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  • Festival de Locarno: pour Fanny Ardant, transsexuelle dans "Lola Pater", chaque film est une aventure. Interview

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaafnr.jpgElle est belle, grande, mince, sincère, chaleureuse, passionnée. Avec des bagues à chaque doigt... nous rappelant les paroles du Tourbillon de la vie et son interprète qui vient de quitter la scène. Le temps d'un très bref commentaire. De Jeanne Moreau l’insoumise, Fanny Ardant dira sobrement que sa mort la rendue triste.

    Elle lui ressemble. Effrontée, extravagante, non conformiste, elle non plus n’a pas la langue dans sa poche, ne supporte pas la pensée unique, se moque des moralisateurs. Elle se dit peu mondaine sinon carrément asociale. A la tête de quelque 80 films, inoubliable Femme d’a côté de François Truffaut, elle est aussi réalisatrice de trois longs métrages, dont Le divan de Staline avec Gérard Depardieu, et a mis en scène un opéra au Châtelet.

    Douée pour la métamorphose et le mélange des genres, elle a accepté, à 68 ans, de jouer un homme devenu femme dans Lola Pater, le cinquième opus du cinéaste franco-algérien Nadir Moknèche. Fils d’immigrés algériens, Zino a grandi persuadé que Farid, son père, les a abandonnés, sa mère et lui. A la mort de cette dernière, il apprend que Farid n’est pas retourné en Algérie, mais qu’il vit en Camargue.

    Zino part alors à sa recherche et rencontre Lola, professeure de danse orientale. Elle finit par lui avouer qu’elle est Farid. Zino a de la peine à l’accepter. Nadir Moknèche s'est attaqué à un thème délicat qu'il traite avec subtilité et sensibilité, évitant la caricature et le cliché. On en reparlera plus longuement lors de sa sortie le 9 août prochain dans les salles romandes.

    aaaaaaaaaaaaaaaardant.jpg"L'amour est la plus grande histoire de la vie"

    "J’ai beaucoup aimé le scénario ainsi que mon personnage pour la richesse de son caractère, sa vulnérabilité, son insolence, sa fantaisie, son parcours chaotique", raconte Fanny Ardant, de passage à Locarno pour la projection de Lola Pater sur la Piazza Grande. «C’est un être très tourmenté. Il a choisi sa vie quel que soit le prix à payer. Là on est à la dernière épreuve. Il, enfin elle, se demande si son fils va l’aimer. L‘amour est la plus grande histoire de la vie. 

    Est-ce un rôle casse-gueule? Certaines actrices auraient sans doute craint pour leur image?

    Ce n'est pas mon cas, car je n’ai pas d’image à défendre. J’ai une sorte d‘irréductibilité liée à ce que je pense, ce que je suis, à la liberté. Tout en tant très pessimiste, je suis dotée d'une extraordinaire énergie. Ma carte maîtresse. Elle est venue à bout de chagrins qui m’ont presque laissée pour morte.

    Qu’est-ce qui définit le mieux l’être humain selon vous?

    Ce n’est en tout cas ni son sexe, ni son métier, ni sa nationalité, ni sa couleur. Tout cela n'est qu'une enveloppe. Ce qui le définit, c’est sa richesse, sa dualité, ses contradictions. ce moment où on l’a devant soi et où on le découvre dans ses qualités, ses défauts dans les réactions qu'il provoque. Celle de mon fils dans le film, c’est d'abord le rejet. Dès qu’il apprend à me connaître ce n’est plus le cas.

    Comment avez-vous travaillé votre personnage?

    Je l’ai davantage préparé que travaillé. Avec Nadir, nous nous sommes surtout attaché à l'allure générale, aux robes, aux chaussures, à la coiffure, la poitrine, le derrière. Et à la voix. "Plus bas, me répétait-il, plus bas".. Il m’a par ailleurs conseillé de prendre des cours de danse orientale. Pour le reste on se rend disponible. Je n’ai pas rencontré de transsexuelles. Je me serais retrouvée dans une réalité qui ne m’intéresse pas. Ce qui me passionne, c’est la vérité.

    La routine vous ennuie. Vous la cassez en vous montrant très éclectique. Vos choix sont à la fois populaires et auteuristes.

    Chaque film est une aventure. Dépendant de l’invention et de l’intelligence des metteurs en scène qui me proposent des choses différentes. Quand j'ai rencontré Nadir, j'ai été séduite par sa culture, sa façon de parler, de me voir au-delà des apparences. Je n'avais jamais joué ce rôle et je dis toujours oui à quelque chose d’irrésistible.

    Et c’est quoi l'irrésistible ?

    La découverte, la curiosité, le plaisir de jouer. Mais j’ai besoin d’avoir des affinités. Vous savez, je suis misanthrope. J’aime les êtres humains un par un. Je déteste le groupe. Je n’ai par exemple jamais appartenu à un parti politique. Je ne fais pas non plus partie de la "grande famille" du cinéma. Je veux la liberté chez un acteur. J’ai été très heureuse sur le tournage de Lola, où j’ai rencontré des gens formidables.

