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  • Cinéma: "Timbuktu", une ville livrée aux djihadistes. Un film coup de poing

    Tombouctou%20internet[1].jpgLe Mauritanien Abderrahmane Sissako a planté sa caméra à Tombouctou pour raconter le quotidien infernal de cette ville tombée aux mains des djihadistes, à travers les yeux de Kidane.

    Il mène  une vie simple et heureuse sous sa tente en compagnie de sa femme Satima, de sa fille Toya et d’Issan, un berger de 12 ans. Jusqu’au jour où leur vie bascule et qu’ils doivent subir les nouvelles lois autoritaires des extrémistes religieux. .

    Le réalisateur nous laisse éprouver la terreur que font régner les intégristes en parcourant jour et nuit les rues armés de kalachnikov et munis de mégaphones pour rappeler les règles. Violents, d’une redoutable bêtise, ils représentent les nouveaux visages de l’obscurantisme .

    Les interdictions pleuvent. Pas de musique, pas de cigarettes, pas de rires, pas de football, pas de flânerie. Les hommes sont forcés de retrousser leurs pantalons, les femmes contraintes de porter non seulement le voile, mais des gants et des chaussettes.

    9_timbuktu_de_abderrahmane_sissako-_c__2014_les_films_du_worso__dune_vision[1].jpgTout manquement signifie mort ou torture décrétées par de ridicules juges siégeant dans des tribunaux improvisés au terme de simulacres de procès. D’où des images insoutenables d’un couple lapidé ou d’une jeune femme, ayant commis l’’imprudence de chanter, condamnée à quarante coups de fouets. Et qui hurle de douleur au milieu du désert.

    Dans Timbuktu, film politique militant, dénonçant les atteintes aux libertés et aux droits de l’homme, l’auteur de Bamako, son précédent long-métrage, réussit à éviter le piège du manichéisme et du pathos, allant jusqu’à se permettre quelques notes d’humour au milieu de toute cette horreur.

    A la brutalité des hommes et des situations, il mêle des moments de douceur, de poésie, de somptuosité des paysages. Ou encore de grâce bafouée, comme cette folle et symbolique galopade d’une gazelle traquée dans les dunes,en tentant d'échapper aux bourreaux.  

    Cinématographiquement bien maîtrisée, cette fable coup de poing en forme de pamphlet, de plaidoyer contre l’ignorance, bouleverse par un propos d’une brûlante et cruelle actualité. Ouvrant la compétition au dernier Festival de  Cannes, elle avait provoqué un choc sur la  Croisette. Mais son auteur était malheureusement reparti les mains vides.

    Film à l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 10 décembre. 

     

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  • Cinéma: "La French". avec le duo Jean Dujardin et Gilles Lellouche

    imagesCAZTAS2N.jpgInspiré de faits réels, le deuxième long-métrage de Cédric Jimenez nous plonge dans le Marseille des seventies, en évoquant l’affrontement entre le fameux juge du grand banditisme Pierre Michel et Gaëtan Zampa, redoutable et intouchable parrain de la pègre du cru.

    Débarqué de Metz dans la cité phocéenne avec femme et enfants, le jeune magistrat, alias le cowboy, part pour son malheur en croisade contre la French Connection, organisation mafieuse exportant de l’héroïne dans le monde entier. 

    L’auteur adopte tous les codes du film de gangsters avec figures emblématiques côté milieu et côté justice, hommes de main, lutte de pouvoir pour s’approprier le marché de la drogue, flics ripoux et politiques corrompus. Il ne cache par ailleurs pas son admiration pour les cadors du genre, de Martin Scorsese à Michael Mann. En passant évidemment par William Friedkin, LA  référence en l’occurrence. En 1971, il signait son chef d'oeuvre avec French Connection, où il décrivait les choses sous l'angle américain, tandis que Cédric Jimenez l'aborde du point de vue hexagonal.

    Pas facile pourtant de rivaliser avec Les Affranchis, Casino ou autres Heat. Ecrasé par le poids de ses idoles, Cédric Jimenez propose ainsi un polar français à l’américaine qui, sans grande surprise, n’est pas à la hauteur de ses modèles. 

