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  • Grand écran: Kristen Stewart magnétique dans "Personal Shopper" d'Olivier Assayas

    ashopperas.jpgAprès leur première collaboration dans Sils Maria en 2014, Olivier Assayas et  Kristen Stewart ont eu envie de renouveler l’expérience avec Personal Shopper, où la nouvelle muse du cinéaste se retrouve à incarner une assistante de star. Jeune Américaine dépressive et solitaire installée à Paris, Maureen s’occupe, bien qu’elle déteste ça, de la garde-robe d’une célébrité de la mode trop débordée pour faire ses courses elle-même chez les grands-couturiers et les bijoutiers.  

    L’occasion d’un défilé de marques de Chanel à Cartier en passant par Louboutin, prétexte pour le réalisateur de critiquer un monde obnubilé par le luxe. Car pour lui, Personal Shopper est  l’histoire d’une femme exerçant un travail d’un matérialisme aliénant et cherchant le salut dans le rejet de ce matérialisme.  

    Cela dit,elle n’a pas trouvé mieux pour payer son loyer en attendant une manifestation de l’au-delà- Car par ailleurs medium, Maureen cherche à communiquer avec Lewis, son jumeau décédé récemment des suites d’une malformation cardiaque, une maladie dont elle est souffre également. Inconsolable, incapable de faire son deuil, elle affirme sentir la présence du cher disparu, ce qui lui permet de conserver l’espoir d’un dernier signe de lui, pour pouvoir vivre sa vie restée en suspens. Elle se met alors à recevoir sur son portable d’étranges messages anonymes, la poussant à devenir une autre.  

    Le réalisateur fasciné par son héroïne

    Impressionnante, brillante, magnétique, de chaque plan,  Kristen Stewart,superbement filmée sous toutes les coutures par un Olivier Assayas à l’évidence fasciné par son héroïne, offre une remarquable prestation dans un rôle subtil et complexe, à l’image de l’opus,

    Inclassable entre thriller horrifico-psychologico-fantastico-fantomatique et drame intime, Personal Shopper  se révèle envoûtant, déroutant, bizarroïde. Il nourrit une sorte de méditation érudite, cérébrale et irrationnelle, convoquant des spectres sous forme de masses gazeuses, le souvenir d’ Hilma Af Klint, pionnière de l’art abstrait, ou celui d’un Victor Hugo spirite joué par Benjamin Bioley.   

    Tout n’est certes pas parfait.L'histoire se perd un peu parfois et on reprochera notamment à Assayas une séquence aussi longue qu’improbable, nous valant d’interminables échanges de textos. Des réserves mineures cependant, non seulement gommées par la présence envoûtante de Kristen Stewart, mais également par une belle image et une mise en scène sophistiquée, élégante. A Cannes en mai, elle a justement valu le prix à son auteur (à égalité avec Baccalauréat du Roumain Cristian Mungiu), en dépit des huées de certains critiques chagrins.   

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 14 décembre.

     

     

     

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  • Grand écran: dans "Premier contact", Denis Villeneuve part à la rencontre des extraterrestres

    apremier.jpgAvant Blade Runner 2049, dont la sortie est prévue en octobre prochain, Denis Villeneuve s’est fait la main avec Premier Contact (Arrival en VO), basé sur la nouvelle Story Of your life de Ted Chiang. L’auteur, qui s’est entouré d’Amy Adams, Jeremy Renner et Forest Whitaker, rêvait de faire un film de science-fiction depuis l’âge de 10 ans. Une réussite. Se risquant à une nouvelle approche, il utilise les codes du genre pour mieux les transcender.

    Douze énormes et mystérieux vaisseaux ovoïdes venus du fond de l’espace atterrissent aux quatre coins de la planète. Face au problème, sinon à la menace que constitue leur présence, le monde ne tarde pas à se retrouver au bord de la guerre, des réactions extrêmes mettant en péril la solidarité internationale.

    Pour répondre aux questions angoissées des populations avides de réponses, une équipe d’experts est alors réunie. Sous la direction de la linguiste Louise Banks (voilà qui nous change du militaire haut-gradé et du super agent de la CIA!), ils vont tenter de comprendre les intentions éventuellement belliqueuses de leurs occupants. De drôles de créatures à sept pieds, autrement dit, des heptapodes...

    abanks.jpgDévastée par la perte d’un enfant et en quête de rédemption, Louise Banks (incarnée par l’excellente, fragile et pugnace Amy Adams) réussit l’exploit d’entrer en contact avec deux d’entre eux, Abbott et Costello, un clin d’oeil aux célèbres humoristes des années 40/50. Ils finiront par lui expliquer qu’ils sont venus initier les Terriens à leur langage. Car dans 3000 ans, ce sont les heptapodes qui auront besoin d'eux. 

