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  • Grand écran: "Adorables" pour parents impuissants face à leurs ados en crise

    8356437_6e8be4a2-cb58-11ea-9c9a-63ae57d488fe-1.jpgDivorcés Emma (Elsa Zyklberstein) et Victor (Lucien Jean-Baptiste) sont les parents de Lila (Ioni Matos). Alors qu’elle fête ses 14 ans, Lila passe du jour au lendemain d’une enfant parfaite à une adolescente insupportable, voire ingérable. Dans le rôle de l’arbitre laxiste, Victor tente d’apaiser les tensions, mais Emma est bien déterminée à ne pas céder.

    Entre mère et fille, la guerre est déclarée, chacune enchaînant les coups bas pour la gagner. Tout en délivrant un petit message déculpabilisant aux parents impuissants face à leurs ados en crise, Adorables, ixième comédie traitant des rapports difficiles entre les uns et les autres, ne brille pas par son originalité. Signée Solange Cicurel, elle frise par ailleurs l’hystérie et tombe souvent dans la caricature.

    On relèvera pourtant la prestation d’Elsa Zylberstein qui porte ce divertissement familial sur ses épaules. Elle se révèle plutôt convaincante en psychologue qui a choisi ce métier pour tenter d’éviter, évidemment sans succès, de répéter avec sa fille les erreurs que sa propre mère avait commises avec elle. A ses côtés Ioni Matos se débrouille mais peut mieux faire. A l’image d’un Lucien Jean-Baptiste transparent et d’un Max Boublil qui devient presque gênant en gamin de plus en plus attardé.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 22 juillet.

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  • Grand écran: "Eté 85", deux ados entre fureur de vivre et d'aimer. Une attraction fatale

    1910167.jpg-r_1280_720-f_jpg-q_x-xxyxx.jpgLe nouveau François Ozon aurait dû être présenté en compétition sur la Croisette en mai dernier. Victime du coronavirus, il est dorénavant labellisé «Cannes 2020». Après Grâce à Dieu, remarquable fiction traitant des abus sexuels dans l’Eglise catholique qui lui avait valu le Grand Prix de la Berlinale 2019, le cinéaste de 52 ans, changeant radicalement de registre revient à ses premières amours avec Eté 85, teen-movie romanesque revisité, sur fond de mort et d’un pacte délirant.

    L’éclectisme est une constante chez cet auteur d’une quarantaine de métrages longs et courts. Soucieux de construire une œuvre en évitant de se répéter il ne cesse de surprendre en passant du fantastique au musical, de la comédie au drame, du thriller au mélo. Ouvertement gay, Ozon fait de la sexualité, de l’ambivalence, de la subversion des normes sociales, ses thèmes privilégiés.

    L’un des deux jeunes héros donne le ton d'emblée, nous révélant qu’il va être question d’amour et d’un cadavre. Et que si cela ne nous intéresse pas, cette histoire n’est pas pour nous. Attraction fatale entre fureur de vivre et d’aimer, Été 85, tourné en pellicule, est librement adapté de La danse du coucou du Britannique Aidan Chambers, que François Ozon avait adoré en le lisant il y a 35 ans.

    Retrouvant ses 17 ans, il explore la complexité des sentiments, la violence de la passion qui animent deux adolescents dont les destins se croisent sur une plage de Normandie. Lors d’une sortie seul en mer, Alexis, 16 ans (Félix Lefèbvre), fasciné par la mort, est sauvé du naufrage par David, 18 ans (Benjamin Voisin). Alexis (désormais Alex), pense avoir trouvé l’ami de ses rêves. Il va les vivre intensément pendant six semaines. 60.480 minutes et 3,628.800 secondes qui vont le révéler à lui-même...
     
    L’homosexualité n’est pas un enjeu majeur

    Tout en nous immergeant dans les années 80 avec la musique des Cure, les cassettes audios, les virées à moto, les fêtes foraines, les boîtes de nuit, le film sensuel, érotique, évoque une idylle entre deux garçons sans pourtant que l’homosexualité soit un enjeu majeur.

