New-York à l'aube. Jane (Julia Garner) prend un taxi pour se rendre dans l’importante société de films où elle travaille depuis quelques semaines. En principe assistante, cette jeune femme surdiplômée qu’on va suivre durant toute une journée, est surexploitée par un patron exigeant, harceleur, colérique et inaccessible. Dont elle observe par ailleurs les allées et venues de ses différentes relations.
Après avoir pris un café, elle vaque assez machinalement à ses tâches quotidiennes. Et pour cause. Bien peu exaltantes, elles consistent à allumer les ordinateurs, préparer les salles de réunion, imprimer des documents pour des collègues moqueurs, gérer les réservations, ranger les bureaux, ramasser les miettes et les gobelets qui traînent après une réunion, voire pire… accompagner une trop jeune femme pour un «entretien» avec le boss dans un hôtel, répondre au téléphone à une épouse jalouse et hystérique.
La loi du silence
Jane finira par se plaindre mais cela ne lui servira à rien sinon de se voir signifier sa profonde ingratitude après avoir été choisie parmi des centaines de candidats. Ce qui prime, c’est la loi du silence, l’impossibilité, la complicité passive ou tout simplement la crainte de dénoncer les multiples abus d’un petit baron immoral et invisible, car incarné par une voix au téléphone derrière une porte fermée.
The Assistant de l'Australienne Kitty Green dont on relèvera la quasi absence de dialogues, résonne évidemment fortement dans l’actualité, l'affaire Weinstein ayant servi de point de départ au film. Il repose de bout en bout sur les épaules de Julia Garner. A la fois calme et obstinée, elle se révèle excellente dans le rôle rebutant de cette assistante bonne à tout faire dont on sent l’isolement, le manque de soutien et l’écoeurement, en découvrant un système pourri qu’on accepte ou qu’on quitte. Un univers glauque aliénant, très éloigné de ses rêves de productrice. Et dans lequel, au-delà des humiliations subies, elle a au moins une chance. Comme on le lui fait remarquer, elle n’est le genre du patron. Edifiant!
A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 21 octobre.