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  • Grand écran: Depardieu et son double se mettent à nu dans "Robuste"

    Le grand Depardieu ne cesse d’inspirer Constance Meyer qui lui a déjà consacré trois courts métrages décalés, notamment Rhapsody où il joue un  rôle de.. nounou. Dans Robuste, premier long de la cinéaste française de 38 ans née à Sion, il se glisse dans le costume de Georges, star sur le retour dont l’agent de sécurité, son bras droit, son protecteur et seul ami est obligé de s’absenter pendant quelques semaines. Athlète de haut niveau de 25 ans, sa collègue Aïssa (Deborah Lukumena, révélée dans Divines en 2016 , César de la meilleure actrice dans un second rôle), le remplace. Un lien unique va se créer entre ces deux êtres d’âges et de milieux très différents, mais qui se ressemblent. 

    Gérard Depardieu n’incarne pas, il est Georges et vice-versa. Son double se met ainsi à nu en icône incontrôlable, blasée, fatiguée, amère, désenchantée. Misanthrope, hypocondriaque, sollicité de partout, il veut qu’on le laisse tranquille. «Parfois, j’aimerais être mort pour qu’on me foute la paix», dit-il, n’hésitant pas à lâcher qu’il aime faire chier les gens. En souffrance, bourré de contradictions, il fuit le monde, cherche le calme  mais ne supporte pas de rester seul. Au fil des jours, il va se rapprocher d’Aïssa, à la fois garde du corps, baby-sitter de luxe et répétitrice.   
     
    Dans ce récit d’amitié attachant, émouvant, Constance Meyer met en scène deux créatures corpulentes, physiquement impressionnantes, mais en mal de tendresse. Ours mal léché, vieux gamin capricieux à la carrure protubérante, Gérard-Georges ne se sent pas moins abandonné. Il montre sa vulnérabilité, ses failles Sans oublier cette autodérision, cette drôlerie irrésistible qu’on aime tant chez lui. Talentueuse, puissante mais cachant ses propres fêlures, lutteuse au propre et au figuré, incroyable de naturel, Aïssa- Deborah, qui séduit avec son aplomb, son côté à la fois enfantin viril et féminin, lui tient la dragée haute.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 2 mars.        

     

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  • Grand écran: "La vraie famille", mélodrame bouleversant avec une remarquable Mélanie Thierry

    Anna, 34 ans, vit avec son mari, ses deux petits garçons et Simon,  placé chez eux par l’Assistance Sociale depuis l’âge de 18 mois. Il est aujourd’hui âgé de six ans. C’est alors que son père biologique veut récupérer sa garde. Un arrachement pour Anna, qui ne peut se résoudre à laisser partir celui qui l’a toujours appelée «Maman».

    La vraie famille, qui en réalité n’existe pas dans la mesure où elle ne cesse de changer, est le second long métrage de Fabien Gorgeat. S’inspirant de sa propre histoire, évitant le manichéisme et les pièges du pathos, il livre un mélodrame bouleversant. Soulevant avec intelligence, finesse et sensibilité des questions sur la complexité de la situation, l’auteur évoque parallèlement l’inégalité sociale entre des parents de substitution aisés qui peuvent offrir beaucoup plus à Simon que son vrai papa, jeune veuf seul gagnant péniblement sa vie. 

    Fabien Gorgeat capte parfaitement les tourments que provoque le retour de ce dernier vers la famille d’accueil, le déchirement qu’éprouve Anna, louve dévorante qui voit dans cette restitution obligée une forme d’injustice. Elle invente des prétextes pour ne pas rendre Simon, d’où le côté thriller qui traverse le film.

    Réaliste, tendu, avec une authenticité que confortent des enquêtes auprès des familles, des gens spécialisés, plus particulièrement une longue rencontre avec une éducatrice, l’opus est porté par Mélanie Thierry. La comédienne trouve là l’un de ses plus beaux rôles. Elle est remarquable d’intensité et de justesse face au petit Gabriel Pavie, impressionnant de naturel. Une révélation. A leur côté Félix Moati se montre très convaincant en père biologique qui a entrepris un gros travail de reconstruction.   

    «Je suis parti de mon enfance»

    «Cela fait 25 ans que j’avais envie de faire ce film », raconte Fabien Gorgeat de passage à Genève. «Je suis parti de mon enfance. Comme dans l’intrigue j’ai vécu avec un bébé de 18 mois placé chez nous alors que j’en avais trois et demi de plus. Mais j’ai également été influencé par Kramer contre Kramer, de Robert Benton, Le Kid de Charlie Chaplin. Sans oublier  E.T. de Steven Spielberg, parce que dans le fond, accueillir cet être fragile, c’était comme accueillir un extra-terrestre».

