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Grand écran: Billie Holiday, icône persécutée. Avec une magnifique Andra Day

Née Eleonora Fagan à Philadelphie en 1915, Billie Holiday a eu une vie fascinante et tragique, à la fois jalonnée de rencontres musicales au sommet et marquée par la misère, le viol, l’addiction à la drogue, des maris brutaux, des relations toxiques. Et surtout par la ségrégation qui a fini par lui être aussi fatale que l’alcool.  

Tout en évoquant la carrière et la vie privée chaotique de «Lady Day», star de tous les excès, sulfureuse croqueuse d’hommes et de femmes, Lee Daniels se focalise, dans The United States vs Billie Holiday sur ses gros démêlés avec le gouvernement américain. Jusque sur son lit de mort en 1959, la légende du jazz vocal au timbre unique a été la cible du Bureau fédéral des narcotiques (FBN), en raison de sa célèbre chanson «Strange Fruit», interprétée vingt ans auparavant au Café Society de New York. Première véritable «protest song» ce déchirant réquisitoire qui se démarque de son répertoire habituel, dénonce le lynchage des Noirs dans le Sud des Etats-Unis, fruits étranges pendus aux arbres de Géorgie et d’Alabama.

Agent black infiltré

Déterminé à la museler, le FBN s’acharne sur Billie et tente de la faire tomber pour consommation abusive de stupéfiants. Dans le but de la prendre en flagrant délit, il infiltre l’agent black Jimmy Fletcher, (Trevante Rhodes, héros de «Moonlight») dans son cercle intime. Mais il en tombe amoureux et se retourne contre sa hiérarchie. «Elle a réussi parce qu’elle est forte, belle … et noire, ce que vous ne pouvez pas supporter», dira-t-il à son chef Harry Ansliger (Garrett Hedlung), obsédé par la diva et son tube polémique.   

En plein mouvement de Black Lives Matter, Lee Daniels notamment auteur de Precious et Le Majordome nous plonge dans l’ambiance enfumée et enivrante des clubs de jazz new-yorkais de l’époque dont Billie est devenue la reine, entretenant avec son public une relation fusionnelle. II brosse un portrait émouvant et sans concession de l’icône complexe, envoûtante, à la voix magique et à l’extraordinaire charisme, inéluctablement rattrapée par ses démons et la défonce.

 Incarnation magistrale d’Andra Day

The United States vs Billie Holiday doit beaucoup, sinon presque tout à la chanteuse Andra Day, qui trouve là son premier grand rôle. Elle a dû se faire violence, perdre du poids , apprendre à fumer, à boire, à jurer, pour se glisser dans la peau de Billie à qui elle prête son corps et sa voix. Evitant l’imitation, elle livre une performance magistrale qui lui a valu le Golden Globe de la meilleure actrice.  

Si Lee Daniels se démarque avec bonheur du biopic traditionnel, on peut toutefois lui reprocher un usage excessif de flashbacks parfois déroutants et un traitement en surface du contexte ségrégationniste dont fut victime son héroïne. Des réserves  mineures en regard de l’hommage rendu à la pionnière du mouvement actuel des droits civiques. Billie n’a cessé de se battre, de défier l’autorité malgré les menaces, en faisant résonner «Strange Fruit», sacrée chanson du siècle par Time magazine en 1999. Et pourtant. Alors que le film note en ouverture qu’une loi  anti-lynchage a été rejetée en 1937, il se termine en précisant qu’elle n’était toujours pas passée en février 2020!

A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 30 juin..

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