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le blog d'Edmée - Page 319

  • Grand écran: "Tempête", un drame social émouvant entre documentaire et fiction

    tempete[1].jpgA 36 ans, Dom, marin pêcheur, a passé la majeure partie de sa vie en mer, sacrifiant son mariage à sa passion pour son dur métier. Il n’en a pas moins la garde de sa fille adoptive Mailys, jeune rebelle têtue, agressive, mal dans sa peau, avide d’affection, et de son fils Mattéo, un garçon qu’il souhaite voir suivre ses traces et avec lequel il entretient une relation complice.

    Quoi qu’il en soit, Dom fait tout ce qu’il peut pour être un bon père, avec toutefois une tendance à se comporter en grand frère. Surtout quand il rentre à la maison, où tous les trois font joyeusement la fête en fumant des pétards. Reste que les adolescents sont livrés à eux-mêmes pendant ses longues absences. Alors quand Mailys tombe enceinte, Dom se rend compte qu’il doit choisir entre sa famille et le grand large.

    Pour se rapprocher de ses enfants, ce travailleur qui peine à boucler les fins de mois, veut acheter un bateau pour être son propre patron. Il se retrouve sur les bancs d’école pour apprendre à le devenir et à monter son affaire. Un rêve qui se heurte à la difficile réalité.

    Tempête, un titre emblématique de celles que Dom essuie régulièrement en mer mais qu’il maîtrise et celles, plus complexes qu’il doit affronter à terre. Opiniâtre dans sa quête de solution pour s’en sortir, il se révèle maladroit dans sa volonté de trouver ce qu’il y a de mieux pour sa progéniture, particulièrement pour Mailys, qui repousse rageusement ses tentatives.

    Rappelant à la fois Ken Loach et les frères Dardenne avec ce film émouvant où il évoque un drame social au sein d’une classe ouvrière en détresse, obligée de se livrer à d’âpres luttes ordinaires pour subsister, le réalisateur Samuel Collardey nous immerge dans le réel. Et ceci d’autant plus qu’il a non seulement fait appel à des non professionnels, mais que le protagoniste principal, Dominique Laborne, joue sa propre vie à peine modifiée, aux côtés de ses deux enfants. 

    Son rôle dans cet opus entre documentaire et fiction a valu à cet homme combatif, beau gosse naturellement charismatique, un prix d’interprétation dans la section Orizzonti de la dernière Mostra de Venise .

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 2 mars

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  • Grand écran: "Saint Amour", un bon cru généreux avec Depardieu, Poelvoorde et Lacoste

    saint-amour_1_[1].jpgPour leur septième long-métrage, les détonants Benoît Delépine et Gustave Kervern mettent en scène deux héros cabossés par la vie aux relations conflictuelles. D’un côté Jean (Gérard Depardieu), un doux et sympathique colosse venu présenter son magnifique taureau au Salon de l’agriculture. De l’autre son fils Bruno (Benoît Poelvoorde), personnage malheureux et à fleur de peau, qui fait tous les ans la route des vins en… écumant les stands de la grande manifestation parisienne

    Mais cette fois, Jean décide de l’emmener parcourir la vraie pour se rapprocher de lui et le convaincre de reprendre la ferme familiale, pour l'instant source de déboires pour Bruno. Et les voici embarqués, en compagnie du jeune et prétentieux chauffeur de taxi Mike (Vincent Lacoste) dans un road-movie alcoolisé, audacieux, original, loufoque, déjanté, où ils feront des rencontres bizarres et finiront par découvrir l’amour.
     
    Même si certaines digressions ont un petit goût de piquette, ce Saint Amour est un très bon cru en forme de peinture sociale entre drôlerie, poésie et désenchantement. Tout en faisant l’éloge d’une paysannerie parfois méprisée mais surtout désespérée et aux abois comme l’a encore démontré le rude accueil réservé au président Hollande au Salon, les deux auteurs, moins féroces que d'habitude, révèlent un Depardieu généreux dans son rôle d’ogre attachant. Ainsi qu'un Poelvoorde tout aussi émouvant en fils fragile, désabusé, crevant de solitude.

    Irrésistible séducteur d’opérette, Vincent Lacoste se hisse à la hauteur de ces deux fortes personnalités, à l’image de Céline Sallette qui rejoint le trio dans la dernière partie. Mais le plus hilarant dans l'histoire, c’est Michel Houellebecq en loueur déprimé de chambres d’hôtes. Une apparition carrément surréaliste.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 2 mars.

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  • Grand écran: "Free to Run" raconte l'épopée de la course à pied. Un documentaire passionnant

    FTR-117_454x189_acf_cropped[1].jpgCourir sur l’asphalte ou dans la nature, une aberration, une pratique excentrique et subversive. Difficile d’imaginer de telles sornettes! Et pourtant il y a 50 ans, cette activité naturelle consistant à mettre plus ou moins rapidement un pied devant l’autre était considérée comme douteuse, sinon déviante,

    Réservée aux athlètes masculins, elle restait cantonnée à l‘enceinte des stades, avec des règles strictes, rétrogrades et sexistes. Pour les femmes, le droit de courir fut encore plus long à obtenir que le droit de vote en Suisse. On allait jusqu’à prétendre qu'elles risquaient un décrochement de l’utérus…  Du coup, ce n'est qu’en 1984 aux Jeux de Los Angeles qu'elles purent s'aligner sur un marathon. 
     
    Depuis lors, les adeptes n'ont cessé de pulluler. Hommes et femmes, champions ou anonymes de tous âges, ils sont des millions à arpenter le bitume de New York Paris, Pékin, Sydney, ou les sentiers des Alpes suisses. Le cinéaste Pierre Morath, ancien coureur et historien du sport raconte, mêlant magnifiques images d’archives aux témoignages de pionniers et de pionnières, à l’image de l’Américaine Kathrine Swizer, cette extraordinaire épopée sportive et politique des années 60 à nos jours.
     
    Il revient ainsi sur un acte marginal et militant, devenu au fil du temps une passion universelle, symbole d’une quête de liberté et d’une émancipation féminine, qui a participé au changement de la société dans un monde en pleine mutation.  
     
    Un travail en forme de long combat de sept ans pour un documentaire édifiant, émouvant à la hauteur des recherches et des efforts de l'auteur. On écrase une petite larme en voyant Joan Benoit, la première gagnante du marathon déboucher du tunnel pour pénétrer dans le stade. Sans parler des images bouleversantes de la Suissesse Gabriela Andersen-Schiess épuisée, suivie par des médecins pour franchir en titubant la ligne d’arrivée… 
     
    Passionnant, Free to Run va bien au-delà du sport. Tout en glorifiant la course libre, Pierre Morath se livre à une vraie réflexion sur son essor planétaire phénoménal, avec tout ce que cela implique de dérive consumériste.
     
    ll montre à la fois la façon dont elle est devenue emblématique de l’anti-establishment, mais aussi celle dont elle a paradoxalement recrée une sorte de barrière sociale. Comme il le relève dans divers interviews: quand on courait dans les rues il y a cinquante ans, on était montré du doigt.Maintenant, c’est quand on ne court pas…
     
    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 24 février

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