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  • Grand écran: "The Triangle Of Sadness" s'offre les ultra riches et inverse les rapports de classe. Faussement transgressif

    Déjà couronné il y a cinq ans à Cannes avec The Square, le Suédois Ruben Ostlund, à nouveau cousu d’or en mai dernier pour The Triangle Of Sadness (Sans filtre), se déchaîne dans cette comédie en forme de jeu de massacre. Structurée en trois actes, prétendument provocante et grinçante, elle dénonce à nouveau le fossé de plus en plus béant entre les ultra riches et les ultra pauvres. 

    Tout commence dans la foulée de la Fashion Week, avec Carl et Yaya, un sublime couple de mannequins et influenceurs. Ils ne cessent de se disputer pour des histoires d’argent et d’égalité des sexes. En l’occurrence, il s’agit d’une addition salée dans un restaurant cinq étoiles qu’a de nouveau dû payer Carl, alors que Yaya, obsédée par son image et sa carrière,  gagne trois fois plus que lui. 

    Une brochette d'abjects personnages

    Peu après, les amoureux sont invités sur un yacht pour une croisière de luxe. Se retrouvent également à bord un oligarque russe qui a fait fortune en vendant de la merde (c’est lui qui l’affirme), un couple de retraités britanniques revendiquant son  statut de marchand de mort avec le sourire et autres abjects personnages du genre. Se vautrant sans complexe dans leur opulence, ils affichent un mépris sans limite à l’égard du personnel.   

    Les choses dérapent quand une grosse tempête s’invite dans le traditionnel dîner de gala du capitaine, marxiste et alcoolique, qui a empoisonné ses hôtes. Le réalisateur outrageusement complaisant et se voulant symbolique d’indécence et d’égoïsme à cracher, laisse alors ses protagonistes nager pendant près d’une demi-heure dans le vomi et le caca. 

    Les rapports de classe s'inversent

    Et puis le paquebot explose. Les survivants échouent alors sur une île déserte, où les rapports de classe s’inversent. Perdant de leur superbe et de leur puissance, les nantis se retrouvent sous la coupe drastique d’une femme de ménage asiatique, prolétaire opprimée qui se révolte. A elle désormais de dicter sa loi... 

    Basique, moralisante en dépit de ses excès, faussement transgressive, la farce est lourde, grotesque, vache et sale, finissant de s’embourber dans cette troisième partie interminable. Dire que Ruben Östlund ne méritait pas sa deuxième Palme d’or est un euphémisme. Nul doute que le jury se sentait obligé de se distinguer, après celle octroyée tout aussi abusivement à Titane l’an dernier. 

    Alors que le film sera à l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 27 septembre, on rappellera que l'actrice et mannequin sud-africaine Charlbi Dean, 32 ans, vedette du film aux côtés de Harris Dickinson (photo ci-dessus), est morte soudainement dans un hôpital de New York le 29 août dernier.  

     

     

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  • Grand écran: Lionel Baier propose une nouvelle comédie politique caustique. Avec les "M&M's" en toile de fond!

    Dans le troisième volet de sa tétralogie sur la construction européenne, La dérive des continents (au sud) Lionel Baier poursuit son exploration décalée, commencée en 2006 avec Comme des voleurs (à l’est) et suivie en 2013 par Les Grandes Ondes (à l’ouest). Après des voyages en Pologne et au Portugal, le réalisateur vaudois nous emmène en Sicile pour une tragi-comédie politique caustique, doublée d’un drame intime et teintée de fantastique. 

    Nous sommes au début 2020. Fonctionnaire onusienne, Nathalie Adler (Isabelle Carré, solaire comme toujours) est en mission à Catane, pour gérer l’afflux de migrants. Ce jour-là, elle est chargée d'organiser la visite «spontanée» du président Emmanuel Macron et de la chancelière Angela Merkel, alias les "M&M's", dans un camp de réfugiés. L’idée est d'en tirer un bénéfice électoral, en montrant aux médias leur empathie pour ces laissés-pour-compte vivant dans des conditions insalubres.

