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  • Grand écran: Kate Winslet et Saoirse Ronan vivent une passion interdite dans "Ammonite"

    En cette année 1840, Mary Anning (Kate Winslet) mène une existence dure, austère et morne. Oubliée par l’Histoire, elle fut pourtant une sommité autodidacte de la paléontologie. Mais ses importantes découvertes, notamment celle du squelette d’un plésiosaure qui lui valut une renommée mondiale, font partie de son passé. Elle habite désormais, avec sa mère, une modeste maison dans un village côtier du Comté de Dorset et  glane des ammonites, des fossiles qu’elle vend aux touristes pour subsister.

    Mary garde toutefois quelques admirateurs. L’un d’eux, un riche noble londonien en partance pour un voyage d’affaires lui demande, moyennant rétribution, de prendre  en pension Charlotte (Saoirse Ronan) , son épouse convalescente et de l’initier un peu à sa science. Mary se montre peu emballée à l’idée d’avoir Charlotte dans ses pattes,  mais elle a besoin d’argent et accepte de s’en occuper. 

    Un défi aux barrières sociales de l’époque

    Lui manifestant un intérêt tout juste poli, elle finira par s’attacher à cette jeune femme de la haute société dont elle ne savait que faire. C’est le début d’une passion interdite, étouffée par les conventions entre deux êtres dissemblables, mais qui défieront les barrières sociales dans l’Angleterre si corsetée de l’époque victorienne.

    On est tenté de rapprocher le film, labellisé Cannes 2020, de Portrait d’une jeune fille en feu, certains arguant même que son plus grand malheur est d’arriver après le chef d’œuvre de Céline Sciamma. Ce n’est vraiment pas rendre justice à Frances Lee, auteur de films très personnels, comme il l’avait prouvé dans son premier, God’s Own Country (Seule la terre), où Il évoquait une romance entre un fermier du Yorkshire et un travailleur immigrant roumain. Là déjà d’ailleurs, on l’avait comparé au célèbre Brokeback Mountain d’Ang Lee.

    Des protagonistes très connectés à la nature 

    Le Britannique, un grand garçon doux de 51 ans, s’était senti flatté, tout en marquant sa différence. Il aime simplement parler de la découverte des sentiments, des réactions émotionnelles liées au fait d’aimer et d’être aimé, Tomber amoureux a par exemple été pour lui la chose la plus difficile tant il craignait d’avoir le cœur brisé, comme il nous le racontait à l’occasion d’une rencontre à Genève.

    Ses héros ou héroïnes sont en outre fortement connecté-ées à la nature et à ses éléments, parfois déchaînés, révélateurs symboliques de la passion et de ses tourments. La majeure partie de ce second long métrage se déroule ainsi sur une plage de sable balayée par de grosses vagues venant se briser sur les roches qui s’effritent.

    Une intrigue émouvante sublimée par ses deux actrices

    Frances Lee prend son temps pour installer son émouvante et poétique intrigue, sublimée par de magnifiques images et un excellent casting. A commencer par Kate Winslet. Carapaçonnée, mutique et revêche, elle peine à se libérer avant de succomber aux désirs secrets qui animent son personnage, livrant une interprétation poignante, sans doute l’une des meilleures de sa carrière. Saoirse Ronan se montre à la hauteur dans le rôle de Charlotte, tout comme Gemma Jones dans celui de la mère de Mary.

    Il faut toutefois noter qu’ Ammonite n’est pas une biographie de Mary Anning, mais une histoire très librement inspirée de sa vie. Le réalisateur qui dit cacher en lui une part de la paléontologue, étant comme elle né pauvre et sans accès à l’éducation, lui prête une liaison qu’elle aurait pu avoir. Ce qui a choqué. 

    On lui reproche en effet de raconter une relation  lesbienne, alors qu’il se serait plutôt agi d’une amitié avec Charlotte Murchison. A quoi le cinéaste a répondu que s’il n’existait pas de preuve d’une histoire d’amour de Mary avec une femme, il n’y en avait pas non plus avec un homme. On s’en tiendra donc à la licence cinématographique. Et cela apparaît parfaitement crédible dans cet opus so british.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès le 12 mai.

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  • Grand écran: Nicolas Maury joue avec son double dans "Garçon chiffon"

    Jérémie, la trentaine, traverse une grave crise sentimentale et professionnelle. Frustré par une carrière qui peine à décoller, maladivement jaloux, débordant d’amour, il lasse et étouffe son séduisant compagnon (Arnaud Valois) que ses scènes incessantes exaspèrent. Sous le coup du chagrin et de la déception, il décide de quitter Paris et se rend dans son Limousin natal pour tenter de panser ses blessures auprès de Bernadette, sa maman. (excellente Nathalie Baye), qui l’accepte tel qu’il est. Un peu borderline, castratrice, plutôt envahissante, c’est elle qui lui a donné ce surnom de «chiffon», parce qu’il s’endormait partout, tout le temps quand il était petit.

