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le blog d'Edmée - Page 283

  • Grand écran: le tourbillon Soko éclipse Lily-Rose Depp dans "La danseuse"

    adanseuse.jpgRien ne destine Loïe Fuller, fille de ferme originaire de l’Ouest américain, de devenir l’icône de la belle Epoque admirée par Mallarmé, Rodin ou Lautrec, et de se produire à l'Opéra de Paris. Dans son premier film La danseuse, la réalisatrice française Stéphanie Di Giusto se penche sur le destin de celle qui subjugua le public avec sa "danse serpentine", devint une star avant de tomber dans l’oubli et d’être beaucoup plus tard redécouverte comme l’une des pionnières de la danse contemporaine.

    Enveloppée dans des mètres et des mètres de soie blanche, les bras prolongés par de longues et lourdes baguettes de bois, la silhouette sculptée par les faisceaux de dizaines de projecteurs, elle créait de magnifiques et virevoltantes formes lumineuses, en tournoyant sur un carré de verre éclairé par-dessous. Un numéro qui lui brise le dos, lui abîme les yeux, qu’elle perfectionne chaque jour dans la douleur, mais qui tient d’abord de la performance.

    C’est là sa faiblesse fatale. Loïe Fuller, esprit libre et conceptrice visionnaire n’est pas une danseuse dans son acception académique. A l’inverse d’Isadora Duncan, mythique prodige américain avide de gloire, qui la fascine et dont elle tombe amoureuse pour son malheur. Alors qu’elle est au sommet de son art, sa rivale précipite sa chute en la détruisant dans sa propre compagnie.

    Véritable boule d’énergie, Soko lancée à corps perdu dans un rôle qui lui colle à la peau (photo), se révèle particulièrement convaincante en Loïe Fuller aux côtés de Lily-Rose Depp. En mai dernier à Cannes, l’idée de découvrir la fille de Johnny Depp et de Vanessa Paradis avait suffi à faire le buzz. Mais la jeune actrice ne s’est pas franchement montrée à la hauteur de l’énorme intérêt suscité par sa présence dans La danseuse

    Le film au casting cinq étoiles emporte l’adhésion dans la mise en scène inspirée des chorégraphies et la sublimation de leur beauté. En revanche, il déçoit dans l’affrontement quelconque entre les deux femmes et le curieux escamotage, développé par Mediapart, de l’homosexualité de Loïe Fuller. Réduisant sa préférence à un baiser donné à Isadora suivi d’une scène humiliante, ainsi qu’à des regards furtifs et des soupirs de sa compagne Gabrielle Bloch (Mélanie Thierry) avec qui elle vivait ouvertement, mais devenue sa collaboratrice chez Stéphanie Di Giusto. Qui propose en outre une relation hétérosexuelle fantasmée entre Fuller et un personnage inventė, interprété par Gaspard Ulliel.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 28 septembre.

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  • Grand écran: des couples racontent leur amour dans "Loves Me, Loves Me Not"

    aabramovich.jpgAprès Dieu sait quoi en 2004, où elle interrogeait des retraités sur le sens de la vie dans un grand parc parisien, Liens de sang en 2008 où elle explorait les rapports parents-enfants dans l’immeuble genevois des Stroumpfs, Fabienne Abramovich propose un nouveau documentaire, Loves Me, Loves Me Not.

    On est à Paris. La nuit est tombée et des centaines de gens se rassemblent le long du canal de l’Ourcq. Jeunes ou un peu moins, ils viennent s’asseoir au bord de l'eau, se mêlent, se passent le pain, tissent des liens informels, se retrouvent le lendemain. Pour parler quasi exclusivement d’amour.

    Fabienne Abramovich livre ainsi un métrage qui se veut un peu rohmérien, teinté de marivaudage, en filmant des couples qui racontent leur façon d'aimer, d'une ou de toutes sortes de manières. Une oeuvre intemporelle, singulière, hors mode black, sexe et banlieue. Un sujet casse-gueule où il fallait éviter les clichés, comme l'auteure le dit elle même, à l’occasion d’une rencontre où elle explique sa démarche.

