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  • Grand écran: "Kika", un triple coup de foudre pour son héroïne Manon Clavel. Rencontre

    Venue du documentaire traitant de sujets forts (le vjol dans Sans frapper, le débordement du système hospitalier dans Sauve qui peut), Alexe Poukine se lance dans la fiction, avec un long métrage qui serait un peu, selon elle, la suite d’un court réalisé en 2020. La réalisatrice française évoque le parcours sinueux et incertain de Kika, son héroïne qui donne son nom au film. Assistante sociale, elle s’investit totalement dans son job, et vit en couple depuis 17 ans avec Paul, le père de sa fille. Jusqu’au jour où, suite à un rocambolesque incident, La jeune femme tombe amoureuse de David, un réparateur de vélos.
       
    Elle s'installe avec lui. Mais son nouvel univers s’écroule, quand David meurt brutalement d’un AVC. Enceinte, complètement fauchée, Kika doit trouver très vite de l’argent. C’est ainsi qu’elle va petit à petit découvrir le monde des travailleuses du sexe et les pratiques BDSM dont elle ignore tout. Mais sur lesquelles la cinéaste pose un regard documenté- 

    Entre tensions et émotions, Alexe Poukine traite aussi d’autres thèmes comme la précarité, le deuil, la douleur, la survie, les préjugés. Evitant tout misérabilisme et jugement, passant de la légèreté au drame, elle brosse avec justesse et sensibilité le portrait d‘une femme à la fois forte et fragile, résiliente et audacieuse, attachante et paumée, qui met de côté sa peine et ne cesse de se battre pour avancer. Elle est formidablement incarnée par Manon Clavel, véritablement cocréatrice de son personnage.

    L'humour est sa petite carapace 

    Née aux Etats-Unis, elle arrive à 10 ans en France, intègre le Cours Florent puis le Conservatoire national supérieur d'art dramatique. En 2019, elle obtient un rôle dans La vérité du Japonais Hirokazu Kore-eda. Récemment vue dans la comédie Le répondeur de la Française Fabienne Godet, elle joue l’un des rôles principaux de la série Winter Palace.

    Nous avons rencontré à Genève la comédienne qui séduit par son naturel, son dynamisme et et sa spontanéité. Paradoxale, multiple, impatiente, intense, Manon, omniprésente,  porte pour la première fois un film sur ses épaules. En décrochant de surcroît le rôle de ses rêves. «Quand Alexe Poukine me l’a proposé, j’ai eu un triple coup de foudre: pour le scénario, le personnage et la réalisatrice. J’étais en adéquation, en osmose avec tout, connectée avec Alexe. Imaginez que vous allez dans une soirée. Vous rencontrez une personne que vous ne connaissez pas, mais tout ce qu’elle dit vous parle immédiatement. On sait qu’on vient de la même planète. Le dirais un peu la même chose de Kika. Elle et moi on se ressemble. On utilise par exemple l’humour comme une arme pour se défendre. C’est ce que je fais quand je suis triste, mal à l’aise. C’est ma petite carapace ». 

    Elle devait être aussi perdue que Kika

    Manon Clavel s’est livrée en amont à des recherches sur le rôle en rencontrant des assistantes sociales. «Elles m’ont formée à leur métier. J’ai même assisté à des rendez-vous". En revanche, pas question de mener l'enquête sur les travailleuses du sexe. "J’aurais bien aimé, mais Alexe s’y est opposée Elle voulait que je sois aussi perdue que Kika, sans les codes. Pour que je me mette en danger, que je sois mal à l'aise, que j’aie les mêmes réactions. Peu à peu  je vois des gens et j'apprends énormément sur la douceur, la bienveillance, la tolérance, la solidarité. Le gros problème des discriminations de toutes sortes c’est la méconnaissance. Mais quand on se plonge dans  ces univers, on comprend beaucoup mieux. En fait, c’est ce qu’il fallait à Kika pour qu’elle progresse. Au début d’ailleurs, je pensais que les scènes de domination seraient les plus difficiles à tourner. En fait non, c’était plutôt joyeux. Les plus dures c’était les scènes d’émotion»

    Quand on a trouvé le rôle de ses rêves, en existe-t-il d’autres ? «Oui, bien sûr. Au théâtre, je vais jouer dans la dernière pièce de Marius Von Mayenburg, Ellen Babic. Côté cinéma  Hamé, du groupe La Rumeur et Marion Boyer ont écrit un drame romantique pour Sofian Khammes et moi. J’adore le personnage de la grande amoureuse Enfin j’ai le projet de continuer de travailler avec Alexe et qu’on se retrouve aussi ensemble devant la caméra».

    Kika, à l'affiche dans les salles de Suisse romande dès le 5 novembre.

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