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  • Bercy: Federer se brûle à force de jouer avec le feu. La pression monte en vue de la finale de Coupe Davis

    images[9].jpgDans les journaux de France Info, on parlait étourdiment de la sensation du jour, à savoir Federer éliminé en quarts de finale par le Canadien Raonic à Bercy. Alors que c’était plutôt chronique d’une défaite annoncée! Car si le maestro alignait les victoires depuis l’US Open, elles n’étaient pas toutes très convaincantes. 

    La preuve à Shanghai où, après avoir sauvé cinq balles de match d’entrée contre le modeste Argentin Leonardo Mayer, le king soufflait in extremis le titre sous le nez du Français Gilles Simon.

    A retenir certes la fantastique rencontre du génie contre Djokovic en demie. Ce qui ne l’a pas empêché de nous reflanquer les chocottes à Bâle, où il a sacrément peiné pour se débarrasser du géant papy croate Ivo Karlovic, avant de jouer logiquement Goliath face au trop tendre Belge Goffin, David de son prénom.

    Il n’empêche que tout baignait pour lui selon les media, qui le voyaient coiffer le vampire serbe au poteau à la fin de l’année. Misant pour cela sur un triomphe de ce brave Rodgeur dans la Ville Lumière. Sauf qu’il nous rejouait le même scénario qu’en Chine avec un premier match à nouveau gagné par les poils contre le Bleu Jérémy Chardy.

    Et je ne parle pas de sa constance coupable à rater les innombrables balles de break gracieusement mises à sa disposition par des adversaires loin de son niveau. Il a même dû lutter dans les sept minutes pour ravir le service de Pouille, un illustre inconnu tricolore issu des profondeurs du classement. A force de jouer ainsi avec le feu, rien d’étonnant à ce que la légende se soit méchamment brulée au contact du redoutable bombardier Raonic. Et qu'il en est fini de ses espoirs de remonter sur le trône, vu la forme de Dracula, facile vainqueur de Murray la belette en quarts. 

    Et cela ne devrait pas changer aux Masters de Londres. Reste la finale de la Coupe Davis dont le Bâlois serait bien inspiré de faire désormais sa priorité. Car s'il n'a pas réussi à atteindre le dernier carré et que Wawrinka a été éliminé au second tour, aucun Français n’a passé les huitièmes à Paris. C'est dire si la pression monte à 22 jours du coup d’envoi.

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  • Cinéma: Avec "Cure-La vie d'une autre", la Suissesse Andrea Staka joue avec le double

    cd3bb868d59e9d99d95c20b6623cad226e5ca6d8[1].jpgDubrovnik, printemps 1993, après la fin du siège de la ville par les Serbes. C’est là que la Suissesse d’origine yougoslave Andrea Staka, lauréate du Léopard d’Or en 2006 pour Das Fräulein, situe l’action de Cure-La vie d’une autre. Un film très personnel où, jouant sur son double héritage culturel, elle raconte l’histoire de Linda, 14 ans, née en Croatie et élevée en Suisse.

    Revenue dans son pays avec son père, elle fait la connaissance d’Eta, qui veut lui montrer son endroit secret et l’entraîne dans une forêt dangereuse et défendue qui surplombe la ville. Les deux adolescentes jouent à divers échanges où se mêlent quelques sous-entendus sexuels.

    Et soudain les choses se gâtent, une dispute éclate et Linda précipite sa nouvelle amie du haut de la falaise. Rentrée en ville, elle prend peu à peu la place d’Eta dans sa famille. Andrea Staka nous emmène ainsi dans un lieu dont les hommes sont absents et où les femmes s’organisent entre elles.

    Une intrigue avec des fantômes de part et d’autre. Ceux de la guerre et ceux de Linda, hantée par les images de la chute mortelle d’Eta et qui, symboliquement, perd pied à son tour. La réalisatrice oscille ainsi entre l’imaginaire et le réel, flirte avec le fantastique, le subconscient, la culpabilité, dans une recherche des différentes facettes de l’identité.

    Andrea Staka a du talent et elle le prouve à la fois dans sa réalisation et sa direction des deux actrices principales Sylvie Marinkovic et Lucia Radulovic. Très jolies de surcroît ce qui ne gâte rien. On regrettera pourtant le côté touffu, sinon hermétique, d’une histoire qui finalement promet davantage qu’elle ne tient.