    Obsédé par le besoin d’être aimé

    Pour ce premier long métrage mélancolique, drôle, touchant et tendre, où il porte les casquettes de réalisateur, d’acteur et de scénariste,  Nicolas Maury, révélé par la série Dix pour cent, et prochain président  du  jury de la Queer Palm au Festival de Cannes en juillet prochain,  impose son regard très personnel. Même s’il y a du Xavier Dolan dans cette fusionnelle relation mère-fils et le portrait singulier d’un homme peu commun, excentrique, narcissique, hypersensible, en souffrance, replié sur lui-même.   

    Habitué au rejet dans son couple, dans un travail fait de doute et d’attente, hanté par le suicide de son père, Jérémie est un oiseau bizarre. A la fois craquant et agaçant avec sa sincérité désarmante, son hyper maniérisme, sa voix douce et chantante, sa coupe au bol, sa démarche chaloupée et son improbable pull à moutons blancs sur fond rouge, le jeune homme est obsédé par le besoin impérieux d’être aimé, applaudi, reconnu.

    Une quête initiatique légère et grave

    Cette sorte d’autobiographie masochiste construite autour de son double de cinéma, inspirée d’une passion adolescente, commence comme une comédie où on voit le jeune homme, séquence jubilatoire, se rendre aux «jaloux anonymes» Mais, s’affranchissant des limites du genre, Nicolas Maury glisse vers plusieurs registres, s’aventurant même vers le fantastique,
    Tout en se posant de grandes questions existentielles, cherchant un sens à sa vie, Jérémie se met à nu avant d’aller vers la lumière, l’acceptation, l’affirmation de soi. Le cheminement de ce garçon déchiré, angoissé,  dépressif, se révèle parfois horripilant. Mais doté d’un sens aigu de l’autodérision, Nicolas Maury  propose, sur fond de satire du milieu de la pellicule française, une quête initiatique légère et grave, tour à tour tragique, comique, burlesque.

    Dans cet ego trip non dénué de théâtralisme, réussi en dépit de quelques écueils, il se met particulièrement en valeur, assumant son nombrilisme en étant de tous les plans. A noter également la présence du sculptural Théo Christine et de Laure Calamy dans une scène  mémorable de pétage de plombs

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès le 12 mai.

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  • Grand écran: "Les enfants d'Isadora": danser pour évoquer la perte, le deuil, mais aussi la vie

    Dans Les enfants d’Isadora,  son quatrième long-métrage, le réalisateur et danseur français Damien Manivel interprète à sa manière le solo intitulé La Mère. Légendaire, il est composé, sur une musique de Scriabine, par la mythique danseuse américaine Isadora Duncan, suite à la mort tragique de ses deux enfants, accidentellement noyés dans la Seine le 19 avril 1913. 

    Dans un geste d’une infinie douceur, une mère caresse et berce une dernière fois son enfant avant de le laisser partir.
    Un siècle plus tard, quatre femmes de conditions et d’âge différents, chacune incarnant Isadora et partageant sa douleur à sa façon, se confrontent à cette danse déchirante, dont la gestuelle laisse éprouver l’arrachement, la sensation de perte et du vide.

    Une danseuse déchiffre la partition du solo qui l’émeut, une chorégraphe en prépare l’adaptation dansée par une adolescente trisomique, tandis qu’une une vieille dame africaine assiste seule à une représentation du spectacle qui la bouleverse. 

    Damien Manivel, qui avait décroché le prix de la réalisation au festival de Locarno en 2019, unit ses deux passions dans ce film contemplatif, au rythme singulier d’une lenteur envoûtante et parfois pesante, construit comme un ballet en trois actes. Il y rend hommage à une femme libre qui a révolutionné l’histoire de son art. avec Agathe Bonitzer, Manon Carpentier, Marika Rizzi, Julien Dieudonné 

    Les jauges étant limitées en raison du coronavirus, le pré-achat des billets est conseillé:

    Mardi 4 mai à 20h aux Cinémas du Grütli Genève en présence de Damien Manivel et Agathe Bonitzer

    Billeterie : https://www.cinemas-du-grutli.ch/films/33750-les-enfants-d-isadora

    Mercredi 5 et jeudi 6 mai à 20h30 au Cinéma Bellevaux Lausanne en présence de Agathe Bonitzer

    Réservation  : https://reservation.cinemabellevaux.ch

    Vendredi 7 mai à 20h à l'Apollo Neuchâtel en présence de Agathe Bonitzer

    Billeterie : https://www.cinepel.ch/fr/neuchatel/programme-special/passion-cinema/passion-cinema/film/137470.html

    Samedi 8 mai à 18h30 au Rex Vevey en présence de Agathe Bonitzer

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