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le blog d'Edmée - Page 351

  • Grand écran: "L'Hermine" avec un grand Fabrice Luchini, sacré meilleur acteur à la Mostra de Venise

    l-hermine[1].jpgVingt-cinq ans après La Discrète, Christian Vincent, féru de Simenon,  retrouve Fabrice Luchini pour en faire un président de cour d’assises à la fois aigri et amoureux. On est dans le nord de la France. Redouté, dur, exigeant, Miichel Racine souffre d’une grosse grippe qui le rend encore plus antipathique que d’ordinaire. Il doit pourtant présider le procès d’un jeune homme accusé d’avoir tué sa fille de sept ans et qui crie son innocence.

    Alors que les noms des jurés sortent les uns après les autres, Racine remarque parmi eux une femme qu’il a aimée et qu’il n’a jamais oubliée. Au film à procès se mêle ainsi une sous-intrigue romantique révélant la part sensible de cet homme inflexible où l’excellente Sidse Babett Knudsen, vedette de la série politique danoise Borgen donne la réplique à Fabrice Luchini (photo), remarquable de retenue et de sobriété en magistrat austère, maniaque, désagréable, solitaire et moqué de tous qui revient en quelque sorte à la vie.

    Sortant de sa propension à vouloir amuser la galerie, son interprétation lui a valu d’être sacré meilleur acteur à la Mostra de Venise, tandis que son réalisateur obtenait le prix du scénario. Un triomphe que Christian Vincent (photo ci-dessous) de passage à Genève qualifie de complètement inattendu. "Etre sélectionné, c’est déjà incroyable. D’autant que je n’avais pas été retenu à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes et que le jury était composé de gens que j’admire".

    Ce président de tribunal, c’était du sur mesure pour Luchini.

    Absolument. J’avais envie de retravailler avec lui et je le voyais bien en robe rouge. Par ailleurs il était passionné par le sujet. Il a par exemple fait une chose inédite pour lui. Il a passé une demi-journée aux Assises. Et là, il a vu en quoi son rôle consistait vraiment. .

    Comment avez-vous choisi Sidse Babett Knudsen? Une belle surprise. 

    En effet. Elle n’avait jamais tourné en France. Il me fallait une femme de 45 ans. Mais en écrivant le scénario, j’étais un peu perdu. Et puis j’ai vu la troisième saison de la série et j’ai découvert qu’elle parlait couramment le français. Elle avait été jeune fille au pair. 

    BSidstGd5LzoVxL0er0K22hBtKw[1].jpgVous traitez deux thèmes à la fois dans "L'Hermine". On prétend qu’il est dangereux de courir deux lièvres à la fois.

    Je dirais même trois. Je brosse le portrait intime de cet homme amer, grippé, désirant être ailleurs et trouvant un peu d’amour, tout en devant intéresser le spectateur au procès de ce garçon accusé d’infanticide et en me penchant sur les problèmes du jury, un personnage à part entière. Il faut que tout s’imbrique et j’ai fait de mon mieux pour y parvenir. Avec mon monteur, on ne savait pas si ça marcherait..

    Les débats entre les jurés laissent un peu penser à ceux de "Douze hommes en colère". Vous êtes-vous inspiré du film de Sidney Lumet?

    Non. En réalité, je ne connaissais rien à la justice et j'ai découvert beaucoup de choses. J’essaye de faire des films sans a priori et là, j’ai découvert une institution qui m’a épaté. Si d’une manière ou d’une autre  je peux en faire profiter les gens, réhabiliter les magistrats, les présidents de cour d’assises, c’est bien. C’est de l’ordre de la démocratie. Ma démarche tient du didactisme. J’aime les vertus pédagogiques. Et là, je parle aussi de mon pays.

    On aura l’occasion de retrouver Christian Vincent dans un autre registre. Il est en train d’écrire un scénario qui mettra en scène une jeune Marocaine ayant le malheur de trop plaire aux hommes.
     
    A l'affiche dans les salles de Suiisse romande dès mercredi 18 novembre.

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  • Grand écran: "Sangue del mio sangue", une farce baroque et symbolique, signée Marco Bellocchio

    foto-sangue-del-mio-sangue-3-low[1].jpgUn jour de l’an 1648, un fier cavalier,  Federico Mai, frappe à la porte du couvent de Bobbio, petite ville italienne de la région de Piacenza. Il est venu pour tenter de réhabiliter la réputation de son frère jumeau, le prêtre Fabrizio, qui s’est suicidé pour une jeune nonne, Benedetta.

    La soeur est accusée de l’avoir séduit et passé un contrat avec le diable. Pour l’heure, elle est enfermée en attendant son procès. Si elle est convaincue de sorcellerie, Fabrizio pourra être enterré religieusement. Mais refusant de se soumettre au pouvoir ecclésiastique, Benedetta est condamnée à être emmurée vivante.

