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  • Grand écran: "Dégradé", une autre façon de raconter la Palestine

    babass.jpgUn modeste salon de coiffure aujourd’hui dans la Bande de Gaza. On y propose tout, de la pose de bigoudis à l’épilation en passant par la manucure. Dans ce huis-clos interdit aux hommes où les femmes viennent bavarder et se détendre, treize d’entre elles ont été rassemblées par les jumeaux palestiniens Arab et Tarzan Nasser pour leur premier long-métrage, Dégradé.

    Un titre symbolique, évoquant à la fois une fameuse coupe de cheveux et une situation violente qui ne cesse de s’envenimer dans la région, rappelée par des coups de feu à l’extérieur de l’établissement. Un gang armé exhibe un lion enlevé au zoo de Gaza, que le Hamas entend récupérer de force.

    Aux affrontements hors champ des hommes des deux camps, les réalisateurs opposent l’atmosphère lourde qui règne d’abord dans le salon. Là aussi la tension monte…entre les lionnes. Critiques et remarques acerbes fusent parmi ces femmes à la langue bien pendue et au caractère bien trempé. De tous âges et de tous milieux (une religieuse, une divorcée, une droguée, une fiancée, une femme enceinte, une Russe…) elles sont représentatives des différentes tranches de la population féminine à Gaz. .

    Mais face à la brutalité qui s’accroît entre les mâles au-dehors, elles oublient petit à petit leurs crêpages de chignon et se rapprochent en évoquant les interdits et leurs craintes au sein de ce microcosme social qui les contraint à la cohabitation.

    abbass.jpgCette comédie noire rondement menée et pimentée d’humour raconte la Palestine d’une manière originale, tout en s’interrogeant sur la place qu’y tient la femme. Elle est portée par une belle brochette de professionnelles ou non. Parmi elles, la grande Hiam Abbass (au centre de l'image), attachante personnalité mi-orientale, mi-occidentale, actrice et réalisatrice pleine de projets. "Cette double casquette fait de moi ce que je suis. Chaque activité se nourrit de l’autre et de mes rencontres", nous confie-t-elle lors de son passage à Genève.

    Israélienne, née en 1960, elle a commencé très jeune. A neuf ans, elle fait partie d’un spectacle à l’école qui lui permet de goûter à la magie du métier. Elle suit des cours d’art dramatique jusqu’à la fin du lycée, puis tâte de la photographie avant de revenir par ce biais au théâtre. Elle découvre le cinéma avec Noces en Galilée de Michel Kheiti.

    Désormais, sa voie est tracée. En 1987, après un passage à Londres, elle s’installe à Paris, fait d’abord des enfants, deux filles, Lina et Mouna, puis tourne pour le petit et le grand écran. On la voit notamment dans Aime ton père du genevois Jacob Berger en 2002. Mais elle doit sa notoriété à Satin rouge de la Tunisienne Raja Amari en 2005. Elle a également joué sous la direction de Patrice Chéreau et Jean Becker.

    Très au fait du conflit israélo-palestinien, elle a été appelée pour un rôle dans Munich de Spielberg, sorti en 2006. Sur le plateau il insiste pour qu’elle coache les acteurs. Elle tergiverse. "Il me voulait pour quatre mois. Trop long pour moi... Finalement je l’ai fait. C’était dur mais intéressant. Une belle expérience. Et surtout cela m’a permis de côtoyer un homme adorable, de voir sa façon de travailler,de constater à quel point il était rapide". 

    Dans Dégradé, elle a aimé la capacité artistique et d’observation des frères Nasser, des peintres à la base. "Ils prennent une histoire vraie et la développent. Là ils ont choisi la métaphore pour raconter la vie des Gazaouis dans un huis-clos en ne racontant pas vraiment la souffrance à travers la guerre, mais en se préoccupant du conflit politico-social".
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    "Je voulais incarner un personnage nouveau pour moi"

    Et son rôle de femme mûre, désagréable, courant après une jeunesse enfuie? "C’est moi qui l’ai proposé. Au départ, on m’avait suggéré celui d’une mère. Mais je l’avais déjà incarnée et j’avais envie d’un personnage nouveau. C’était une première. J’avais l’impression de découvrir cette femme fragile qui se camoufle derrière une dureté de façade".

    Seule avec deux autres comédiennes à avoir une expérience de cinéma, elle a aidé ses amis réalisateurs à gérer les amatrices. "Cela leur a demandé une énergie considérable, une disponibilité constante. Il y a eu des scènes difficiles à refaire pour obtenir de l’authenticité dans leurs réactions, C’était presque du travail de théâtre. Au début on a perdu du temps …".

