Guillaume Gallienne et Adèle Exarchopoulos, un couple de cinéma improbable. A priori seulement car c’est sur lui qu’a misé, avec raison, le réalisateur Pierre Godeau. Pour raconter la folle histoire d’amour interdit entre Jean Firmino, un directeur de prison et Anna Amari, condamnée pour un crime qu’elle a commis alors qu’elle était encore mineure. Rapidement obsédé par Anna, Jean tente de passer le plus de temps possible avec elle, lui confiant notamment la gestion d’un programme informatique novateur. Autour d’eux, on n’est pas dupe…
Le film est librement adapté du livre de Florent Gonçalves, Défense d’aimer, paru en 2012. Ex-directeur d’un établissement pénitentiaire pour femmes à Versailles, il avait cédé, en 2006, à une détenue qui avait servi d’appât dans l’enlèvement du jeune juif Ilam Halimi, torturé et assassiné par "le gang des barbares".
Il n’est toutefois jamais question de cette tragédie antisémite. On ne sait pas ce qu’Anna a fait, ce qui évite de la juger. Dans Eperdument, qui pose aussi la question de l’enfermement pour l’un et l’autre des protagonistes, l’auteur est avant tout fasciné par l’amour interdit, qui inspire les créateurs depuis toujours. Cette relation impossible où la passion l’emporte dangereusement sur la raison vaudra à Jean une descente aux enfers. Son couple explose, il perd son emploi et sera condamné.
Si on peut avoir quelques réserves sur un scénario ambigu ou une mise en scène peu imaginative, on est en revanche conquis par la rencontre forte entre l’héroïne de La vie d’Adèle, instinctive sauvage, boudeuse, les nerfs à vif, peut-être manipulatrice, et Guillaume Gallienne, montrant qu’il peut tout jouer. Il est aussi crédible en comique qu’en gardien barbu, le cheveu lisse, aveuglé par ses sentiments mais conservant un air faussement dégagé pour les dissimuler.
Leur bonne performance tient sans doute notamment au fait que le film a été tourné à la prison de la Santé, où l’équipe a passé six semaines à s’imprégner du cadre et du contexte. "Un huis-clos terrible pour un amour hors norme, où on perd la notion du temps", relève Pierre Godeau.
A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 11 mai