    Enfreindre c’est mieux que suivre. Votre devise de rebelle en somme. 

    Je revendique ma liberté de parole et celle de changer d’avis. J’ai de la difficulté à entrer dans l’ordre établi, j’ai du mal avec la loi, avec l’autorité, sauf si elle est bienveillante. Tout cela vient du  fait que très tôt, on a essayé de me faire peur. Or une vie ne peut pas être dictée par la peur.

    Vous avez le sens de la formule. Vous dites par exemple que le cinéma c’est comme le prêt à porter. En gros il en faut pour chacun. Une fois vous m'aviez confié que vous étiez comme une valise sur un tapis roulant. Est-ce toujours le cas?

    Oui, j’attends qu’on m’emporte. Les gens ont pris leur valise et il n’y en a plus qu’une sur le tapis, qui patiente. C’est moi. Et je suis prête à tout!

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  • Festival de Locarno: des stars et des nouveautés pour la 70e édition

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaafestival loc.jpgTradition et innovation, regards sur le passé et paris sur l’avenir, le tout sur fond glamour avec de nombreuses stars présentes pour la 70e édition du Festival de Locarno, qui débute mercredi 2 août. Ce cru 2017 concocté par le directeur artistique Carlo Chatrian comprend comme d’habitude plusieurs volets, de la compétition internationale à la Piazza grande, en passant par les Léopards de demain, les Cinéastes du présents,la Semaine de la critique et la rétrospective.

    aaaaaaaaaaaaaaaaahuppert.jpgZoom sur les trois principaux. Et tout d‘abord le concours, fort de dix-huit œuvres en provenance de douze pays. Les Etats-Unis se taillent la part du lion dans cette chasse au Léopard d’or, en proposant cinq longs métrages dont Lucky de John Carrol Lynch. La France en présente deux, dont Madame Hyde, de Serge Bozon avec Isabelle Huppert (photo). Deux également pour la Chine, le documentariste Wang Bing signant pour sa part Mrs Fang, le portrait d’une sexagénaire atteinte d’Alzheimer dans le sud du pays.

    On retiendra par ailleurs La Telenova errante, cosigné par le Franco-Chilien Raul Ruiz (mort en 2011) et sa compagne d’alors Valeria Sarmiento, ou encore Ta peau si lisse du Canadien Denis Côté, un habitué de l’endroit. Les autres films en lice viennent du Brésil, d’Italie, d’Allemagne, de Roumanie, d’Islande, de Palestine et enfin de Suisse avec Goliath de Dominik Loscher.

    Piazza Grande et tapis rouge

    Point fort du festival la célèbre et magique Piazza Grande où le public peut découvrir 14 films. En ouverture Demain et tous les autres jours, une comédie de la Française Noémie Lvovsky et en clôture Gotthard-One Life, One Soul de Kevin Merz consacré au groupe helvétique.

    aaaaaaaaaaaaaaaaaalolap.jpgEntre les deux, l’Italienne Francesca Comencini propose Amori che non sanno stare al mondo (Des histoires d’amour qui ne peuvent appartenir à ce monde), le Franco-Algérien Nadir Moknèche Lola Pater (photo), où un fils veut retrouver son père, avec Fanny Ardant. De son côté l’Américain Michael Showalter dévoile The Big Sick, romance sur un couple aux différences culturelles et son compatriote David Leitch Atomic Blonde, film d’espionnage avec Charlize Theron.

    Côté tapis rouge, cette 70e édition verra d’autres quelques autres invités de marque comme Mathieu Amalric, Vanessa Paradis, Vincent Macaigne, Adrien Brody, qui doit recevoir le Leopard Club Award, tandis que Nastassja Kinsky, muse de grands cinéastes, est l’hôte d’honneur du Festival.

    La rétrospective Jacques Tourneur

    Troisième pilier de la manifestation tessinoise, sa traditionnelle rétrospective. Elle est consacrée cette année au réalisateur français Jacques Tourneur, né à Paris en 1904 et mort en 1977. Western, polars, films noirs, de cape et d’épée, de guerre, d’espionnage, d’aventure, sans oublier le mélodrame, Jacques Tourneur s’est exprimé dans tous les registres, un éclectisme hérité de sa double identité européenne et américaine.

    Conçue par Roberto Turigliatto et Rinaldo Censi en collaboration avec les Cinémathèques suisse et française, la rétrospective a lieu à l’historique GranRex, entièrement restauré. C’est aussi l’occasion d’évoquer, sur le plan des infrastrutures, le Palacinema, un nouveau lieu offrant une salle de 500 places et deux de 150.

    Festival de Locarno, du 2 au 12 août.

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