Sur fond de redoutables bandes urbaines, Black, signé d'Adil El Arbi et Bilall Fallah, adapté des livres Black et Back de l’écrivain belge Dirk Bracke, raconte l’histoire d’amour impossible entre deux ados, Mavela et Marwan. Une passion née lors de leur rencontre fortuite dans un commissariat.
Elle est Africaine et vient de rejoindre le Black Bronx, lui est Marocain et un leader charismatique du gang rival des 1080. Déchirés entre le devoir de loyauté et leur attirance mutuelle, ils décident tout de même de se revoir en dépit du danger à braver les interdits. Autant dire que c’est mal parti.
Entre West Side Story et Roméo et Juliette pour la trame, Black s’inscrit dans une spirale de violence infernale. Les cinéastes nous offrent une plongée cauchemardesque dans les deux clans qui se haïssent, mais se rejoignent dans leur volonté à inspirer la terreur et à semer la mort. Pour échapper à ces adeptes du crime et au chaos de leur existence, la seule solution pour les amoureux, c’est la fuite.
Intensité et radicalité extrêmes
On les suit ainsi à travers Bruxelles, des fast food aux stations de métro pour les retrouver dans une église abandonnée où ils peuvent s’isoler et vivre dans un semblant de paix. Une parenthèse de courte durée pour les désormais pestiférés.
Adil El Arbi et Bilall Fallah proposent un film choc, intense, d’une radicalité extrême pour lequel ils ont fait appel à des amateurs. Ils ne nous épargnent rien, entre règlements de comptes sanglants, combats de rue d’une rare brutalité, agressions et viols en réunion. Des scènes provoquant le malaise, frisant le voyeurisme et la complaisance quand elles ne les dépassent pas, même si elles sont là pour rendre compte d’une horrible réalité.
"Le phénomène existe dans la plupart des grandes villes, mais nous l’avons ancré dans un environnement que nous connaissons", expliquent les deux réalisateurs. "Nous avons rencontré des policiers, des jeunes qui font partie de ces bandes, discuté avec leurs parents… "
Offrant une sorte de fresque sur un pan de la jeunesse bruxelloise parlant arabe français ou lingala (langue de la République démocratique du Congo), mais surtout pas flamand (c’est hyper ringard), Black a notamment été primé à Toronto et a connu un beau succès en Belgique.
Les auteurs font oeuvre de morale
On peut par ailleurs remarquer que les auteurs font en quelque sorte oeuvre de morale en dépeignant la violence des gangs pour mieux la dénoncer tout en tentant d’expliquer les raisons pour lesquelles les jeunes se retrouvent pris dans un tel univers.
Il n'en est pas moins sévèrement critiqué par certains, notamment par une sociologue dénonçant "des stéréotypes sociaux, le racisme post-colonial qu’il véhicule, menaçant un lien social déjà fragile". Elle ajoute que "l’opus nous fait reculer de 20 ans dans le domaine des représentations sociales".
Pour rappel, des incidents avaient émaillé la première journée d’exploitation en Belgique le 11 novembre dernier. En outre, interdit aux moins de 16 ans, il n’a pas été programmé dans les salles en France. Bien que ne traitant ni des dérives de l’Islam ni de la place des immigrés dans les sociétés occidentales, il a provoqué la polémique et ne devait être visible qu’en e-cinéma.
A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 25 mai.