Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 3

  • Festival de Cannes: avec "Killers Of The Flower Moon", Scorsese livre une fresque grandiose

    Super spectacle en forme de chef d’œuvre, Killers of the Flower Moon, qui a fait l’événement sur la Croisette triomphe dans la presse internationale. Et pour cause. Entre western, film noir et enquête policière, Martin Scorsese nous offre une formidable fresque historico-politique. Vertigineuse, épique, crépusculaire, captivante, sous tension permanente, elle vous exalte dès la première minute pour ne plus vous lâcher pendant les quelque 220 qui suivent.

    Adapté du best-seller de David Grann, c’est le meilleur film que j’ai vu depuis le début du festival. Il serait un candidat tres serieux à la  Palme d’or s’il ne figurait pas hors compétition... En grande forme, le réalisateur toujours aussi magique revient sur un pan sombre et méconnu de l’histoire américaine, les meurtres sordides commis dans l’Oklahoma des années 20, dont furent victimes les membres de la communauté indienne Osage.

    Du cousu main à tous les étages

    Elle est installée sur une fortune colossale grâce au pétrole. De quoi attiser la cupidité humaine pour mettre la main sur le pactole jaillissant à flots continus de ses terres. Sous la direction de son futur directeur, le jeune Edgar Hoover, le FBI mène sa première grande enquête pour arrêter les serial killers. 

    Leurs recherches ne tardent pas à s’orienter vers William Hale un influent éleveur de bovins mielleux et raciste, qui a mis sur pied un redoutable système pour spolier les Osages. Avec notamment l’aide de son neveu (Leonardo DiCaprio), docile vil et veule. Tous deux réunis pour la première fois chez Scorsese portent grandiosement le film, en compagnie de la sublime Lily Gladstone, femme amoureuse, empoisonnée et tombée gravement malade.

    Du cousu main à tous les étages, dans le récit, la mise en scène, l’image,  l’interprétation, les dialogues. On n’attend plus que la distribution des Oscars. Mais avant, on aura l’occasion d’en reparler lors de la sortie de cette œuvre foisonnante en octobre. 

    Lien permanent 0 commentaire 0 commentaire
  • Festival de Cannes: "Le procès Goldman", portrait d'un bandit militant. Fascinant

    En novembre 1975, débute le deuxième procès de Pierre Goldman. Militant d’extrême-gauche, écrivain et gangster, le demi-frère ainé de Jean-Jacques Goldman avait été condamné .en première instance à la réclusion criminelle à perpétuité pour quatre braquages à main armée- Dont un ayant  entraîné la mort, en décembre 1969, de deux pharmaciennes.  S’il reconnaît les trois premiers hold-up, il clame, sinon hurle, son innocence dans ce dernier.

    Le jeune Georges Kiejman assure sa défense. Mais très vite, la relation entre ces deux juifs polonais nés en France vire à l’aigre, Goldman, qui se vit comme un martyr, rejette Kiejman en le traitant de « juif de salon », avide de gloire.  Provocateur, bruyamment soutenu au tribunal par la gauche intellectuelle dont il est devenu l’icône, il risque pourtant la peine capitale. Mais son avocat s’obstine. Finalement acquitté de ces meurtres au bénéfice du doute, Goldman sera assassiné en plein Paris en 1979. Les auteurs n’’ont jamais été retrouvés.

    Porté par d’excellents acteurs

    Cédric Kahn fait de cette affaire aussi complexe que controversée un film puissant, prenant, qui vous emporte. Et où, faute de preuves indiscutables, il privilégie un véritable match de langage pour tenter de découvrir la vérité. L’œuvre, qui met le spectateur dans la peau du juré, est portée par d’excellents acteurs. Arthur Harari incarne le futur célèbre Georges Kiejman (mort le 9 mai dernier), tandis qu’Arieh Worthalter enfile le costume de Pierre Goldman.

    Le réalisateur brasse par plusieurs thèmes dans ce long métrage reconstitué avec les articles de journaux de l’époque : judaïté, antisémitisme, racisme, côté antiflic, rôle de l’extrême-gauche, autant de sujets qui font écho à la société d’aujourd’hui. Comme dit Cédric Kahn, la France ne bouge pas....  

    Lien permanent Catégories : Cinéfil 0 commentaire 0 commentaire
  • Festival de Cannes: "Simple comme Sylvain" montre l'impossibilité d'une passion durable sur fond de lutte des classes

    Avant la projection qui avait déjà pris un sacré retard, Monia Chokriétait bien décidée à livrer son message, s’associant aux cinéastes qui veulent changer les mentalités, mettre de la bienveillance sur les plateaux et condamner les abus de pouvoir. Elle faisait ainsi écho aux dénonciations du silence autour des agissements coupables de certains artistes, sous prétexte qu’ils ont du génie, 

    La réalisatrice, découverte actrice chez Xavier Dolan (« Les amours imaginaires ») était déjà venue sur la Croisette avec « La femme de mon frère », opus plutôt corrosif.  Là, elle se montre plus tendre en racontant le coup de foudre entre Sophia, quadra intellectuelle et le beau charpentier Sylvain,Les différences apparaissent fatalement

    Insatiables, les deux amants se livrent à des ébats torrides. Répondant à l’appétit d’ogre de Sylvain, Sophia se laisse follement aller à ses envies sexuelles entre deux cours sur Platon et Spinoza à l’université du troisième âge, et des discussions philosophico-gaucho-bobos sur les grands thèmes sociaux. Face à cet étalage de science, Sylvain ne peut régater avec son manque de connaissances, ses manières modestes et son vocabulaire fruste. Forcément, la relation entre les deux tourtereaux en pâtit.   

    Monia Chokri évoque ainsi l’impossibilité d’une passion durable (ce qui en soi n’est pas spécialement nouveau même entre personnes également cultivées…), mais qui se complique en se greffant sur la lutte des classes et les préjugés inévitables des uns envers les autres,

    Comme le dit l’auteure en se mettant dans le même sac, c’est bien joli de se revendiquer de gauche, de manifester un esprit ouvert, de militer pour l’environnement et l’immigration, mais dans le fond est-on capable d’en parler avec quelqu’un de différent de soi ?

    Emouvant, joyeux, sensuel, charnel, plein d’amour, et d’humour, aux dialogues savoureux et aux situations piquantes, « Simple comme Sylvain ». est en plus porté par deux excellents acteurs, Magalie Lépine-Blondeau et Pierre-Yves Cardinal, très crédibles et complices de tous les instants.  

    Lien permanent 0 commentaire 0 commentaire