Grand écran: "Seul dans Berlin" montre le courage d'un couple ordinaire face au nazisme (06/12/2016)
Comment rater un excellent sujet. C’est la remarque qui ne tarde pas à s’imposer à la vision de Seul dans Berlin, le troisième long-métrage du Suisse Vincent Perez évoquant un épisode historique peu connu. Nous sommes en 1940. La ferveur nazie est à son comble après la victoire sur la France. Mais la population berlinoise est aussi paralysée par la peur. A l’image d’Otto et Anna Quangel, un couple d’ouvriers habitant un quartier modeste et qui font profil bas, comme leurs voisins, devant la suffisance du Reich.
Apprenant que leur fils unique est mort au front, tout bascule chez eux. Dévastés, ils décident de se révolter, Otto dévoilant à Anna son idée de disséminer dans la cité des cartes où sont écrits de petits messages anonymes, critiquant Hitler et ses sbires. Une démarche insolite, au péril de leur vie. Car s’ils sont découverts, ils savent qu’ils seront impitoyablement exécutés.
La première atterrit rapidement à la Gestapo et le cas est confié à l’inspecteur Escherich. Bientôt un jeu périlleux du chat et de la souris s’instaure. La menace se rapproche chaque jour, Escherich étant brutalement sommé par ses supérieurs, irrités par cet acte de rébellion, de trouver au plus vite les coupables de ce crime anti-nazi. Le danger ne fait toutefois que renforcer la détermination d’Otto et d’Anna, qui multiplient audacieusement la pose des cartes. Entre 1940 et 1942, il y en aura 267 transmises à la Gestapo. Les Quangel finiront dans ses murs…
Inspiré du roman éponyme d'Hans Fallada
Vincent Perez, qui avait été sélectionné en compétition officielle à la dernière Berlinale, s’est inspiré du roman éponyme de l’écrivain Hans Fallada, sorti en 1947, l’un des premiers à décrire le quotidien des citoyens allemands sous l‘hitlérisme et la lutte de certains contre lui. Malheureusement, bien qu’on le sente animé de bonnes intentions et qu’il ait mis neuf ans à faire son film, le réalisateur livre une adaptation quelconque de la dramatique histoire vraie d’Otto et Elise Hampel (rebaptisés Otto et Anna Quangel).
Il y avait pourtant matière à un thriller d’envergure, aussi oppressant qu’intense dans le récit d’une prise de conscience allemande, de la résistance silencieuse à la barbarie à l’intérieur même du pays, du combat désespéré, du courage et de la souffrance de gens ordinaires transformés en héros face à l’ignominie d’un régime violemment répressif.
Quant aux comédiens principaux, non des moindres puisqu’il s’agit d’Emma Thompson, de Brendan Gleeson (photo) et de Daniel Bruhl, ils sont certes dignes mais enfermés dans la banalité de dialogues plus explicatifs que captivants. En anglais de surcroît! Du coup, leur présence ne suffit pas à insuffler une âme à ce film manquant d’émotion, d’audace et de personnalité.
A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 7 septembre.
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