La statue du capitaine Santi, héroïque policier tombé au combat, trône sur une place de la ville. Hélas! Yvonne, jeune inspectrice inconsolable (Adèle Haenel), est anéantie en apprenant que son mari n’était pas le flic courageux et incorruptible adulé de tous qu'elle connaissait, mais un vulgaire ripou.
Jusqu’alors, préservant l’image formidable que son fils a de son père, elle lui racontait chaque soir, pour l’endormir, des histoires truffées d’extravagances glorifiant exagérément la bravoure et les exploits sanglants de Santi. Les récits deviennent pourtant de moins en moins avantageux après que la veuve bafouée a découvert le corrompu qu’il était.
Toutefois, pour éviter de traumatiser le gamin admiratif de son papa si fort en lui dévoilant d’un coup la triste vérité, Yvonne entreprend un dénigrement du mythe, ce qui se traduit à l’écran par des pastiches de films d’action goguenards ou des parodies de séries télé de plus en plus sarcastiques.
Parallèlement, elle décide de réparer les torts qu’il a commis à l’égard d’Antoine (Pio Marmai) un jeune homme innocent que Santi a fait jeter en prison pendant huit ans et qui vient d’être libéré. Le réalisateur met ainsi en scène deux personnages paumés et un peu dingues en quête de reconstruction, Yvonne dévastée par la trahison de la crapule et Antoine, garçon déglingué, prêt à prendre une revanche sur l’injustice subie et le temps perdu.
Pierre Salvadori mise sur le couple fantasque, attachant, formé par Adèle Haenel (dans un registre peu habituel ) et Pio Marmai, les entraînant dans mille péripéties où ils avancent masqués. Entre faux polar, comédie dramatique et farce macabre, il propose un film original, joyeux, déjanté, violent, poétique, burlesque, romantique, aux accents oniriques. En surfant sur le deuil, l’amour, la paternité, la culpabilité et la rédemption. Tout cela fait beaucoup, mais ça marche.
A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 31 octobre.