    Andrea-Staka[1].jpgElle est inspirée d’un fait divers authenthique, comme nous l’explique la cinéaste de passage à Genève. "Alors que je venais de terminer Das Fräulein, une cousine m’a raconté que deux filles étaient allées se promener sur une colline de Dubrovnik et qu’une seule était rentrée. Cela m’a évidemment intriguée. Je me suis renseignée et je me suis rendu compte qu’il y avait plusieurs variantes à l’affaire".

    "Je me suis alors demandée si j’allais construire le film d’après différents points de vue et puis je me suis dit non, ce qui m‘intéresse ce sont ces deux copines qui partent seules pour parler  de choses que personne d’autre ne doit entendre J’ai donc pris le côté mystérieux de ce que j’imaginais et je l’ai mis dans un univers que je connais de ma grand-mère, de mon père".

    -Dans ce deuxième long-métrage c’est à nouveau de vous que vous parlez.

    -Quand j’ai commencé, je pensais que ce serait simplement une amitié adolescente. Et puis c’est comme si je ne pouvais pas me déconnecter de mes racines. Et cela s’est transformé en un film sur moi, mon conflit avec mes deux univers, mes deux cultures. Avec une différence. Dans les autres, je me demande si je suis plus Suisse ou plus Yougoslave, comment je me débrouille entre ces deux héritages. Dans Cure, j’explore plutôt le subconscient, le côté sombre de l’identité. Doit-on tuer une partie de soi-même? Je me pose d’ailleurs toujours ces questions

    -Et alors, avez-vous des réponses?

    -Je prends  le meilleur des deux pays. Ici, j’apprécie le calme et la sécurité qui me permettent de me concentrer sur moi-même. De la Croatie, j’aime le côté émotionnel. Il y  a plus d’humour, de fantaisie, une certaine tendresse.

    -Cette dualité se retrouve tout au long du film.

    -Oui il y a la double origine, la double identité des deux filles, le fait qu’elles peuvent être les deux faces d’une même personne, le fait aussi qu’elles soient entre l’enfance et la maturité. Sans oublier la dualité d’une Croatie entre la guerre et la paixx

    -Comment avez-vous choisi vos deux actrices principales? Sylvie Marinkovic alias Linda vous ressemble physiquement.

    -La tête d'affiche est souvent l’alter ego des réalisateurs. Quand j’ai opté pour Sylvie, je ne trouvais pas qu’elle me ressemblait. Dès la première scène, en revanche, oui. Je l’ai cherchée en Suisse. Elle devait être bilingue et avoir 14 ans au moment du tournage. Le processus a duré environ un an. Davantage pour Lucia Radulovic (Eta). Je voulais une fille de Dubrovnik et j’ai vu beaucoup d’ados de 12 à 16 ans.

    -Un mot sur Dubrovnik, l’un des personnages importants. 

    -Dans mes films, j’ai un rapport intense avec les villes. Zurich, New York. Dubrovnik a beaucoup d’histoire. C’est une ville de femmes dont les hommes sont absents car ils sont partis en mer ou à la guerre. Elle est  à la fois mystérieuse, poétique et angoissante et je la filme selon ma perspective, mon feeling, tout en sentant que je ne suis pas complètement de là.

    -Avez-vous déjà une idée pour "l’après Cure"? Vous n’allez pas nous faire attendre huit ans…

    -J’espère que non. Mais vous savez, un film représente un énorme enjeu. Je ne veux pas juste en tourner un de plus. Il faut qu’il soit important pour moi, qu’il dise quelque chose. Il est toutefois vrai que j’ai un projet. Cela part d’une scène d’humour dont je ne peux pas parler. Elle me fait beaucoup rire, ce qui  ne signifie pas pour autant qu’il s’agira d’une comédie...

    Film à l'affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 29 octobre.

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  • Cinéma: Black de choc dans "Bande de filles". La réalisatrice Céline Sciamma nous en parle

    7306502[1].jpgLe film ouvre sur un match de football américain musclé, où s’affrontent des Black plutôt costaudes. Une façon d’annoncer la couleur sur fond de banlieue et de guerre des sexes pour Céline Sciamma qui, après Tomboy, revient à l’adolescence avec Bande de filles.

