Réussite sociale, beau mariage, Davis, jeune banquier d’affaires prospère, mène une vie réglée comme du papier à musique du lever au coucher. Et puis son quotidien tranquille bascule brutalement le jour où sa femme meurt dans un accident de voiture. N’ayant plus goût à rien, il sombre dans la déprime, en dépit des efforts de son beau-père pour le pousser à avancer.
Mais tout ce qui intéresse Davis, c’est d‘envoyer une lettre de réclamation à une société de distributeurs automatiques pour se plaindre d’un appareil défectueux. Ensuite, il se met à lui adresser des courriers où il se raconte, attirant l’attention de Karen, responsable du service clients. Peu à peu, une relation platonique se noue avec cette autre femme, mère célibataire d’un ado de quinze ans. Entre ces deux êtres, Davis tente ainsi de se reconstruire, de renaître en somme, loin d’une existence matérialiste.
Pour cela, il lui faut d’abord démolir ce qui constituait sa vie d’avant, qu’il s’agisse de ses relations, ou plus précisément des objets qui l’entourent, du plus petit au plus gros. En l’occurrence sa maison qu'il attaque à éa perceuse. Prétexte à des scènes de destruction massive à vocation libératrice pour l’anti-héros proche de la folie, en compagnie du fils précoce de Karen qui, lui, est en pleine phase de construction. Métaphore quand tu nous tiens…
Un clou lourdement enfoncé
Mais trop c'est trop. Car s’il s’agit au départ d’une bonne idée, Jean-Marc Vallée, réalisateur canadien qui nous avait notamment séduit avec l’excellent Dallas Buyers Club, nous perd dans Demolition à force de tirer à outrance sur le symbole et le stéréotype en enfonçant lourdement le clou. Sans oublier l’inévitable parabole sur l’inanité de la course à la performance et au profit.
Pesamment répétitif, le cheminement de Davis vers la guérison et la rédemption, qui se veut aussi radical que déjanté, a au contraire tendance à virer au chemin de croix pour… le spectateur. D’autant que l'auteur abandonne un début de cynisme en route et nous emmène droit vers un dénouement prévisible, en misant à fond sur le mélo ordinaire.
Reste l’interprétation. A commencer par celle, entre douceur et violence, de Jake Gyllenhaal. Il se montre plutôt convaincant dans son rôle de veuf bipolaire torturé au regard halluciné, qui pète un plomb sous le coup de la douleur. A l'image de Naomi Watts, compatissante et compréhensive, qui apporte un peu de stabilité et de sérénité dans l’histoire.
A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 13 avril.