    Spielberg n'est pas loin, Kubrick encore moins

    Spielberg n’est pas loin, mais surtout le réalisateur assume une filiation avec Stanley Kubrick, avec l’invention de son immense oeuf extra-terrestre noir flottant au-dessus du sol, qui rappelle évidemment le fameux monolithe d’Odyssée 2001.

    Il va plus loin dans la mesure où il pénètre à l’intérieur de l’objet pour tenter de percer les secrets de l’énigme métaphysique laissée par le génial Stanley. Il s’agit en l’occurrence de parcourir un long tunnel au bout duquel se trouve la salle de communication équipée d’un écran derrière lequel évoluent les heptapodes. 

    Brassant les genres, science-fiction, thriller, mélodrame fantastique, Denis Villeneuve livre ainsi un récit passionnant, fourmillant de trouvailles visuelles, sur l’importance du dialogue entre tous les êtres, humains et aliens confondus.

    Un film intelligent, plein d’émotion, mélancolique, puisant dans l’intime, à la fois contemplatif et sous tension, privilégiant les acteurs aux dépens des effets spéciaux. Jouant du flashback et du flashforward, cette rencontre du "quatrième type" explore avec talent notre rapport, notre désarroi et nos peurs devant l’inconnu. Un bémol toutefois concernant le symbolisme lourd de certaines scènes, notamment le dénouement qui en est surchargé.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 7 décembre.

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  • Grand écran: "Seul dans Berlin" montre le courage d'un couple ordinaire face au nazisme

    aberlin.jpgComment rater un excellent sujet. C’est la remarque qui ne tarde pas à s’imposer à la vision de Seul dans  Berlin, le troisième long-métrage du Suisse Vincent Perez évoquant un épisode historique peu connu. Nous sommes en 1940. La ferveur nazie est à son comble après la victoire sur la France. Mais la population berlinoise est aussi paralysée par la peur. A l’image d’Otto et Anna Quangel, un couple d’ouvriers habitant un quartier modeste et qui font profil bas, comme leurs voisins, devant la suffisance du Reich.

    Apprenant que leur fils unique est mort au front, tout bascule chez eux. Dévastés, ils décident de se révolter, Otto dévoilant à Anna son idée de disséminer dans la cité des cartes où sont écrits de petits messages anonymes, critiquant Hitler et ses sbires. Une démarche insolite, au péril de leur vie. Car s’ils sont découverts, ils savent qu’ils seront impitoyablement exécutés.

    La première atterrit rapidement à la Gestapo et le cas est confié à l’inspecteur Escherich. Bientôt un jeu périlleux du chat et de la souris s’instaure. La menace se rapproche chaque jour, Escherich étant brutalement sommé par ses supérieurs, irrités par cet acte de rébellion, de trouver au plus vite les coupables de ce crime anti-nazi. Le danger ne fait toutefois que renforcer la détermination d’Otto et d’Anna, qui multiplient audacieusement la pose des cartes. Entre 1940 et 1942, il  y en aura 267 transmises à la Gestapo. Les Quangel finiront dans ses murs…

    Inspiré du roman éponyme d'Hans Fallada    

    Vincent Perez, qui avait été sélectionné en compétition officielle à la dernière Berlinale, s’est inspiré du roman éponyme de l’écrivain Hans Fallada, sorti en 1947, l’un des premiers à décrire le quotidien des citoyens allemands sous l‘hitlérisme et la lutte de certains contre lui. Malheureusement, bien qu’on le sente animé de bonnes intentions et qu’il ait mis neuf ans à faire son film, le réalisateur livre une adaptation quelconque de la dramatique histoire vraie d’Otto et Elise Hampel (rebaptisés Otto et Anna Quangel).

    Il y avait pourtant matière à un thriller d’envergure, aussi oppressant qu’intense dans le récit d’une prise de conscience allemande, de la résistance silencieuse à la barbarie à l’intérieur même du pays, du combat désespéré, du courage et de la souffrance de gens ordinaires transformés en héros face à l’ignominie d’un régime violemment répressif.

    Quant aux comédiens principaux, non des moindres puisqu’il s’agit d’Emma Thompson, de Brendan Gleeson (photo) et de Daniel  Bruhl, ils sont certes dignes mais enfermés dans la banalité de dialogues plus explicatifs que captivants. En anglais de surcroît! Du coup, leur présence ne suffit pas à insuffler une âme à ce film manquant d’émotion, d’audace et de personnalité.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 7 septembre.

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