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Grand écran: "Bonnard, Pierre et Marthe", 50 ans d'une passion tourmentée entre le peintre et sa muse. Interview

Seize ans après l’inoubliable Séraphine, Martin Provost renoue avec la peinture en réalisant Bonnard, Pierre et Marthe. Nous sommes à Paris en 1893. Dans une rue de Montmartre, le jeune Pierre Bonnard rencontre par hasard Marthe de Méligny, aristocrate autoproclamée, orpheline et ruinée. Il lui propose de poser pour lui, C’est le coup de foudre et Marthe, transfuge de classe née en réalité Maria Boursin, devient immédiatement sa muse. 

Sans elle, "le peintre du bonheur", n’eût pas été celui qu’on connaît. En occupant pratiquement le tiers de son œuvre, Marthe, qui  peindra à son tour, en est la matrice. Dès les premiers tableaux qui la montrent souvent nue, de dos, de trois quarts, le visage flou, Bonnard accède à la notoriété.

Un couple fusionnel

Tout en braquant le projecteur sur Marthe, Martin Provos s’emploie à retracer près d’un demi-siècle de la passion tourmentée de ce couple fusionnel, qui fréquente d’autres artistes, et leurs amis Claude Monet et sa femme Alice. Pourtant Marthe, enfermée dans son mensonge, redoutant qu’on la renvoie à ses humbles origines, tient à isoler Pierre ses autres et le pousse à aller vivre à la campagne, dans un environnement qu’elle adore. Cela n’empêchera pas son compagnon de la tromper sans cesse. Mais il revient toujours vers elle. Il finira par l’épouser. Elle ne lui révèlera sa véritable identité qu’en1925. Avant de sombrer petit à petit dans la folie,  

Académique, tenant du mélo, le film ne nous emporte pas autant que Séraphine. Il doit beaucoup à ses deux interprètes principaux. Bouleversante, à la fois énergique et fragile, Cécile de France se glisse avec son habituel talent dans la peau de cette femme mystérieuse, énigmatique, complexe, sensuelle, amoureuse, souffrant d’asthme, en osmose avec la nature et l’eau. De son côte. inattendu dans ce rôle pour lequel il s’est astreint à une préparation intense, Vincent Macaigne se révèle lui aussi remarquable,

Martin Provost nous en dévoile davantage à  l‘occasion de son récent passage à Genève. Nous apprenant par exemple qu’il a commencé par peindre. "Ma mère était très douée. Elle faisait des dessins, des aquarelles. Mais je me suis rapidement rendu compte que ce n’était pas pour moi. Trop dur". 

Vous aimez parler des femmes. Et surtout  les émanciper.

Elles m’ont élevé. Il y a davantage d’amour en elles, un don pour l’accueil. Je suis un homme féminin. En ce qui concerne leur émancipation, c’est ce que ma mère n’a pas vécu. Elle aurait voulu travailler, mais mon père refusait. En même temps, elle était complice de cela. J’ai eu un lien avec les femmes avant l’heure. L’émancipation est en chacun de nous.  Elle est nécessaire, Aujourd’hui, les femmes explorent leur part masculine. Il y a un équilibre à trouver.

Qu’est-ce qui vous a plus particulièrement poussé à faire ce film

Ce fut assez long à se dessiner. Après Séraphine, je ne voulais pas faire un autre film sur la peinture. Et surtout pas sur Bonnard.  Et puis une chose en a amené une autre. Le fait que la petite nièce de Marthe m’a approché, ma rencontre avec Françoise Cloarec, la lecture de son livre L’indolente. Et puis un jour, on était en plein confinement, le printemps tait exceptionnel. J’ai ouvert la fenêtre, pris un bouquin d'art sur Bonnard et je suis tombé sur le fameux déjeuner, avec Marthe assise à table. Mais son visage est flou. Comme sur les tableaux suivants, où on ne le voit même pas. Ce mystère m’a titillé-

Vous abordez plein de thèmes, la jalousie, les multiples incartades de Pierre, la farouche envie d’exclusivité de Marthe qui veut l’isoler des autres

Il y a tout cela, mais au-delà, il y a surtout le besoin de Bonnard de prendre soin de Marthe. La passion s'étiole, l'ennui le gagne, Il ne cesse de la trahir, mais revient toujours vers elle.  On peut dire qu’il était un bon mari, qui trompait sa femme. C’était un vrai couple…

Vous évoquez également la liberté des mœurs de l’époque dans les milieux culturels.

Il est vrai qu’on se mélangeait beaucoup. C’était une vie de bohème, on couchait sans se poser de problèmes. Mais Marthe en a beaucoup souffert. D’où son amertume. Elle fuyait ce monde qui la détestait. Sauf Monet qui l’adorait. Il avait compris qu’elle faisait du bien à Bonnard en l’incitant à se onscrer lpluspossibl à son art.  

Un mot à propos des acteurs. Tout d’abord pourquoi Cécile de France, dont l’âge ne correspond pas à celui de Marthe, du moins dans la première partie ?.

J’ai c herché mais je ne trouvais pas. Et on m’a parlé de Cécile de France. J’ai été très ému par elle et je me suis dit qu’on n’allait pas se poser la question.  On l’a un peu rajeunie avec du maquillage. J’ai pris beaucoup de liberté. Je ne voulais pas me priver des comédiens que je souhaitais pour une réalité historique.

Et en ce qui concerne Vincent Macaigne ?

Il ,était mon premier choix. J’avais très envie de cette collaboration, qui a exigé une  importante transformation. D’abord il a dû maigrir et surtout s’épiler. Un cauchemar, car il est très velu. En plus, comme Cécile, il a dû prendre des cours de peinture. Et enfin, Macaigne a dû se séparer de… Macaigne. Ce fut un vrai gros travail, mais enthousiasmant.  J’ai d’ailleurs un autre projet avec lui à propos d’un peintre particulier.

C’est votre prochain film? 

Non, pas encore. Là, Il s’agira d’une histoire sur un professeur de lettres dans la cinquantaine, qui n’a jamais trouvé la personne qui lui convenait et décide de tomber amoureux. Les rencontres se font au travers de la littérature et de ce que ces différentes femmes provoquent chez lui.
 
Bonnard, Pierre et Marthe, à l’affiche dans les salles romandes depuis mercredi 17 janvier.

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