Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 2

  • Grand écran:"The Post", plaidoyer captivant pour la liberté de la presse. Avec Meryl Streep et Tom Hanks

    pentagon-papers-photo-steven-spielberg-1005784.jpgLes films sur le combat des journalistes américains pour la liberté de la presse sont passionnants, sinon fascinants. A l’image évidemment de Les hommes du président, référence en la matière, mais également, beaucoup plus récemment de Spotlight, de Tom McCarty qui a révélé un scandale sans précédent au sein de l’Eglise Catholique.

    The Post (en français Pentagon Papers) 31e métrage de Steven Spielberg sur un scénario de Liz Hannah et de Josh Singer, se révèle lui aussi captivant en dénonçant la culture du mensonge à la Maison Blanche. Un plaidoyer politique et féministe sur un idéal de transparence plus que bienvenu à la redoutable ère Trump, à l’heure des médias écrits en crise, de la désinformation et des fake news.

    Ce long métrage historique, qui réunit pour la première fois à l’écran Tom Hanks et Meryl Streep revient sur la publication des Pentagon Papers, rapport de quelque 7000 pages sur l’implication des Etats-Unis au Vietnam de 1945 à 1971, contrastant outrageusement avec la version officielle.

    Daniel Ellsberg (Matthew Rhys), employé par une firme de recherche, la Rand Corporation, a participé à cette vaste étude gouvernementale et ne supporte plus d’entendre Robert McNamara, secrétaire à la Défense de Kennedy et Johnson, mentir aux media en assurant que la guerre peut être gagnée.

    Lanceur d’alerte de l’époque, Ellsberg photocopie l’étude et en donne des extraits au journaliste Neil Sheehan du New York Times, qui publie l’histoire en Une. Le gouvernement Nixon entre en scène et un juge fédéral interdit au Times de poursuivre sur sa lancée. Le Washington Post, quotidien local qui rêve de devenir national, prend alors le relais à ses risques et périls.

    Toute l’histoire est racontée du point de vue de Katharine Graham (Meryl Streep) qui s’est retrouvée à la tête du Post après le suicide de son mari, et de celui de son rédacteur en chef Ben Bradlee (Tom Hanks). Ce dernier ne cesse de pousser Katharine à publier de nouveaux éléments des fameux Papers, au mépris de leur carrière et de leur liberté. Bien qu’amie avec McNamara, elle finira par décider de dévoiler ce monumental scandale d’Etat concernant les manœuvres de quatre présidents pour cacher la vérité au public.

    Meryl Streep e Bruce Greenwood The Post.jpgParallèlement à ce grand film militant pour le journalisme d’investigation et l’importance cruciale de son indépendance qui emprunte les codes du thriller, Spielberg évoque la place des femmes dans la société. En brossant le portrait de l’une d’elles dont il fait l’éloge. Victime du machisme ambiant et surtout pour être devenue la première directrice d’un grand journal, une entreprise familiale, par défaut, Katharine Graham va pourtant affirmer son pouvoir.

    Aux côtés de Tom Hanks un rien excessif dans le rôle du rédacteur en chef passionné, exigeant sinon insupportable avec ses subordonnés, intraitable avec le pouvoir et les financiers, Meryl Streep exagère également un poil dans l’extrême douceur pour arriver à ses fins. Boss atypique, montrant une courtoisie mêlée de fermeté, d’hésitations, de doutes inhérents à sa condition de femme lâchée dans un monde d’hommes, elle fera preuve d’une soudaine intrépidité pour affronter et dénoncer l’establishment dont elle fait partie.

    Impeccables en revanche la facture classique et la reconstitution des années 70, dont notamment des immersions dans la réalité d’une immense salle de rédaction d'alors où on chasse le scoop, on court contre la montre, sans oublier les machines à écrire crépitantes, les téléphones à cadran rotatif, les linotypes crachant du plomb, les typographes assemblant les lettres ou encore les grosses presses à imprimer le journal durant la nuit et sa sortie au petit matin. A ne pas manquer pour les amateurs du genre… et tous les autres.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 24 janvier.

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine
  • Grand écran: "God's Own Country", passion gay dans une ferme du Yorkshire

    Gods-Own-Country-1200x600-c-default.jpgPrix de la mise en scène à Sundance, le premier long métrage du Britannique Francis Lee met en scène Johnny, un jeune fermier gay du Yorkshire, mal dans sa peau, aigri, colérique et introverti. Remplaçant son père malade, il n’a pas de vie sociale et doit consacrer tout son temps à l’exploitation de la ferme familiale, perdue sur une terre aride. Il tente d’oublier ses frustrations dans l’alcool et de brefs accouplements occasionnels avec des inconnus, jusqu’au jour où débarque Gheorghe, un migrant roumain engagé pour l’aider.

    Si ce conte romantico-réaliste évoque la difficulté à s’assumer dans ce milieu de petits paysans anglais dont le réalisateur s’emploie par ailleurs à décrire le quotidien, le vrai sujet réside dans l’empêchement, pour Johnny, de s’attacher à ceux qui l’attirent. C’est ce qui change avec Gheorghe, beau comme un dieu, pour qui il éprouvera des émotions jamais ressenties, après avoir affiché un certain mépris à son égard.

    Une relation intense va alors naître entre eux, contrastant avec les baises brutales dans des lieux sordides. Avec la complicité des deux excellents comédiens Josh O’Connor et Alec Secareanu (photo), Francis Lee raconte ainsi l’apprentissage d’une autre virilité, la découverte des sentiments, de l’amour, de la tendresse, de la douceur. Tout en dépeignant des ébats passionnés sans fard, mais sans complaisance.