    Pourquoi votre famille a-t-elle décidé de s’occuper d’un gosse de plus?

    Ma mère s’est simplement dit, pourquoi pas ? Une voisine le faisait.  Mais on ne prend pas la mesure de ce que cela va impliquer émotionnellement. Au début on vous conseille de l'aimer mais pas trop. Evidemment ça ne marche pas de cette manière. On s’attache, on crée un lien et quand l’enfant doit partir, c’est dur.  

    On peut parler d’hymne à l’amour maternel.

    Je dirais plutôt surmaternel. On va très loin dans ce sentiment. Ma mère n’était pas comme Anna, qui perd peu à peu la raison par débordement d’amour.

    Au départ, on voit le père comme un trouble-fête. On éprouve presque de l’hostilité à son égard.

    Absolument. Simon est dans un conflit de loyauté. Mais les choses évoluent au fil du récit. Il est important qu’il n’y ait que des parties aimantes. Le père a toute sa légitimité dans sa revendication. Anna doit désapprendre à être mère et lui doit au contraire apprendre à se réapproprier son rôle. 

    Mélanie Thierry est extraordinaire. Avez-vous écrit le rôle pour elle?

    Pas du tout Je ne la connaissais pas. Je l’avais notamment découverte dans La douleur. Mais je n’avais pas vu de lâcher prise chez elle. En fait elle est entre ma mère, issue d’un milieu populaire qui a inspiré le personnage d’Anna, et Meryl Streep qui veut récupérer la garde de son fils qu’elle avait laissée à son ex-mari. Mélanie est entre le quotidien et la sophistication.

    Fabien Gorgeat va nous donner d’autres émotions avec son prochain film, une comédie évoquant une relation très forte entre deux potes de 16-17 ans et une fille. «Il y aura de la trahison, du théâtre, de la sexualité.»

    La vraie famille, à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 23 février. 

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  • Grand écran: avec "Rifkin's Festival", Woody Allen promène son double dans les rues de San Sebastian...

    Cinquantième long métrage du célèbre cinéaste, il ne fera certainement pas date dans sa filmographie. Cela n’empêche pas Woody Allen de nous proposer, avec Rifkin’s Festival, une plaisante balade romantico-humoristico-cinématographique dans les rues ensoleillées d’un San Sebastian de carte postale.  

    Double ironique de Woody Allen en pleine crise existentielle, le septuagénaire Mort Rifkin (Wallace Shawn), critique, professeur et romancier newyorkais, accompagne sa femme Sue (Gina Gershon) au...Festival de San Sebastian. Attachée de presse, Sue s’occupe du film d’un jeune réalisateur français séduisant, hautain et d’une prétention exaspérante (Louis Garrel, irrésistible), auquel elle succombe fatalement. 

    De 20 ans son aîné, le mari trompé ne peut évidemment pas lutter avec ce jeune coq narcissique, coqueluche de la critique et projetant de réconcilier Israéliens et Arabes dans un prochain long métrage. Se découvrant une douleur à la poitrine, l’hypocondriaque Mort en pleine déprime se rend chez un médecin. Il se retrouve alors face à une superbe femme mariée avec un rustre et en tombe amoureux.

    Paresseuse et cousue de fil blanc, l'intrigue n’a qu’un intérêt mineur. Rifkin’s Festival  offre surtout l’occasion au réalisateur de convoquer et célébrer les grands auteurs qui l’ont influencé ou marqué. Orson Welles et Citizen Kane pour commencer, mais aussi Fellini, Bergman, Bunuel, ou même Lelouch  (Un homme et une femme) avec des scènes qu’il s’amuse à pasticher en noir et blanc entre rêves, divagations et obsessions. 

    Cette comédie permet également à Woody Allen d’exercer son humour habituel en critiquant la faune festivalière avide de paillettes et de cocktails mondains, en ridiculisant les auteurs qui exhibent sans vergogne leur absence de talent autour de discussions futiles, en se moquant des journalistes se piquant d’originalité avec leurs sempiternelles questions bêtes.

    Il reste à espérer que la déambulation espagnole de Mort Rifkin, à la fois charmante, nostalgique, joyeuse, triste, grave et légère ne soit pas  testamentaire...

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 16 février.   

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