    Fourre-tout et manque de rythme

    La French souffre notamment d’un manque de rythme. En dépit d’une réalisation qui se veut dynamique, le film se traîne plus ou moins pendant 2h15, pour finir par rater la mise à mort attendue de Pierre Michel. Logique dans la mesure où l’auteur court (enfin si l’on peut dire…) plusieurs lièvres. Brassant pêle-mêle les dessous du trafic d‘héro et son démantèlement, la vie de famille sacrifiée, la biographie du juge assassiné mâtinée du portrait d’un homme qui évacue sa dépendance au jeu dans une traque obsessionnelle au malfrat, lui aussi plus ou moins sous examen de la part du metteur en scène. 

    Résultat, un côté fourre-tout pour ce film noir, dont la principale réussite est la reconstitution importante et minutieuse de l‘ambiance de Marseille à l’époque. Avec photographie vintage à l’appui. En résumé donc, un polar assez bourrin réalisé par une sorte de copieur s’appliquant à faire ce qu'il peut. L’ensemble est à l’image de l’interprétation des deux têtes d’affiche Jean Dujardin et Gilles Lellouche, qui sont un peu à Al Pacino et De Niro (surtout Lellouche) ) ce que la Twingo est à la Ferrari.

    Les personnages secondaires peinent carrément à exister, comme Benoît Magimel ou le malheureux  Gérard Meylan. Quant aux femmes, elles font de la figuration, à l’instar de Céline Sallette et Mélanie Doutey, respectivement compagne des deux héros de l'histoire. 

    Film à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 3 décembre.

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  • Cinéma: Mike Leigh raconte "Mr Turner", le peintre de la lumière

    images[3].jpgMike Leigh revient avec Mr Turner, consacré à l’un des plus célèbres peintres britanniques, précurseur des impressionnistes, né Joseph Mallord William Turner en 1775 et mort en 1851.

    Evoquant les 25 dernières années de celui qui fut si justement surnommé le peintre de la lumière, le grand cinéaste capte ses deux visages. Celui d’un artiste visionnaire qui a laissé une œuvre admirable avec des ambiances extraordinaires frisant parfois le fantastique, et celui de l’homme «très mortel» personnage complexe et tourmenté, dévoré par son art et ses blessures.
     
    Il habite avec son père qu’il adore, son confident qui lui sert aussi d’assistant et une gouvernante  dévouée, s’immisce chez les lords, fréquente les bordels et entreprend de nombreux voyages qui nourrissent son inspiration. La mort de son père l’affecte terriblement et il se renferme comme un petit garçon. Sa vie est aussi rythmée par les visites qu’il rend à sa maîtresse, propriétaire d’une pension de famille au bord de la mer.
     
    Cet homme hors normes, autodidacte, instinctif, à la fois rustre et doté de grandes capacités intellectuelles était victime, en dépit de sa célébrité, de sarcasmes et de railleries  émanant aussi bien du public que de l’establishment.
     
    Mike Leigh nous le montre renfrogné, taiseux, irascible, désagréable. Et vilain. Un contraste saisissant avec la beauté de ses paysages et de ses marines. Ce héros peu attachant a de surcroît de grosses difficultés à s’exprimer. Au lieu de parler, il grognait comme un animal.
     
    Il est incarné par Timothy Spall, un fidèle de Leigh, qui se glisse à merveille dans la peau de ce drôle de gros petit bonhomme. Sa performance lui a valu le prix d’interprétation au dernier Festival de Cannes où le réalisateur figurait pour la cinquième fois en compétition. "Afin de ne pas être ridicule à l’écran, j’ai pris du temps, deux ans, pour apprendre à dessiner et peindre", révélait le comédien lors de sa conférence de presse sur la Croisette.
     
    Sur fond de film social évoquant le quotidien trivial d’un Londres du milieu du 19e siècle, notamment peuplé de gens plutôt moches et sales, le cinéaste rend hommage à l’artiste à sa condition, au mystère et à l’exaltation de la création.
     
    Malgré son talent, les qualités formelles et visuelles d’une œuvre ambitieuse, sublimée par la photographie du chef opérateur Dick Pope, on peine à s’enthousiasmer véritablement pour ce biopic classique et très long (2h29), où Mike Leigh a tendance à ronronner.

    Film à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 3 décembre.

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