    Dans son troisième long-métrage, elle suit Marieme, 16 ans, en butte à une succession d’impasses et d’interdits. En échec solaire, en rupture avec sa mère, elle s’occupe de ses deux petites sœurs et subit les brutalités de son grand frère dans un quartier où les mâles font la loi.

    Jusqu’au jour où elle rencontre Lady et deux autres loubardes noires, Adiatou et Fily, avides de s’émanciper du rôle archaïque assigné par les mecs. Sous le nom de Vic, Marieme rejoint le trio de frondeuses, se coule dans le moule, se virilise et découvre la saveur de la liberté entre combats de rues et virées à Paris, dont une soirée déjantée dans une chambre d’hôtel. Mais en s’échappant de chez elle, elle tombe sous une autre emprise…

    Juger n’est pourtant pas le but de Céline Sciamma dans cet opus physique, qui tient du grand roman d’apprentissage universel et intemporel, où elle sort du strict sujet de société. Tout en évitant l’exotisme, elle révèle de sulfureuses beautés non professionnelles au corps de rêve. Et qui se donnent à fond, à l’image de la féline Karidja Touré, qui est de tous les plans. Elle est entourée d’Assa Sylla (Lady) Lindsay Karamoh (Adiatou) et Marietou Touré (Fily)

    3175223045_1_8_7xc8UT3P[1].jpgSélectionné en ouverture de la Quinzaine cannoise des réalisateurs en mai dernier, Bande de filles avait reçu un accueil à la hauteur de l’attente qu’il avait suscitée .De quoi ravir Céline Sciamma (photo), récemment rencontrée à Genève. 

    "Mes films précédents traitaient de l’intime, celui-ci évoque l’altérité. Des filles que je croise tout le temps aux Halles, dans le métro, Gare du Nord, qui occupent l’espace public, vivent en groupe, dansent, chahutent. Mais on ne les voit jamais sur grand écran".

    -Comment les avez-vous choisies?

    -Nous nous sommes lancées dans un vaste recherche de quatre mois avec Christel Barras, ma directrice de casting, entre les agences, les cours de théâtre et la rue. Nous avons auditionné environ 150 filles, dont beaucoup étaient des candidates possibles.

    -Bande de filles est un film engagé dans tous les domaines. 

    -Absolument. Il n’y a pas de frontières entre l’émotionnel, la politique et l’esthétique dans cette chronique d’une amitié. Je veux montrer comment le groupe permet d’exprimer des sentiments de solidarité, la sororité. Je questionne aussi l’origine de la domination. Marieme refuse le modèle de la précarité, la violence sociale. Elle refuse d’être le larbin de quiconque, même si elle doit s’adapter au code de la rue en livrant de la drogue.

    -La meneuse du groupe, Lady, organise des combats entre filles. Vous souhaitiez montrer leur violence?

    -Oui et me livrer du coup à une réflexion sociologique. Je me suis documentée sur le sujet. J’ai découvert que contrairement à ce qu’on nous laisse croire, les filles ne sont pas plus brutales et les bandes pas plus nombreuses qu’avant. Ce sont des légendes urbaines qui arrangent tout le monde.
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    -Vous donnez à voir un côté graphique, stylisé de la banlieue.

    -J’aime aller où ça bat fort. C’est de là que je viens et je regarde les endroits dans leurs potentialités. Le quartier que je décris, Bagnolet, existe dans son intégrité. Il y a une grande pensée urbanistique.

    -J’ai lu que vous avez entretenu un rapport de rituel presque religieux avec le cinéma.

    -C’est vrai, il s'gisait d'une quête encyclopédique, à 13-14 ans. Une forme de fétichisme. Je m'y rendais trois fois par semaine. Seule. Le cinéma m’a structurée. Toute ma vie était organisée autour. Il fallait gagner de l’argent pour payer le billet. Acheter une mobylette...

    -Comment envisagez-vous la suite?

    -J’en ai fini avec l’enfance et l’adolescence. J’ai envie d’autre chose, de travailler avec des professionnels. Les actrices qui m’intéressent, ce sont les jeunes qui montent, Anaïs Demoustier, Adèle Haenel, Céline Sallette. Car je continuerai avec la création de l’identité féminine. J’imagine un thriller fantastique féministe.

    Film à l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 29 octobre.
     
     


     

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