    Le film, qui avait été sélectionné à la Semaine de la critique sur la Croisette en 2015 a bénéficié de la célébrité de Cannes pour réaliser beaucoup de ventes à l’international. Il a par ailleurs été montré avec succès à Ramallah, ainsi qu’à Haïfa en janvier de cette année dans le cadre du festival de cinéma indépendant organisé par la fille de Hiam Abbass, Lina Soualem, et deux autres personnes.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 27 avril.

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  • Barcelone: pitbull retrouvé, Nadal continue à montrer les crocs!


    anadal.jpgLa planète tennis est un nid de phénix. Après Federer, qui nous a fait le coup à plusieurs reprises ces dernières années, c’est Nadal aussi prématurément jeté aux orties que l’illustre Rodgeur par les experts de la petite balle blanche vu son tas de plumes égarée dans ses sept premiers tournois de l’année, qui semble à son tour complètement rené de ses cendres.

    La résurrection a eu lieu à Monte-Carlo où le matador ibère a profité d'un Djoko le vampire exsangue pour décrocher la timbale au nez et à la barbe du taurillon Monfils, vacillant dangereusement sur ses cannes au troisième set.

    De plus en plus à l’aise sur son ocre, l’ogre poursuit sa redoutable moisson et pourrait bien encore s’adjuger les oreilles et la queue à Barcelone. Toutefois, sans vouloir chipoter sur sa résolue marche en avant, je me permettrai un petit bémol sur la voracité retrouvée du cannibale qui donne à nouveau des vapeurs aux spécialistes.

    Il n’est en effet pas spécialement étonnant de le voir rallier le dernier carré dans un tournoi où, à part la deuxième tête de série Kei Nishikori, rencontrable seulement en finale, son adversaire le plus proche, le Français Benoît Paire, ne figure même pas dans les vingt premiers de classement. Donc attendons quand même les Masters de Madrid et Rome pour parier sur les chances du pitbull de passer devant la meute et pour tenter de caresser d’un peu plus près les mollets du Serbe de ses crocs acérés. 

    A part ça, si Nadal refait le bonheur de l’oncle Toni, à qui il a été bien inspiré de rester fidèle en dépit de ceux qui lui conseillaient de se chercher un mentor davantage à la coule, il y en a un qui doit plonger son coach dans le désespoir. Fabio Fognini. Parce que voir son poulain balancer de tels coups d'anthologie pour se retrouver bêtement à terre en deux sets a de quoi vous filer un sacré blues!

     

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  • Grand écran: "Belgica", ambiance sexe, drogue et rock'n'roll

    belgica.pngHomme à femmes, Jo est un célibataire passionné de musique et Frank, qui ne voit que d’un oeil, un père de famille sans histoire aspirant à la sécurité. Ces deux frères que tout sépare s’associent et voient grand pour transformer le petit bar de Jo. C’est un triomphe. En quelques semaines, le Belgica devient le rendez-vous incontournable, le repaire libertaire des noctambules de Gand, quelle que soit leur origine sociale.

    Le Flamand Felix Van Groeningen nous plonge ainsi, à grand renfort de sons, de lumières et de fêtards sous coke surexcités, dans les vapeurs alcoolisées d’un monde parallèle euphorique. Un cocon à l’ambiance sexe, drogue et rock’n’ roll électrisée par la furia de l’explosif duo Soulwax. Voilà qui devrait enthousiasmer les fans.

    Mais dans cette nouvelle «babylone» belge, microcosme marginal, anarchique, prônant la mixité et la tolérance, le drame couve et les choses tournent au tragique pour Jo et Frank. Leur antagonisme profond, qui constitue en fait l’unique ressort dramatique du film, refait surface. Pris par la folie des grandeurs, dévorés par leur succès, ils s'opposent violemment et vont jusqu’à se trahir.

    Le scénario prévisible est la faiblesse de cette fable morale et hédoniste frôlant l’overdose et tombant peu à peu dans le mélo convenu. Par ailleurs trop long, Belgica finit par tourner en rond, l’auteur rechignant en somme à sortir de l’ivresse de la nuit gantoise. Felix Van Groeningen maîtrise moins bien son sujet que dans Alabama Monroe, qui lui avait valu le César du film étranger en 2014.

    En revanche, les comédiens se révèlent convaincants. A l’image de Stef Aerts même si, obligé de jouer avec un œil fermé, il laisse parfois filtrer un mince éclat de pupille. En jouisseur Tom Vermeir, musicien, grand fan de Soulwax et acteur de théâtre, se montre à la hauteur dans son premier rôle au cinéma.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 20 avril.

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