-t-il ajouté. «Mais ce qui est déterminant quand on voit un film pour la première fois, c’est la taille de l’écran. Elle ne soit pas être plus petite que votre chaise».

    Pour le reste, Pedro Almodovar a insisté sur sa chance unique d’avoir été choisi. A l’image de ses co-jurés, les Américains Jessica Chastain et Will Smith, la Chinoise Fan Bingbing, le Sud-Coréen Park Chang-Wook, l’Allemande Maren Ade, l’Italien Paolo Sorrentino, les Français Agnès Jaoui et Gabriel Yared.

    En revanche ils ne partagent pas forcément la position radicale de leur président à propos de Netflix, plus particulièrement Agnès Jaoui, relativement nuancée toutefois, et Will Smith qui a lui complètement pris la défense du géant du streaming. Ce qui n'est pas très étonnant, dans la mesure où il produira son prochain film. 

    Mais ils se retrouvent tous pour se réjouir de voir des films qui leur ouvriront l’esprit et le coeur, de vivre une extraordinaire expérience, d’apprendre, de juger sans idée préconçue, de découvrir le cinéma de demain. Will Smith, encore lui, s’est montré d’humeur comiquement batailleuse dans l’interview précédent la conférence de presse. «J’atttends de pouvoir taper sur la table et affirmer que je ne suis pas d’accord. Faire un scandale au cours des débats… »

    aaaaaaafantomes.jpgUn casting cinq étoiles pour Les fantômes d’Ismaël

    Des stars, il y en avait aussi dans Les fantômes d’Ismaël, le film d’ouverture du Français Arnaud Despleschin réunissant Marion Cotillard, Charlotte Gainsbourg, Alice Rohrwacher, Mathieu Amalric, Louis Garrel (le cheveu rasé, nuisant un poil si j’ose dire en l’occurrence à son charme) et Hippolyte Girardot.

    Une histoire assez folle où le réalisateur, ne cachant pas non plus son bonheur, sa gratitude, son émotion d’en être, de surcroît sans le stress du verdict final, balade le spectateur dans les méandres d’intrigues sur fond d’espionnage.

    Tandis qu’un diplomate traverse le monde sans rien y comprendre, un réalisateur traverse son existence sans rien y piger non plus. Despleschin fracasse des fragments d’histoires pour faire naître de ces éclats une femme aimée, le souvenir d’une femme aimée revenue d’entre les morts et une diablotine. Un film dont le message, pour son auteur, tient avant tout dans l’avant- dernière réplique de Charlotte Gainsbourg. «La vie m’est arrivée».

    C’est aussi la première rencontre cinématographique entre cette dernière et Marion Cotillard. Elle s’est révélée évidente et simple sur le plateau. Cette collaboration correspond par ailleurs au souhait de Marion. «J’ai eu la chance de tourner avec de grands acteurs, mais j’adorerais jouer davantage avec des femmes. J’ai une passion pour les actrices et c’est merveilleux de partager cette expérience avec Charlotte ».

    Une double satisfaction pour le cinéaste qui avait envie de travailler avec Charlotte depuis «L’effrontée», tout en admirant la capacité de Marion à créer du mythe et à s’en débarrasser.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 17 mai.

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