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le blog d'Edmée - Page 36

  • Grand écran: une brillante étudiante face à l'échec dans "Le théorème de Marguerite". Passionnant

    Les mathématiques inspirent les cinéastes. Quelques semaines après la sortie de La voie royale du Suisse Frédéric Mermoud qui se penchait sur le parcours d’une surdouée dans le domaine, la  Française Anna Novion décide elle aussi de mettre les chiffres en images avec Le théorème de Marguerite.

    Seule fille de sa promo à la prestigieuse Ecole normale supérieure (ENS),  Marguerite (Ella Rumpf) est du genre garçon manqué, ce qui luii vaut quelques moqueries masculines. Indifférente à son physique et aux fringues, cette petite brune ä lunettes  préfère le confort du jogging et des chaussons.

    En dernière année, ce qui préoccupe pour ne pas dire hante cette hyper brillante matheuse, c’est le sujet qu’elle a choisi pour sa thèse. Car elle s’est attaquée à un monument en tentant, avec son professeur et mentor le peu aimable Lauremt Werner (Jean-Pierre Darroussin).de résoudre la conjecture de Goldbach, réputée insoluble depuis sa formulation en 1742. Mais Marguerite  se sent plutôt confiante.

    Découverte du Mah-jong

    Sauf que catastrophe, elle se plante devant le parterre de chercheurs venus assister à la présentation. Humiliée, ne supportant pas l’échec, la malheureuse fuit, se terre dans une colocation, se laisse aller, devient vendeuse de chaussures, déprime…  Et puis un jour, découvre  le Mah-jong, redoutable jeu d’argent asiatique, y excelle vu son extraordinaire potentiel et se met à gagner de quoi mettre beaucoup de beurre dans les épinards. 

    Du coup la jeune femme, voyant son ciel s’éclaircir, décide de se reprendre, en mains,  de s’ouvrir à nouveau au monde, de changer de look, même de corps. Tombée amoureuse, elle se remet aux maths, sa véritable passion, avec un petit camarade. 

    Entre romance, thriller et suspense

    Pour son troisième long métrage qui mêle habilement romance, thriller scientifique et suspense, Anna Novion a choisi l’attachante et émouvante Franco-Suisse Ella Rumpf, comédienne à forte puissance dramatique. Révélée en 2016 dans Grave, le film d’épouvante de Julia Ducournau, elle est  formidable en héroïne singulière, obsessionnelle, peu en phase avec ce qui l’entoure, avant de se transformer et de tout recommencer. 

    Dans sa quête existentielle sur fond d’équations, de formules, de facteurs ou d’inconnues,  elle tient la dragée haute ä Jean-Pierre Darroussin, dont on découvrira la  piteuse bassesse,,,  Un film captivant ä ne pas manquer. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 15 novembre.

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  • Grand écran: "Polish Prayers", un documentaire porteur d'espoir et propice au débat

    Le premier pas vers le changement est la compréhension, affirme Hanka Nobis, qui a reçu en octobre dernier le Zurich Film Award de la meilleure réalisation pour son documentaire Polish Prayers. Elle le montre à travers l’évolution d’Antek, 22 ans, élevé dans une famille religieuse de la droite radicale, qu’elle a suivi pendant quatre ans, dans une Pologne  divisée par des idéologies profondément opposées.

    Catholique traditionnel, le charismatique jeune homme défend des valeurs ultra-conservatrices, à l’image de celles de la Fraternité polonaise, dont il est destiné à devenir le chef religieux. Notamment hostile aux relations sexuelles avant le mariage, elle organise des contre-manifestations lors de la Gay Pride ou autres événements LGBTQIA+ et réunit ses membres dans la forêt pour des rituels de virilité.

    Mais alors qu’il est sur le point d’être élu, Antek, tombé amoureux, commence à remettre en question les principes moraux pour lesquels il s’est longuement battu, allant jusqu’à douter de l’existence de Dieu. Désormais, il va vivre selon sa propre opinion.

    Avec le portrait de son principal protagoniste, qui cache sa sensibilité et se cherche à travers ses contradictions reflétant les clivages de son pays, la réalisatrice polonaise sonde une jeune génération. Celle qui s’identifie de moins en moins aux préceptes ancestraux, basés sur la religion et surtout une masculinité dominante, hétérosexuelle et patriarcale censée dicter les interactions sociales.

    Un film sans compromis mais sans jugement, à la fois édifiant, plein de questions, porteur d’espoir et propice au débat.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 8 novembre.

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  • Grand écran : Avec "Rapito", Marco Bellochio propose une fresque historique lyrique et puissante

    Marco Bellochio, sélectionné pour la Palme d’or en mai dernier à Cannes deux ans après avoir reçu celle d’honneur pour l’ensemble de sa carrière,  se penche encore une fois sur l’histoire tourmentée de son pays. Avec Rapito (L’enlèvement), ignoré par le jury, il propose un drame historique lyrique et puissant, situé en 1858 et qui se déroule dans le quartier juif de Bologne. 

    Sur ordre du cardinal, les soldats du pape débarquent dans la famille Mortara pour enlever leur fils de 7 ans, Edgardo, sous prétexte qu’il a été baptisé en secret par sa nourrice.  De ce fait, il  doit recevoir une éducation catholique conformément à la loi pontificale, sous peine d’être considéré comme apostat. . 

    L’affaire avait fait scandale au-delà des frontières italiennes

    Ravagés par la douleur et le chagrin, ses parents tentent l’impossible pour le récupérer. Ils sont soutenus  par l’opinion publique  de l’Italie libérale et  la communauté juive internationale,  leur combat intime prenant rapidement une dimension politique.  Mais l’Eglise et le pape  refusent de rendre l’enfant pour tenter de maintenir un pouvoir de plus en plus vacillant. 

    De cette affaire qui fit scandale bien au-delà des frontières, Marco Bellochio tire une grande fresque baroque sur fond d’hérésie chrétienne, dont on retiendra par ailleurs l'excellente interprétation.. Tout en se moquant de la rigidité, du puritanisme, de l’intransigeance d’une Eglise coercitive, il brosse un portrait féroce d’un pape réactionnaire, représentant d’un conservatisme qui empêche le pays d’avancer.

    Un parcours symbolique des déchirements du pays

    Prétendument bon, il se révèle irascible, revêche et capricieux. Grotesquement caricaturé dans les journaux, il aime humilier son entourage, forçant les représentants juifs à embrasser ses chaussures, ou obligeant Edgardo, devenu adolescent sons la tutelle de l’Eglise, à dessiner des croix sur le sol avec sa langue, en guise de soumission. 

    Même s’il ne renie pas sa famille, le garçon va peu à peu oublier son histoire et sa religion, un parcours symbolisant les déchirements  d’un pays, captés par l’infatigable cinéaste de 83 ans. Bellochio aborde et mêle avec sa maestria habituelle des thèmes aussi divers que le dogme, la foi, le pouvoir, la résistance, le mensonge ou l’injustice,.  

    Film à l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 1er novembre.

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