    "Tomber amoureux a été la chose la plus difficile"

    Garçon doux à la longue barbe, le cinéaste, 47 ans, habitant une maison isolée dans la lande, sans internet, est né comme son héros dans une ferme qu’il a quittée à vingt ans pour étudier l’art dramatique. Devenu acteur, il sent que ce n’est pas sa voie. Il a envie d’écrire ses propres histoires et de passer derrière la caméra. Il tourne deux courts métrages avant de s’attaquer, il y a six ans, à God’s Own Country (Seule la terre).

    "Il s’agit d’un film très personnel, mais pas autobiographique", nous dit-il lors d’une rencontre à Genève, où il précise ses intentions. "Que Johnny soit gay ou non n’est pas important. Mon but n’était pas de faire un film sur un coming out, mais de m’intéresser aux réactions émotionnelles liées au fait d’aimer et d’être aimé. Tomber amoureux a été pour moi la chose la plus difficile, tant je craignais d’avoir le cœur brisé". 

    "Très différent de Brokeback Mountain"

    Beaucoup comparent God’s Own Country au fameux Brokeback Mountain d’Ang Lee. "Je suis flatté, c’est une oeuvre magnifique. Sauf qu’elle est complètement différente. Ce n’est pas le même monde, ni la même époque. Les deux protagonistes sont obligés de se cacher, contrairement à Johnny dont le principal problème est de s’ouvrir aux autres".

    L'opus, traitant également de migration et de racisme, connaît un gros succès des deux côtés de l’Atlantique. Mais Francis Lee, qui adore sa vie, sa famille, ses amis, n’a pas l’intention de succomber aux sirènes de Hollywood. "Je reçois beaucoup de scénarios, mais je sais que je n’aurai pas le final cut. Et je veux rester maître à bord de mon prochain film. Quitte à prendre le risque qu’il ne soit pas aussi bien reçu que le premier".

    A l'affiche sur les écrans de Suisse romande dès mercredi 24 janvier.

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine
  • Festival: Black Movie met le cap sur les étoiles et l'accent sur "Mauvais genre"

    taekwondo_outplay_international_marco_berger_04.jpgEngagé depuis ses débuts dans la défense d’une cinéphilie auteuriste, indépendante et internationale, le festival genevois revient pour sa 19è édition. Mettant le cap sur les étoiles il montre, jusqu’au 28 janvier, 121 films en provenance d’une vingtaine de pays, des Philippines à l’Inde, en passant par la France, le Japon, le Brésil, l’Argentine, la Russie.

    Le programme en cinq sections s’articule autour de Mauvais genre, composée de deux volets, l’un actuel, l’autre proposant une rétrospective sélective de films queer diffusés au Black de 2001 à 2017. On y reverra des œuvres du Thaïlandais Apichatpong Weerasethakul, du Brésilien Gabriel Mascaro, du Philippin Brillante Mendoza ou de l’Argentine Anahi Berneri.

    Parmi les nouvelles productions, à découvrir Taekwondo (photo) des Argentins Marco Berger et Martin Farina. Cette chronique à forte tension sexuelle sur la naissance et le pouvoir du désir, décrit l’isolement possible d’un jeune gay dans un monde de mâles.

    El diablo es magnífico du Chilien Nicolas Videla raconte, lui, l’histoire d’une immigrante trans de 33 ans. Après avoir vécu dix ans à Paris, Manu, fatiguée de l’hostilité à laquelle elle doit faire face, décide de rentrer au Chili.

    Avec Those Long Haired Nights du Philippin Gerardo Calagui, on suit Tuesday, Amanda et Barbie. Ces trois femmes transgenres aux caractères opposés, passent une nuit chaotique sur le chemin de leurs rêves dans un quartier chaud de Manille.

    De leur côté, les Brésiliens Marco Dutra et Juliana Rojas tâtent du fantastique dans As Boas Manieras. Clara, une jeune infirmière de la banlieue de São Paulo est engagée comme nounou du futur enfant de la mystérieuse Ana. Alors que les deux femmes se rapprochent, l’accouchement n’aura rien d’une délivrance…

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaamaman.jpgLe voyage, complété par des tables rondes et conférences autour des différents thèmes (esthétique queer, violence faite aux femmes notamment), se poursuit à travers les autres sections Les Résistantes, Le salaire de la peur, Toi aussi mon fils, Sympathy For MrVengeance, dont Spoor de la Polonaise Agnieszka Holland.

    Les derniers-nés de grands cinéastes se retrouvent également dans A suivre. Comme Le jour d’après du Sud-Coréen Hong Sang-soo, Avant que nous disparaissions du Japonais Kiyoshi Kurosawa, Une femme douce du Russe Sergei Loznitsa, Frost du Lituanien Sharunas Bartas, Mrs Fang du Chinois Wang Bing, Léopard d’or au dernier Festival de Locarno. A noter le retour du Congolais Dieudo Hamadi, invité en compagnie de nombreux autres réalisateurs, avec son film Maman colonelle (photo).

    Le festival n’oublie pas les enfants, précieux spectateurs de demain. Le petit Black Movie déploie l’univers qui leur est dédié avec 44 films et ateliers.

    Genève, du 19 au 28 janvier. Lieux principaux: Maison des Arts du Grütli, Cinéma Spoutnik, Cinélux, Alhambra. Lieu central: le Xanadu (Cercle des Bains). Informations pratiques blackmovie.ch

    Lien permanent Catégories : Cinéfil