Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Grand écran: "Django" raconte un moment méconnu de la carrière du guitariste. Avec Reda Kateb

    aaaaadjango.jpgAvec son titre Django, on s’attendait à une biographie détaillée du célèbre guitariste. Mais pour son premier long métrage, Etienne Comar laisse de côté des épisodes majeurs du parcours de l’artiste pour se concentrer longuement sur deux ans méconnus de sa carrière.

    En 1943, pendant l’Occupation, Django Rheinhardt, génie au sommet de son art, fait vibrer chaque soir le tout Paris aux Folies Bergères alors que ses frères tziganes sont pourchassés et tués en Europe.

    Même s’ils détestent cette musique "dégnérée", Django plaît aux occupants et la propagande allemande veut l’envoyer à Berlin pour une série de concerts. Non seulement la star n’a pas envie de se plier aux exigences ( pas d'impro de plus de cinq secondes et pas de swing) mais, sentant le danger, décide de s’évader en Suisse sur les conseils de sa maîtresse, Louise de Klerk.

    Il se rend à Thonon avec sa femme enceinte, Naguine et sa mère Negros. L'opération se révélant plus compliquée que prévue, Django et ses proches, bloqués pendant trois mois, se retrouvent plongés dans la guerre…

    On peine à adhérer à cet opus un peu bancal, au récit linéaire, à la réalisation paresseuse et au scénario à ellipses semant la confusion, prenant par ailleurs des libertés avec la réalité. A l’image de ces scènes démonstratives devant un aréopage de nazis sous le charme, coïncidant avec l’assassinat d’un vieux chanteur gitan en pleine forêt. Ou, pour le côté romanesque, l’invention de la belle Louise de Klerk interprétée par Cécile de France, héroïne tragique de la Résistance façon femme fatale des films noirs des années 50, et finalement jetée en pâture à l’ennemi.

    Et puis il y a l'importance finale d’un Requiem composé pendant la guerre pour les Roms massacrés, joué une seule fois en 1945 et dont la partition s’est perdue… Des fausses notes en somme, ne rendant pas service à Reda Kateb (photo), qui sauve pourtant les meubles en s'investissant totalement dans le rôle de Django. De chaque plan, il campe un personnage à la fois secret, complexe,dédaigneux, infidèle, joueur.

    Reste enfin, la musique de ce géant du jazz, obsédé par la perfection. Electrisante, elle vaut à elle seule le détour.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 26 avril.

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine
  • Grand écran: "Le procès du siècle", un sujet passionnant porté par de brillants acteurs

    aaaaaaproces.jpgEn 2000, après cinq ans de procédure, l ‘Américaine Deborah Lipstadt, professeure d’histoire et de littérature juives modernes à l’université d’Atlanta, auteure de Denying The Holocaust (La négation de l’Holocauste) sorti en 1993, se voit confrontée au Britannique David Irving. Cet universitaire extrémiste, historien amateur, écrivain à succès sur la seconde Guerre mondiale et avocat de thèses controversées sur le régime nazi, a sombré dans le révisionnisme.

    Discrédité par Deborah Lipstadt, il la poursuit ainsi que son éditeur Penguin Books, pour diffamation et l’assigne en justice. Comme le veut la loi anglaise, c’est à l’accusé de démontrer son innocence et l’historienne se retrouve dans la situation incroyablement absurde de devoir prouver, à la Cour royale de Londres, l’existence de la Shoah dont elle a toujours farouchement défendu la mémoire. 

    Le réalisateur Mick Jackson (auteur de Bodyguard en 1992) a coécrit Le procès du siècle (Denial) avec David Hare. Scénariste de The Reader (2009) de Stephan Daldry, autre film de prétoire sur l’après-guerre, ce dernier a épluché les archives officielles du procès et scrupuleusement retranscrit les échanges tenus.