    Elle a débuté  en 2010. L’écriture, essentielle, lui a pris deux ans et le tournage quatre. "Je ne pouvais filmer qu’en été, en majeure partie la nuit entre 21h30 et au mieux deux ou trois heures du matin. En tout quatre fois trois semaines". Elle a commencé des entretiens avec des jeunes gens et, petit à petit, a testé un dispositif extrêmement sommaire et précis. "J’ai travaillé presque seule, en choisissant, c'était primordial un temps et un lieu donné, à Paris. Et il me fallait l'eau pour le travail de l'image. J’ai compris que tous ces individus sur les berges représentaient mon Woodstock à moi".

    Comment avez-vous trouvé vos protagonistes ?

    Jalovesme.jpge faisais des repérages en me promenant avec une charrette, vêtue d’un habit de pêcheur et coiffée d’une casquette. Je voyais des gens, on buvait un verre, j’expliquais ce que je voulais. L’idée, c’était de les laisser échanger entre eux, en étant eux-mêmes, dans l’instant.

    Ils ont une incroyable facilité d’élocution. Quelle est la part de l’improvisation ?

    Ce n’est que de l’impro. Evidemment, comme ils se répétaient, j’ai beaucoup coupé. Je n’ai rien changé à leurs mots, à leurs phrases, mais j’ai construit les séquences, restructuré les conversations pour qu’elles soient audibles. J’ai écouté, tamisé, cadré. Un gros travail. C’est la raison pour laquelle je n’ai filmé qu’un couple à la fois, chacun d’eux me prenant environ quatre heures.

    Il y a une chose qui surprend, ces couples middle class, jeunes pour la plupart et qui évoquent leur amour,  sont pratiquement tous blancs. Ce qui ne paraît pas représentatif de la société actuelle.

    Il ne s’agissait pas de faire du Benetton… En même temps, pour moi, le multiculturalisme est présent à travers notamment quatre jeunes Beurs qui certes sortent un peu du cadre, mais libèrent très vivement et assez crûment la parole, avec des Arabes passant en djellabah, avec la musique syrienne, des Blacks qui chantent. Ces derniers ne vont pas d'ailleurs pas volontiers s’asseoir au bord de l’eau. Ce n’est pas leur culture.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 21 septembre. 

     

     

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  • Grand écran: la guerre des sexes dans "L'économie du couple". Lafossse tape juste!

    akahnbejo.jpgIl y a des films qui vous attrapent dès la première image. Comme L’économie du couple, Il suffit de voir Marie rentrer à la maison et y découvrir, très contrariée, Boris qui ne devait pas s’y trouver ce jour-là, pour savoir que le réalisateur belge Joachim Lafosse ne nous lâchera plus. Tant il a tapé juste tout au long de son étude de comportement aussi intelligente que subtile.

    Après 15 ans de vie commune, c’est le désamour. Marie et Boris ont décidé de se séparer. Problème, c’est elle qui a payé la maison et lui qui l’a rénovée. Dans l’impossibilité de se loger ailleurs faute de moyens financiers, Boris est obligé de cohabiter avec son ex-compagne et leurs jumelles. Mais Marie ne le supporte plus et veut qu’il parte. Elle déteste tout chez lui et se demande comment elle a pu l’aimer.

    Sous les yeux des deux fillettes qui évidemment en souffrent, c’est alors l’heure des reproches acrimonieux, des engueulades monstres et des règlements de compte impitoyables. Tout tourne autour de l’argent, de qui a amené quoi, payé quoi.
    Pour Joachim Lafosse, reconnaissant le côté autobiographique de l’œuvre où il parle aussi de sa génération, celle des quadras, l’argent dans un couple c’est souvent plus un symptôme qu’une cause permettant et justifiant la dispute. Un symptôme qui cache aussi des choses émouvantes, tristes, la manière dont on est reconnu ou pas pour ce qu’on a fait ou pas.

    L’économie du couple  est une vraie réussite à laquelle les acteurs, étonnants de sobriété et de réalisme contribuent largement. Dans cette guerre des sexes où Lafosse joue à la fois au psy et à l’ethnologue, Cédric Kahn, généralement plus connu comme cinéaste et scénariste, se révèle formidable. A l‘image de la lumineuse Bérénice Bejo (photo).

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 21 septembre.

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