    Branle-bas de combat loufoque 

    Avant l'arrivée des dirigeants, Nathalie reçoit leurs représentants, venus en repérage. C’est la partie la plus savoureuse et drôle de l’opus, les envoyés gouvernementaux contrariés se montant plus soucieux de l’impact des images télévisées que de la situation des migrants. Pour eux les lieux sont trop propres, trop fonctionnels, trop entretenus. On ne voit pas vraiment la misère et le Sénégalais choisi parle trop bien le français (vous voulez du petit nègre ironise l’intéressé...). 

    Décidément, ça ne va pas. Il faut faire plus sale, plus pauvre, bref plus « conforme ». Du coup, branle-bas de combat loufoque pour changer le décor de toute urgence. C’est alors que débarque Albert (Théodore Pellerin, un jeune comédien prometteur). Fils de Nathalie, il milite dans une ONG. En pleine crise identitaire, il reproche à sa mère de l’avoir abandonné des années auparavant. Découvrant son homosexualité, Nathalie était en effet partie vivre avec une femme, qu’elle retrouve d’ailleurs également à l’occasion de l’improbable visite des deux chefs d’Etat. 

    Un affrontement intime symbolique

    Dès lors le film dévie vers le conflit toujours non réglé entre la mère et le fils qui, sur fond de grave crise migratoire, vont tenter de se rabibocher. Cet affrontement intime, vif et parfois cruel où ils exposent leur différente vision du monde, se veut à l’évidence symbolique des dérives de l’Europe et des rapports entre les membres de la communauté.  

    L’idée est intéressante. Dommage pourtant que les chamailleries familiales et accessoirement les retrouvailles entre les deux ex-amantes l’emportent, voire parasitent la satire inaugurale et la dénonciation d’hypocrites leaders européens se bouchant cyniquement les yeux et les oreilles face au sort des exilés. Auxquels l’œuvre, n’évitant pas toujours le cliché et le convenu, n’accorde finalement pas toute la place qu’ils méritent. 

    A l'affiche mercredi 21 septembre dans les salles de Suisse romande.

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  • Grand écran: "Moonage Daydream", une plongée fascinante dans le monde, la musique et l'art de David Bowie, le charismatique génie anglais

    Oubliez le biopic classique, linéaire, les commentaires off.  La seule voix ou presque qu’on entend, est celle du héros dans Moonage Daydream. Consacrée à David Bowie, l’œuvre en forme d’odyssée cinématographique nous immerge pendant 2h20 dans le monde, l’art et la musique du génie anglais.

    Né à Londres en 1947,  icône pop hors norme assumant sa bisexualité, transformiste génial et ambigu aux mille visages, créateur en 1972 de Ziggy Stardust, son célèbre double aux cheveux orange, aux tenues futuristes et androgynes, il a influencé la culture depuis plus de 50 ans. Il continue depuis sa mort le 10 janvier 2016, à 69 ans, et le fera bien au-delà.

    Le film qui lui rend un hommage captivant, est signé de l’Américain Brett Morgen, auteur de l’excellent opus sur Kurt Cobain. C’est le premier réalisateur, apprend-on, qui fut autorisé par les légataires de Bowie à ouvrir les millions d’archives, dont des dessins rares des carnets, des enregistrements. Un travail gigantesque pour un métrage qui lui a pris cinq ans, dont la sortie a été retardée par sa crise cardiaque et la pandémie de Covid.

    Tout commence dans l’espace

    Ce documentaire dont Morgen fait anarchiquement exploser le cadre même s’il suit peu ou prou chronologiquement la carrière de son cultissime protagoniste, commence dans l’espace. Il fait ainsi écho à sn look d’extraterrestre et à ses chansons cosmiques comme Space Oddity, ou Life on Mars?

    S’intéressant particulièrement au côté précurseur de Bowie, Morgen met en évidence ses délirantes performances, ses concerts hallucinants, ses apparitions acérées à la télévision, son talent de peintre expressionniste. Admirateur inconditionnel de son étoile, il sait toutefois ne pas tomber dans l’hagiographie, évitant de passer sous silence ses addictions en montrant son visage creusé et ses reniflements caractéristiques.

    Foisonnant de musique, de couleurs, d’images, d’interviews, cet opus éclaté va sans évidemment fasciner les fans du charismatique artiste pluriel. Mais également celles et ceux qui le sont moins, leur donnant peut-être même très envie de réécouter les albums de la mythique star britannique. Et pourquoi pas celui dont est tirée "Moonage Daydream"?,
     
    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 14 septembre.   

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