Grand écran: Kristen Stewart magnétique dans "Personal Shopper" d'Olivier Assayas (12/12/2016)
Après leur première collaboration dans Sils Maria en 2014, Olivier Assayas et Kristen Stewart ont eu envie de renouveler l’expérience avec Personal Shopper, où la nouvelle muse du cinéaste se retrouve à incarner une assistante de star. Jeune Américaine dépressive et solitaire installée à Paris, Maureen s’occupe, bien qu’elle déteste ça, de la garde-robe d’une célébrité de la mode trop débordée pour faire ses courses elle-même chez les grands-couturiers et les bijoutiers.
L’occasion d’un défilé de marques de Chanel à Cartier en passant par Louboutin, prétexte pour le réalisateur de critiquer un monde obnubilé par le luxe. Car pour lui, Personal Shopper est l’histoire d’une femme exerçant un travail d’un matérialisme aliénant et cherchant le salut dans le rejet de ce matérialisme.
Cela dit,elle n’a pas trouvé mieux pour payer son loyer en attendant une manifestation de l’au-delà- Car par ailleurs medium, Maureen cherche à communiquer avec Lewis, son jumeau décédé récemment des suites d’une malformation cardiaque, une maladie dont elle est souffre également. Inconsolable, incapable de faire son deuil, elle affirme sentir la présence du cher disparu, ce qui lui permet de conserver l’espoir d’un dernier signe de lui, pour pouvoir vivre sa vie restée en suspens. Elle se met alors à recevoir sur son portable d’étranges messages anonymes, la poussant à devenir une autre.
Le réalisateur fasciné par son héroïne
Impressionnante, brillante, magnétique, de chaque plan, Kristen Stewart,superbement filmée sous toutes les coutures par un Olivier Assayas à l’évidence fasciné par son héroïne, offre une remarquable prestation dans un rôle subtil et complexe, à l’image de l’opus,
Inclassable entre thriller horrifico-psychologico-fantastico-fantomatique et drame intime, Personal Shopper se révèle envoûtant, déroutant, bizarroïde. Il nourrit une sorte de méditation érudite, cérébrale et irrationnelle, convoquant des spectres sous forme de masses gazeuses, le souvenir d’ Hilma Af Klint, pionnière de l’art abstrait, ou celui d’un Victor Hugo spirite joué par Benjamin Bioley.
Tout n’est certes pas parfait.L'histoire se perd un peu parfois et on reprochera notamment à Assayas une séquence aussi longue qu’improbable, nous valant d’interminables échanges de textos. Des réserves mineures cependant, non seulement gommées par la présence envoûtante de Kristen Stewart, mais également par une belle image et une mise en scène sophistiquée, élégante. A Cannes en mai, elle a justement valu le prix à son auteur (à égalité avec Baccalauréat du Roumain Cristian Mungiu), en dépit des huées de certains critiques chagrins.
A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 14 décembre.
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