    Un audacieux saut en avant dans le temps et nous voici en 2015, où le même couvent est habité par un mystérieux comte qui, ne sortant jamais le jour, passe pour un vampire. A nouveau un homme frappe à la porte. C’est un autre Federico, accompagné d’un milliardaire russe désireux d'acquérir le monastère pour le transformer en hôtel de luxe.

    Le comte, refusant de s’adapter à la modernité n’a aucune intention de vendre et corrompt Federico pour qu’il persuade le richissime Russe de renoncer à son achat. Pour cela il devra sortir de son trou et demander de l’aide. Et du coup miracle, son vieux corps exsangue va se régénérer et retrouver sa vigueur

    Avec Sangue del mio sangue, farce symbolique misant sur la subtilité, la finesse et l’humour, Marco Bellochio le rebelle de 74 ans, évoque en un double récit une Italie toujours sous le joug du pouvoir quels que soient ceux qui l’exercent. Hier l’Eglise, aujourd’hui une classe dirigeante plombante et peu encline à évoluer.

    Cette intrigue à tiroirs, baroque, visuellement splendide, pas toujours facile à suivre, se déroule sur fond de religion, de corruption politique, d’argent roi et de justice à plusieurs vitesses. Autant de forces vampiriques qui n’ont cessé, à travers les âges, de se nourrir du sang des sociétés, peinant ainsi à se libérer.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 11 novembre. 

     

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  • Grand écran: Avec "Une histoire de fou", Robert Guédiguian se penche sur le génocide arménien

    87b4d804e343d878157449ec3cbd1042_XL[1].jpgBerlin 1921, images en noir et blanc pour un long prologue reconstituant un fait historique capital. Talaat Pacha, principal responsable du génocide Arménien est exécuté d’une balle dans la tête dans la rue en plein jour par Soghomon Thelirian dont la famille a été entièrement exterminée. Lors de son procès, revendiquant sa culpabilité, il témoigne du premier génocide du 20ème siècle et est acquitté.

    Soixante ans plus tard on est passé à la couleur et on se retrouve à Marseille où  Hovannes (Simon Abkarian) tient une épicerie avec sa femme Anouch (Ariane Ascadride). Bien intégré, grand bosseur,  Hovannes aspire à vivre en paix en France. Plus revendicative et attachée à ses racines, Anouch soutient leur fils Aram, un jeune idéaliste  voulant que la Turquie reconnaisse les crimes commis. Un jour il  fait sauter à Paris la voiture de l’ambassadeur de Turquie. Gilles Tessier (Grégoire Lepince-Ringuet), un étudiant en médecine qui passait là par hasard à vélo est gravement blessé et perd l’usage de ses jambes. Hospitalisé, il voit sa vie brisée.  

    En fuite, Aram rejoint l’armée de libération de l’Arménie à Beyrouth, foyer de la révolution internationale dans les années 80. Avec ses camarades arméniens du monde entier, il pense qu’il faut recourir à la lutte armée pour que le génocide soit reconnu et que la terre de leurs grands-parents leur soit rendue. De son côté, Anouch rend visite à Gilles Tessier, qui ne savait même pas que l’Arménie existait. Elle lui avoue que c’est son propre fils qui a posé la bombe et lui demande pardon au nom de son peuple. Un lien fort se tisse entre eux et mènera à la rencontre entre Gilles et Aram.

    La petite histoire mêlée à la grande

    Avec Une histoire de fou, librement inspiré d’un drame vécu par José Gurriaran, un journaliste espagnol frappé par un attentat en 1980, c’est la troisième fois que Robert Guédiguian revient sur son pays d’origine. A travers une tragédie familiale, sa façon de mêler la petite histoire et la grande, il accomplit un travail de mémoire envers ses origines arméniennes où il s’interroge sur la légitimité de la violence dans la lutte armée, tout en questionnant l'identité arménienne.

    Le souffle romanesque de cette œuvre engagée, politique, véridique, à la fois sobre et lyrique, n’exclut pas un côté scolaire, explicatif, ce qui est loin d’être un mal pour quiconque ne connaît pas ou mal les faits. Au contraire nécessaires, le didactisme et l’aspect pédagogique ne nuisent pas à sa dimension universelle. L’ambition de Robert Guédiguian est de nous faire mieux comprendre l’importance de la reconnaissance de ce génocide, ce que refuse toujours la Turquie. Et de nous émouvoir, en évitant l’horreur insoutenable, la volonté de vengeance, ou l’excès de pathos. C’est réussi.  

    A l'affiche dans les sales de Suisse romande dès mercredi 11 novembre.  

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