    La problématique est ailleurs. Séducteur, charismatique, désinvolte, fanfaron, tête à claques, David ne veut appartenir à personne. Il aime le changement et craint l’ennui, tandis qu’Alex, intelligent, doué pour l’écriture mais beaucoup moins à l’aise, n’est jamais rassasié de la présence de l’être aimé. Jusqu’au grain de sable, symbolisé par l’irruption de Kate (Philippine Velge), une jeune Anglaise très décontractée au look de garçon manqué.

    Mais si la situation peut sembler classique, sinon banale, l’un aimant moins que l’autre et l’abandonnant par caprice, François Ozon laisse planer le suspense et le mystère dans une ambiance trouble, entraînant le spectateur dès le début sur de fausses pistes.

    Côté comédiens, Benjamin Voisin et Félix Lefèbvre se révèlent excellents. Valeria Bruni Tedeschi en mère de David extravertie, complice, follement possessive, un peu trop audacieusement inspirée de la dévorante Katherine Hepburn dans «Soudain l’été dernier» de Mankiewicz, Melvil Poupaud en professeur un rien équivoque et Isabelle Nanty dévouée corps et âme à son fils Alex, complètent le casting de cette romance initiatique à l’issue dramatique.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 22 juillet. 
     
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  • Grand écran: "Cancion sin nombre", la triste fable de l'enfant disparu

    cancionsino.jpgPérou 1988. Sur des images d’archives, des panneaux d’information défilent. Terrorisme, inflation, crise politique, récession économique. C’est dans cette grave situation que Georgina (Pamela Mendoza) attend son premier enfant. A 20 ans, sans ressources, elle répond à l’annonce prometteuse d’une clinique proposant des soins gratuits aux femmes enceintes. 

    Mais après l’accouchement, on refuse de lui dire où est son bébé et on la renvoie chez elle sans ménagement au petit matin .Après avoir vainement tambouriné à la porte en hurlant comme une bête blessée, elle erre de bureaux en guichets pour retrouver sa fille qu’elle n’a jamais vue, qui n’a même pas de nom, sans doute déjà vendue à l’étranger par une entreprise mafieuse. Sans cesse refoulée sous des prétextes divers. Georgina demande l’aide du journaliste Pedro Campos (Tommy Parraga), qui accepte de mener l’enquête. 

    Le sort de la malheureuse ne va guère peser

    Cancion sin nombre (en français Chanson sans titre) est le premier film de la Péruvienne Mélina Léon, qui avait eu les honneurs de la Quinzaine des réalisateurs en mai 2019. Elle développe une histoire qui la touche de près, le reporter qui dévoila ces sinistres trafics d’enfants étant son propre père.

    Sans surprise, le sort de cette malheureuse jeune fille quechua (culture que la réalisatrice évoque à travers des fêtes, danses et défilés traditionnels), ne va guère peser. Comme en témoigne notamment le cynisme révoltant d’un juge. déclarant que les mères comme Georgina n’ont rien à offrir à leurs petits, et qu’ils sont bien mieux là où ils se retrouvent. La discrimination n’épargne d’ailleurs pas non plus Pedro. Homosexuel, il est lui aussi victime de pression et d‘homophobie dans une société intolérante. D’où le combat dérisoire mené par ces deux marginaux, citoyens de seconde zone en quête de vérité et de justice.

    En noir et blanc, visuellement magnifique, très bien interprété par ses deux comédiens principaux à la fois retenus, tendus, intenses, quasi mutiques, cette fable triste et amère, particulièrement prenante dans sa moitié initiale, se révèle plus que prometteuse. Avec un tel sujet, Mélina Léon, diplômée de l’Université de Columbia en cinéma, aurait pu tomber dans le piège d’un traitement à l’américaine. Au contraire, elle y met sa patte personnelle, singulière, et élargit son propos en brossant le portrait dramatique d’une période noire de son pays, miné par le Sentier lumineux, mouvement armé le plus violent d’Amérique latine, les militaires et la corruption à tous les étages.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 8 juillet.

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