Chaque année, Locarno démarre par un cocktail de bienvenue à 18h30. Et généralement, il y a du monde. Mais, soixantième oblige, on se bousculait ferme dans le coin, mercredi à l'heure H. Jamais vu autant de pékins pour écouter les discours de Madame le syndic, du président Solari et du directeur Maire. Enfin si on veut. A peine ces derniers en avaient-ils terminé avec leur ode émouvante aux politiques, aux sponsors et au cinéma (oui, quand même) que c'était la ruée sur le buffet.
Et croyez-moi, à part tenter de serrer la pince de George Clooney à Cannes, il n'y a pas grand-chose d'autre qu'un buffet pour rendre l'homme à l'état sauvage. Stratégiquement placés devant les tables et tenant farouchement leur position, les premiers n'ont eu qu'à se retourner comme des fusées dans l'espace pour plonger vite fait dans les petits fours et le champagne. Bloquant l'accès aux seconds qui luttaient furieusement en sécrasant les arpions, tandis que les troisièmes se fêlaient quelques côtes en essayant courageusement d'approcher des plats.
D'autant que les hôtes, d'ordinaire adeptes du pain-fromage pour faire rustique et pas cher, avaient prévu grand et abondant en y ajoutant de la crevette et du saumon en pagaille. Et les invités de s'empiffrer encore plus religieusement. Pas très original de se goinfrer à l'oeil pour des festivaliers, me rétorquerez-vous. Eh bien si. Cette fois, c'était franchement à croire qu'ils n'avaient rien bouffé depuis...soixante ans. Moralité, les restaurateurs ont morflé. Parce qu'avec tout ça, il n'y avait pas un rat dans les bistrots, hier soir!