Pour ses premiers JO depuis ceux de 1936 et la fin du nazisme, l’Allemagne avait promis les Jeux de la joie. Mais le commando palestinien de Septembre Noir en a décidé autrement.
Au lieu de la fête prévue avec la diffusion complète et en direct des compétitions à la télévision, c’est l’horreur qui va pénétrer dans les foyers du monde entier, après la prise en otages de onze israéliens au village olympique de Munich. le 5 septembre 1972. Les auteurs réclamant la libération de 234 prisonniers palestiniens.
Minute par minute
Alors que Mark Spitz vient de gagner sa septième médaille d’or, des coups de feu retentissent… Cette attaque survenue trente ans avant celle des Twin Towers, a été vécue minute après minute, pendant 22 heures, jusqu’à l’issue fatale, la mort des onze otages, par les journalistes sportifs de la chaîne américaine ABC.
Ils ont immédiatement compris qu’un drame se jouait. La diffusion des compétitions interrompue, ils décident de le couvrir eux-mêmes, au lieu de faire appel à leurs collègues des infos, en principe plus aptes à maîtriser ce genre de sujet. Et ce sont eux, plus précisément Geoffrey Mason (incarné par John Magaro), jeune producteur ambitieux qui a révolutionné a TV en direct, et son patron Roone Arledge, légende du journalisme sportif américain, que suit le réalisateur bâlois Tim Fehlbaum, 42 ans, dans son film 5 septembre.
Les questions qui se posent
Steven Spielberg s’était déjà emparé de cet épisode sanglant en 2005 dans Munich, mais Tim Fehlbaum a choisi un autre angle. Mettant la tragédie en arrière-plan, Il la raconte à travers les yeux de ceux chargés d’en rendre compte. Mais comment ? Quel traitement, quelles images montrer? Face au chaos, à l’atrocité, au fait que les terroristes ont accès eux aussi aux images, les questions de déontologie, de morale, d’éthique de décence, de sécurité, se posent. A la fois aux journalistes et aux spectateurs, placés dans les mêmes conditions.
Résultat, un formidable thriller journalistique sous haute tension en forme de huis-clos oppressant à la mise en scène efficace, au dispositif réduit. Evoquant la pratique journalistique, la frontière entre le devoir d’informer la tentation du sensationnalisme, du scoop, Tim Fehlbaum, caméra à l'épaule, comme en mission à l’intérieur du studio d’ABC, nous pousse à nous interroger sur notre rapport aux médias, aux images, à l’info en continu dont nous faisons aujourd’hui une consommation effrénée.
A ne manquer sous aucun prétexte ce fim captivant, qui avait été nommé au Golden Globe du scénario, et qui l’est à nouveau à l’Oscar, dans la même catégorie.
A l’affiche dans les salles de Suisse romande, depuis mercredi 5 février.