    Bien documentée et donc respectueuse dans sa reconstitution des faits réels, l’oeuvre classiquement mise en scène est par ailleurs portée par des comédiens très convaincants. Rachel Weisz (photo) tient le rôle de l’historienne pugnace, obligée de contrôler ses émotions, Tom Wilkinson celui de l’avocat faussement bonhomme mais vraiment retors de Penguin, tandis que Timothy Spall (meilleur acteur à Cannes en 2014 pour Mr Turner de Mike Leigh) enfile celui du négationniste aussi nauséabond que pervers, prêt au pire pour parvenir à ses fins.

    On vous laisse découvrir l’issue de ce long métrage au sujet passionnant, auquel Deborah Lipstadt, aujourd'hui âgée de 69 ans et enseignant toujours, a collaboré en participant activement à la production.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 26 avril.

     

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine
  • Grand écran: "The Birth of a Nation", épisode sanglant d'une révolte d'esclaves dans la Virginie de 1830

    aaaaabirth.jpgDésireux de donner une réponse morale et historique à Naissance d’une nation de D.W. Griffith (1915) film muet illustrant la pensée raciste en glorifiant le Ku Klux Klan, Nate Parker, 36 ans, acteur afro-américain méconnu, passe derrière la caméra pour livrer son propre Birth of a Nation. Un sulfureux biopic où il se réserve également le rôle principal. Coécrit avec Jean Celestin, il est récompensé par le Grand Prix du jury et celui du public au Festival de Sundance l’an dernier.

    Pour sa première réalisation, Parker remonte 30 ans avant la guerre de Sécession, en Virginie, et propose une adaptation très libre de la vie du légendaire Nat Turner, qu’il voit comme son alter ego messianique. Esclave cultivé, c’est un prédicateur très écouté, Son propriétaire, Samuel Turner, se débattant dans des difficultés financières, accepte une offre visant à utiliser les talents de prêcheur de Nat pour soumettre des esclaves indisciplinés.

    Après avoir été témoin des atrocités commises à l’encontre de ses camarades opprimés, et en avoir lui-même souffert avec son épouse, Nat passe à l'action et conduit la rébellion contre les propriétaires. Tuée dans l'oeuf, ce fut un bain de sang de part et d’autre, suivi par des lois particulièrement restrictives à l’endroit des Noirs dans plusieurs états, qui ont changé le cours de l’Histoire américaine.

    Parker rattrapé par son passé

    Cette sombre page fondatrice de la révolte anti-esclavagiste dans le sud des Etats-Unis, a soulevé de vives passions outre-Atlantique où, entaché d'un scandale hors pellicule, le film a été boudé, tndis qu'il a été privé de sortie dans divers pays. Selon la version de Parker, Turner décide de se révolter après le viol collectif de deux femmes esclaves, dont la sienne. Or il faut savoir que fin août 2016, le réalisateur, heureux vendeur de son film pour plus de 17 millions de dollars et favori précoce pour les Oscars après ses trophées de Sundance, est rattrapé par son passé.

    Suivant des cours à la Pennsylvania State University, il avait en effet été accusé de viol, 17 ans auparavant, avec son ami Jean Celestin par une étudiante de 18 ans. Ils sont jugés en 2001. Parker est acquitté, Celestin condamné. Ce dernier fait appel mais la jeune fille refuse de revenir témoigner. L’affaire est classée en 2005. La victime se suicide en 2012. D’où l’éternel et complexe débat: doit-on dissocier l’homme de son œuvre? Voir les affaires Roman Polanski ou Woody Allen...

    Un film qui divise

    Dans son aspect purement cinématographique, l'opus divise logiquement. Militant, radical, porté par des comédiens plutôt convaincants, c'est un cri de colère vengeur efficace contre l'esclavage. Une œuvre choc, édifiante, à la fois poignante et brutale, d’une cruauté souvent insoutenable, affirmant avec force et rage que la barbarie ne fait qu’engendrer la barbarie.

    Mais on lui reprochera aussi son manichéisme, un côté démonstratif, peu subtil sinon lourdaud, des scènes complaisantes dans la représentation de la violence ou n'évitant pas les clichés. Pour résumer, arrivant trois ans après le triplement oscarisé Twelve Years A Slave de Steve McQueen, The Birtlh of a Nation souffre tout simplement de la comparaison sur les plans du récit et de la mise en scène.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 26 avril.

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine